Le génie des mesureurs d’eau de la foggara du Touat : la sauvegarde du patrimoine vivant pour la durabilité des ressources hydriques
Eléments spécifiques à la foggara, système hydraulique ancestral des oasis du Touat, Gourara et Tidikelt, les savoirs et savoir-faire traditionnels des mesureurs d’eau ou kayalin al-ma’ figurent sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente depuis 2018. Cet ensemble de connaissances vernaculaires repose sur des techniques, des calculs et des outils, notamment des peignes répartiteurs servant à déterminer avec précision les parts d’eau individuelles de chaque bénéficiaire. Un « corpus oral » très ancien qui continue à ce jour de susciter l’admiration des ingénieurs et des scientifiques.
La viabilité et la transmission de ce patrimoine saharien de l’eau sont menacées par différents facteurs au premier rang desquels le manque de renouvellement des détenteurs de savoirs et des praticiens dont le nombre ne cesse de diminuer. En dépit de ce constat, le kayal al-ma’ jouit encore aujourd’hui d’un statut et d’un rôle particuliers au sein des communautés oasiennes et ksouriennes de la région.
Cette journée d’étude, organisée dans le cadre de la campagne des célébrations de la journée internationale du patrimoine culturel immatériel 2025, servira de plateforme de discussion, de partage et de sensibilisation pour (i) informer et former au besoin les entités, structures et acteurs engagés sur le terrain (administration, collectivités, chercheurs, conservateurs, société civile, détenteurs et praticiens…) et (ii) encourager les nouvelles formes de sauvegarde qui renforcent l’approche communautaire participative, avec une mobilisation plus large des communautés.
Cette nouvelle initiative locale confirme la tendance perceptible chez les acteurs locaux à s’organiser davantage et à se structurer pour pouvoir assurer la transmission des savoirs et savoir-faire. Preuve en est, un jeune kayal al-ma’ formé à ce métier dans l’oasis de Bouda, wilaya d’Adrar, ce qui constitue un début de relève pour la commune, et l’intérêt croissant au sein de l’université d’Adrar pour les travaux de recherche sur ce patrimoine séculier.
Objectifs
- Promouvoir le système ingénieux de la foggara comme modèle éprouvé et réussi de gestion durable de l’eau dans les environnements arides ;
- Explorer les possibilités de son développement futur et de son intégration dans les politiques locales et territoriales de développement et de sauvegarde du patrimoine ;
- Ressortir avec des recommandations scientifiques et pratiques détaillées en rapport avec les plans de réhabilitation et de valorisation de la foggara, conférant au métier de kayal al-ma’ un statut socio-professionnel ;
- Créer une plateforme d’échange et de mise en réseau entre les chercheurs, les autorités locales, les associations représentant les communautés (les usagers) et les institutions concernées.
Participants
- Chercheurs, universitaires et étudiants
- Acteurs institutionnels : représentants des secteurs des ressources en eau, de l’agriculture, de la culture, du tourisme et de l’environnement
- Acteurs associatifs : association wilayale (départementale) de la foggara
- Communautés locales : membres de la djemââ (organe de gestion), experts traditionnels de la foggara, agriculteurs et associations de sauvegarde des oasis
Programme
Le lundi 27 octobre 2025 à la Faculté des sciences et technologies, Université Ahmed Draïa, Adrar.
Déroulé :
- Mots du Doyen de la faculté des sciences et technologie, suivi du Président de l’évènement puis du Recteur de l’université d’Adrar, ouverture officielle de la journée.
- Les mécanismes de distribution de l’eau de la foggara, Dr Abdellah Smailli, Chef des associations des foggaras de la wilaya d’Adrar.
- La foggara : de la gestion de l’eau à l’édification de la société, Pr. Abdelkrim Ben Khaled, département de sociologie, université d’Adrar.
- L’art du partage de l’eau de la foggara : approche hydraulique de la propriété collective des ressources en eau, Dr Youcef Boutadara, département de génie civil, université d’Adrar.
- Le système traditionnel d’irrigation de la foggara : nécessité d’une synergie renforcée dans la sauvegarde de ce patrimoine culturel matériel et immatériel, Dr Lamia Messili.
- Séance appliquée de kayl al-ma’ sur site dans les oasis de Bouda, animée par M. Ahmed Ghanemi, jeune kayal al-ma’, Adrar.
- Séance de clôture, synthèse des débats et formulation de recommandations.
