Décision du Comité intergouvernemental : 19.COM 7.B.9

Le Comité

  1. Prend note que la Suède et la Norvège ont proposé la candidature de l’estivage dans un fäbod et seter : connaissances, traditions et pratiques liées au pâturage des terres reculées et à la production alimentaire artisanale (n 02109) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

En Suède et en Norvège, l’estivage désigne la pratique consistant à déplacer le bétail vers des terres reculées à la fin du printemps. Elle suppose certaines connaissances relatives à l’élevage et à la garde des troupeaux, à la production laitière, à la gestion des terres et à l’artisanat. Elle implique également des appels de troupeaux, des chants, des contes et des rituels. Les pratiques et les expressions de l’estivage ont inspiré la littérature et les arts visuels et du spectacle. Les fermes d’estivage peuvent être privées ou gérées collectivement, et certaines organisent un tourisme durable et vendent des produits laitiers. À la fin de la saison, les personnes et les animaux retournent à leur propriété. Traditionnellement, les laitiers étaient les principaux praticiens de l’estivage. Aujourd’hui, toute la famille séjourne souvent à la ferme d’estivage et travaille ensemble à son entretien. Les connaissances et les compétences correspondantes sont transmises au sein des familles ou par des agriculteurs expérimentés aux nouveaux venus, notamment par le biais de formations. Les lycées et les écoles d’agriculture locaux dispensent une formation formelle, notamment dans le domaine de l’artisanat et des contes traditionnels. La pratique est également transmise par le biais d’excursions, de camps d’été et d’écoles. En plus d’être une source de revenus modeste, l’estivage contribue au bien-être des personnes et des animaux, à la production de produits alimentaires de qualité et à la biodiversité. C’est une source de fierté qui procure un sentiment de continuité et d’identité à de nombreuses sociétés scandinaves.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Traditionnellement, les laitiers étaient les principaux praticiens de l’estivage, mais cette pratique a évolué au fil du temps pour inclure l’ensemble de la famille, qui reste souvent à la ferme d’été et travaille ensemble à son entretien. Les connaissances et les compétences correspondantes sont transmises au sein des familles ou par des agriculteurs expérimentés aux nouvelles pratiquants, notamment par le biais de formation. La pratique est également transmise par le biais d’excursions, de camps d’été et d’écoles. En plus d’être une source de revenus modeste, l’estivage contribue au bien-être des personnes et des animaux, à la production de produits alimentaires de qualité et à la biodiversité.

R.2 :  L’élément contribue à la sécurité alimentaire par la fourniture d’aliments de base produits localement. L’estivage favorise également la santé et le bien-être des praticiens, y compris ceux des visiteurs de tous âges qui viennent séjourner dans les fermes et profiter de la nature. Les contes traditionnels qui accompagnent l’estivage favorisent la transmission de connaissances sur les pratiques durables et le respect des ressources naturelles, contribuant ainsi à la durabilité de l’environnement. L’élément favorise également l’égalité des genres, puisqu’il est pratiqué par des personnes de tous les genres. Historiquement, les femmes ont joué un rôle important dans l’agriculture d’été. De ce fait, la transmission de la connaissance de cet élément contribue à une meilleure compréhension de l’histoire des rôles de genre et des pratiques de genre contemporaines liées à cet élément. Les praticiens collaborent avec les acteurs de l’éducation formelle pour offrir des cours pratiques et théoriques aux enfants et aux adultes.

R.3 :  La viabilité de l’estivage est soutenue par des subventions régionales et nationales et par des organisations d’agriculteurs. La collaboration avec les communautés locales et la capacité des agriculteurs à s’adapter à l’évolution de la société, du climat et de l’environnement ont également contribué à la viabilité de l’élément. Dans les deux pays, les ONG nationales collaborent avec les organisations nationales d’agriculteurs et les autorités pour améliorer les conditions économiques de l’estivage. Elles publient des revues et collaborent avec d’autres ONG pour organiser des réunions annuelles, des cours et communiquer avec les médias. En Suède, en 2022, la collaboration entre les agriculteurs d’été, les éleveurs musiciens et les artisans a débouché sur un projet de sensibilisation avec des événements publics dans les fermes d’été. En Norvège, des ONG nationales aident les praticiens au niveau individuel ainsi qu’en développant un réseau numérique de fermes d’été accessibles aux visiteurs. Les ONG nationales collaborent également à différentes activités, notamment par le biais de groupes de travail chargés de planifier et de promouvoir les cours et de diffuser les connaissances. Les États soumissionnaires ont planifié de futures mesures de sauvegarde communes, notamment des festivals, l’échange de bonnes pratiques, la coopération avec les musées, l’aide aux praticiens pour l’entretien des enclos, ainsi que des activités de sensibilisation et de vulgarisation.

R.4 :  En 2008, des représentants d’organisations d’estivage en Suède et en Norvège ont commencé à étudier la possibilité de sauvegarder l’élément dans le cadre de la Convention de 2003. En 2018, l’Association norvégienne des fermes d’été et l’Association suédoise pour la transhumance et le pastoralisme ont donné leur consentement pour poursuivre le processus de candidature. Plusieurs praticiens ont participé au processus, et les informations diffusées par les médias ont atteint une grande partie du grand public. Des réunions nationales et régionales et des manifestations publiques ont été organisées afin de recueillir les avis, les suggestions et la documentation des praticiens. La collaboration officielle entre la Suède et la Norvège en vue de l’élaboration d’une candidature conjointe a débuté en 2021, avec un groupe de travail composé de praticiens, de représentants d’ONG et de consultants. La rédaction du dossier de candidature a débuté en 2022. Des réunions régulières ont été organisées avec des praticiens et des experts lorsque cela s’avérait nécessaire. Le dossier de candidature comprend une liste des nombreuses ONG et organisations impliquées dans la sauvegarde de l’élément.

R.5 :  L’élément a été répertorié dans les inventaires nationaux de la Suède et de la Norvège en 2015 et 2017 respectivement. La Suède et la Norvège ont toutes deux fourni une documentation détaillée sur l’inventaire dans leurs rapports périodiques. Les agences responsables de la tenue des inventaires sont respectivement l’Institut de la langue et du folklore et Arts et culture Norvège. Les informations relatives aux processus d’inventaire et à la périodicité de la mise à jour des inventaires sont incluses dans les rapports périodiques soumis par les deux États parties en 2021.

  1. Décide d’inscrire l’estivage dans un fäbod et seter : connaissances, traditions et pratiques liées au pâturage des terres reculées et à la production alimentaire artisanale sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les États parties pour leur dossier bien préparé qui comprend une forte participation des communautés, groupes et individus dans l’ensemble du processus de candidature, ainsi qu’une vidéo complémentaire excellente.

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