Le Comité
- Prend note que la Mauritanie a proposé la candidature de la Mahadra, système communautaire de transmission des savoirs traditionnels et des expressions orales (n 01960) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
La Mahadra, parfois appelée « l’université du désert », est un cadre au sein des communautés d’éducation et de socialisation dans lequel les connaissances traditionnelles et les expressions littéraires sont transmises, principalement par le biais de l’écoute et de la mémorisation. Vieille de plusieurs siècles, elle est devenue un élément essentiel de la société mauritanienne et a permis la reproduction, la recréation et la pérennisation de la culture populaire mauritanienne. Les leçons se déroulent sous une tente, recouverte de nattes ou de tapis et de coussins au sol. La Mahadra est ouverte et accessible à tous, sans distinction de genre, d’âge ou de milieu social. Les thèmes abordés sont la langue et la littérature traditionnelle, les sciences religieuses et le soufisme. Les élèves acquièrent également des connaissances sur la nature et l’univers, notamment sur la pluie, le désert, les plantes médicinales, les empreintes d’animaux et les étoiles comme moyen de navigation. Système de transmission à part entière, la Mahadra se caractérise par l’engagement et la confiance de la communauté et repose sur un contrat moral et social entre les enseignants et leurs élèves. Ancrée dans la société mauritanienne et basée sur la communication orale, elle est une forme d’expression qui favorise la socialisation, la communication, l’intégration et la cohésion sociale. Elle est aussi intimement liée à la transmission de la poésie et des récits mauritaniens, procurant aux communautés concernées un sentiment de pérennité, d’appartenance et d’identité culturelle partagée.
- Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.2 : La popularité de l’élément et son intersection avec d’autres expressions du patrimoine vivant en Mauritanie contribueraient à accroître la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général. Cela encouragerait également d’autres communautés de détenteurs à se concentrer davantage sur la sauvegarde de leur patrimoine vivant. Au niveau national, les événements célébrant l’inscription donneront l’occasion aux associations, aux détenteurs et aux praticiens du patrimoine culturel immatériel de se rencontrer, de présenter leurs éléments et de discuter de leurs expériences en matière de sauvegarde. Au niveau international, les communautés prendraient conscience de l’importance des espaces traditionnels dans la pratique du patrimoine culturel immatériel, renouvelant l’intérêt du public pour les structures associées et la nécessité de les intégrer dans les projets de sauvegarde. L’inscription reconnaîtrait également les valeurs de dialogue, d’échange et de solidarité de la Mahadra, tout en encourageant le respect de la diversité culturelle.
R.3 : La viabilité de l’élément est préservée par sa pratique et sa transmission, un grand nombre de Mahadras actuelles ayant été créées au cours des trois dernières décennies grâce aux efforts des communautés, des groupes et des individus. Les communautés, groupes et individus concernés ont apporté une aide financière et logistique et ont largement utilisé l’élément comme moyen d’apprentissage et de transmission des connaissances traditionnelles et des expressions orales. L’État apporte un soutien financier et logistique à l’élément. Les mesures de sauvegarde proposées comprennent des actions de transmission, de documentation, de recherche, de soutien financier, de sensibilisation, de promotion et d’amélioration. Le dossier explique que les parties prenantes, y compris les érudits et les cheikhs, ont participé à l’identification des mesures de sauvegarde et seront impliquées dans leur mise en œuvre.
R.4 : Le dossier démontre la participation des communautés concernées au processus de candidature à travers les différentes réunions et événements qui ont eu lieu depuis 2016. Le dossier décrit le processus d’élaboration du dossier de candidature et souligne que tout a été mis en œuvre pour assurer la participation des parties prenantes. Des lettres attestant du consentement libre, préalable et éclairé de plusieurs Mahadras à cette candidature sont jointes en annexe.
R.5 : L’élément a été inscrit au Registre national du patrimoine culturel immatériel le 10 mars 2022. Cet inventaire est tenu à jour par le Département des affaires islamiques et de l’éducation formelle et par la Conservation nationale du patrimoine. Le Ministère de la Culture, par l’intermédiaire de la Conservation nationale du patrimoine, a effectué un travail de terrain dans tout le pays, identifiant l’élément avec la participation des communautés, des groupes et des individus concernés. Toutes les parties concernées (y compris les cheikhs, les apprenants et la population en général) ont participé à l’identification et à la définition de l’élément. L’inventaire est mis à jour tous les quatre ans et la prochaine mise à jour est prévue pour 2024.
- Considère en outre que, d’après les informations contenues dans le dossier et fournies par l’État soumissionnaire dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait au critère suivant d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.1: La Mahadra est un cadre au sein des communautés traditionnel d’éducation et de socialisation. Il s’agit d’une des grandes particularités de la société mauritanienne, à travers lesquelles se transmet la culture populaire mauritanienne. Elle offre un cadre de communication libre, favorisant l’harmonie entre l’individu et son environnement social et naturel, par le partage et l’échange. La Mahadra est ouverte et disponible pour tous, indépendamment du genre, de l’âge ou du milieu social. L’implication des femmes dans l’élément est forte. Les détenteurs et les praticiens comprennent les apprenants de tous les groupes sociaux, les Cheikhs ou les enseignants qui dispensent l’enseignement, et les parties prenantes administratives qui gèrent la Mahadra. Dans ce cadre physique et social créé par les communautés elles-mêmes, les connaissances et les compétences sont transmises et perpétuées culturellement, par l’apprentissage et l’expérimentation. Le système existe en complément du système scolaire moderne. Ses fonctions sociales consistent à fournir un espace de socialisation, à favoriser la communication entre les communautés et à promouvoir la cohésion sociale.
- Décide d’inscrire la Mahadra, système communautaire de transmission des savoirs traditionnels et des expressions orales sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Félicite l’État partie pour la soumission de ce dossier révisé suite à la décision du Comité de renvoyer la version précédente du dossier en 2021.