Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.B.33

Le Comité

  1. Prend note que l’Indonésie a proposé la candidature de la culture du bien-être lié au jamu (n  01972) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le jamu est un remède à base de plantes utilisé en Indonésie depuis le huitième siècle. Il repose sur la croyance selon laquelle les maladies chaudes doivent être guéries par des remèdes de nature froide et inversement, l’équilibre entre les éléments chauds et froids du corps garantissant une bonne santé. Les couleurs et les formes des plantes sont également associées aux couleurs et aux formes des organes qu’elles doivent traiter. Le jamu vise à renforcer l’immunité et à préserver la santé. Les détenteurs et les praticiens sont les fabricants de jamu et les individus qui élaborent, distribuent, cultivent et consomment les ingrédients. Le jamu est consommé à tout âge et, s’il peut être fabriqué par tout un chacun, il est surtout préparé par les femmes, à partir d’herbes et d’épices souvent plantées par les fabricants eux-mêmes, qui adaptent les recettes à l’âge, au mode de vie et aux problèmes de santé des consommateurs. La pratique se transmet de manière informelle, généralement au sein des familles et entre voisins, bien que certains praticiens soient autodidactes. Le jamu est également enseigné dans les universités. Il est associé au respect de la confidentialité et à la confiance, et sa pratique est considérée comme un moyen de renforcer les liens sociaux.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Les détenteurs et les praticiens du jamu sont les femmes au foyer, les fabricants de jamu, les distributeurs de jamu, les agriculteurs qui cultivent les ingrédients du jamu, les experts, les chercheurs et les personnes qui utilisent le jamu. Le jamu est préparé à partir d’herbes et d’épices, cultivées par les fabricants ou achetées sur les marchés. Il est adapté à chaque personne, en fonction de son état de santé et de son mode de vie. Les connaissances et les savoir-faire liées au jamu sont transmis de manière informelle au sein des familles. Le jamu est également enseigné dans les universités, notamment dans les écoles de pharmacie. Cet élément encourage les interactions quotidiennes entre les praticiens et leurs clients, et leur donne un sentiment de continuité tout en favorisant l’harmonie au sein de la communauté. La nature de l’élément contribue à la diversité de l’expression culturelle et au dialogue entre les communautés concernées.

R.2 :  L’inscription de la culture du bien-être lié au jamu favoriserait la visibilité et la sensibilité au patrimoine culturel immatériel en général et du jamu en particulier, grâce à l’attention accrue sur les réseaux sociaux. Elle permettrait également de mieux faire connaître le lien entre patrimoine culturel immatériel et santé, notamment à la suite de la pandémie de COVID-19. Les détenteurs seraient plus enthousiastes à l’idée de sauvegarder et de développer la culture du bien-être lié au jamu, qui serait davantage abordée sur les réseaux sociaux et sur Internet. L’inscription permettrait également de réjouir les personnes qui utilisent le jamu à l’étranger. Les échanges entre les praticiens s’intensifieraient après l’inscription, tant au niveau individuel qu’entre les associations et les coopératives.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles comprennent la création d’associations, la création d’un site Internet, « Jamupedia », l’organisation d’événements à propos du jamu et la promotion de publications et de recherches universitaires. L’État partie, ainsi qu’un ensemble d’organisations gouvernementales, ont fourni une formation et des conseils aux artisans et aux distributeurs de jamu, mis des salles de réunion à disposition des communautés, facilité la création de jardins pour cultiver les ingrédients du jamu, organisé des événements, construit des marchés et érigé des statues dans le but de préserver la pratique. Les mesures de sauvegarde proposées comprennent la préparation de supports pédagogiques, y compris pour les programmes scolaires, l’organisation de formations de base sur la fabrication du jamu, la revitalisation de la fonction sociale du jamu dans la société, la promotion par les autorités locales, le soutien aux concours de jamu et les efforts de sauvegarde d’un point de vue scientifique. Les communautés ont pu identifier les mesures de sauvegardes proposées à l’aide d’un questionnaire. L’approche utilisée par l’État pour le processus de candidature a permis d’impliquer les communautés et les autres parties prenantes dans le processus de planification.

R.4 :  Le formulaire de candidature et ses instructions ont d’abord été traduits en indonésien pour s’assurer que la communauté pratiquant le jamu en comprenait le contenu et était en mesure d’apporter sa contribution. Le formulaire a été analysé par rapport à la culture du bien-être lié au jamu et un questionnaire de quarante-deux questions a été élaboré pour la communauté. En janvier 2022, une audience publique a été organisée en ligne pour présenter le dossier de candidature, basé sur les contributions de la communauté, et pour poser des questions. Cette audience a rassemblé 162 participants, dont 141 ont soutenu la candidature. Une fois le formulaire de candidature rempli, l’élément a été photographié et filmé, puis une séance de vérification a été organisée, sous le regard de représentants de la communauté et d’experts. Les lettres de consentement et la vidéo annexée prouvent amplement le consentement libre, préalable et éclairé relatif à la candidature, ainsi que la clarté du rôle des communautés.

R.5 :  Le jamu figure depuis 2019 à « l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel », dont la responsabilité incombe à la Direction de la sauvegarde de la culture, Direction générale de la culture, Ministère de l’éducation, de la culture, de la recherche et de la technologie de la République d’Indonésie. Les communautés préparent un formulaire qui est vérifié par le Comité national du patrimoine culturel immatériel, puis inscrit à l’inventaire par décret du ministre de l’éducation, de la culture, de la recherche et de la technologie. Depuis 2018, le jamu est également répertorié sur le site Internet « Jamupedia », qui compile des articles, des vidéos et des photos fournis par les membres de la communauté. La mise à jour du site internet Jamupedia peut avoir lieu à tout moment, lorsque des membres de la communauté ou une personne du grand public envoient des informations, et a lieu presque tous les deux jours.

  1. Décide d’inscrire la culture du bien-être lié au jamu sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie d’avoir encouragé un engagement fort de la communauté dans le processus de candidature.

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