Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.B.14

Le Comité

  1. Prend note que l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie ont proposé la candidature des savoirs, savoir-faire et pratiques liés à la production et à la consommation du couscous (n  01602) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Les savoirs, savoir-faire et pratiques liés à la production et à la consommation du couscous regroupent le mode de préparation, les conditions et outils nécessaires à la fabrication, les artefacts associés et les circonstances de la consommation du couscous au sein des communautés concernées. La préparation du couscous est un processus cérémoniel impliquant différentes opérations. Tout commence par la céréaliculture, la moulure des graines pour obtenir une semoule qui sera roulée puis cuite après avoir été passée à la vapeur. Ces pratiques sont associées à un ensemble d’outils, instruments et ustensiles exclusifs. Ce plat est accompagné d’adjuvants végétaux divers et de différentes viandes en fonction du territoire, de la saison et des circonstances. De nos jours, comme autrefois, les méthodes de préparation du couscous constituent une somme de savoirs et savoir-faire qui se transmettent de façon non formelle par l’observation et la reproduction. Pour la fabrication des ustensiles, ceux en argile sont réalisés par des potières et ceux en bois sont produits par des coopératives ou manufactures artisanales, souvent familiales. Depuis quelques décennies la transmission formelle se développe au-delà du cercle familial et du foyer. Les aspects non culinaires de l’élément, à savoir les rites, les expressions orales et certaines pratiques sociales, sont également transmis par les détenteurs. Le couscous est un mets qui compte un répertoire de symboliques, de significations, de dimensions sociales et culturelles toutes liées à la solidarité, à la convivialité, au partage et au vivre-ensemble.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  La description de l’élément est claire et cohérente, elle prend en compte les aspects allant du processus de préparation aux conditions de fabrication et aux outils, objets associés et pratiques de consommation. Le dossier décrit les différentes variétés de l’élément, le processus et le contexte correspondants, les détails historiques ainsi que son caractère dynamique et son évolution. L’ensemble des détenteurs et praticiens impliqués sont identifiés de façon structurée et compréhensible tout en prenant en compte le rôle spécifique des femmes dans le cadre de la pratique de l’élément et en expliquant de manière concise les diverses formes d’implication. La description identifie également les pratiques traditionnelles et évolutives ainsi que les différents modes et contextes de transmission de l’élément. Le dossier évoque les différentes fonctions sociales et significations culturelles de la pratique du patrimoine vivant en lien avec le couscous, décrit à la fois comme « ordinaire » et « spécial ». La candidature identifie également les différentes façons dont la pratique respecte le développement durable.

R.2 :  La description précise fournie dans le dossier explique en détails la façon dont l’inscription de l’élément pourrait contribuer à : assurer la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général ; sensibiliser les individus à son importance aux échelles locale, nationale et internationale ; encourager le dialogue ; et promouvoir le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine. L’inscription de l’élément pourrait encourager l’émergence d’une réflexion sur les pratiques quotidiennes d’alimentation et de réunion en tant qu’expressions du patrimoine vivant ; de telles pratiques mettent en lumière les relations entre différents domaines du patrimoine culturel immatériel, encouragent les échanges, le partage, la solidarité et la coexistence harmonieuse.

R.3 :  La viabilité de l’élément a été assurée par les communautés concernées car les familles continuent encore à faire du couscous un élément essentiel de leurs pratiques quotidiennes et de leur mode de vie. En dehors de la cellule familiale, les restaurants, les hôtels et les institutions officielles affichent le couscous dans leurs menus. Les États parties soutiennent de telles activités de différentes façons : aide financière, soutien à des associations, organisation de festivals et d’activités de sensibilisation, entre autres. Les États parties ont prévu des mesures de sauvegarde communes, notamment par : 1) L’organisation régulière de rencontres, de festivals, d’ateliers d’expositions ; 2) la production commune de documentaires audiovisuels de sensibilisation et d’édition de livres à propos des savoirs, des savoir-faire et des pratiques liés au couscous ; et 3) la mise en place d’un comité permanent qui se réunira de façon régulière, pour discuter des retombées de l’inscription et gérer ses possibles effets. En plus de ces mesures de sauvegarde communes, chaque État a présenté d’autres mesures qui lui sont personnelles. Les mesures de sauvegarde proposées à l’échelle internationale sont relativement générales par rapport à celles qui seront mises en œuvre par chaque pays. Les preuves de l’implication régulière des organisations non gouvernementales et des associations pertinentes sont suffisantes.

R.4 :  Au sein des quatre pays soumissionnaires, les parties prenantes de la société civile ont été les premières à exprimer activement leur désir de proposer la candidature de l’élément pour inscription à la Liste représentative à la fois en tant qu’art culinaire et en tant qu’ensemble de traditions sociales et culturelles. Elles ont ainsi été impliquées au processus de candidature car elles sont convaincues que cette pratique contribue grandement à la construction de leur identité. Le dossier indique les différentes échelles et dynamiques de participation et démontre un processus plutôt étroit et vertical dans certains cas et une stratégie participative plus complexe dans d’autres, avec l’implication de nombreuses parties prenantes ainsi que d’un comité de travail multidisciplinaire.

R.5 :  L’élément a été inclus dans un inventaire du patrimoine culturel immatériel dans les quatre États soumissionnaires. Les inventaires et documents relatifs aux aspects culturels en lien avec le couscous ont tous été produits à différents niveaux : les organisations non gouvernementales nationales œuvrant dans le domaine du patrimoine culinaire et gastronomique ont grandement contribué à développer la base de données en fournissant de précieuses informations, non seulement sur les différentes façons de préparer le couscous traditionnel mais également sur ses dimensions symboliques et sociales. Les inventaires ont été réalisés en 2018 et 2019 avec la participation des communautés locales et avec le soutien d’experts et de chercheurs.

  1. Décide d’inscrire les savoirs, savoir-faire et pratiques liés à la production et à la consommation du couscous à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;

  2. Félicite les États parties pour ce dossier bien préparé qui montre bien dans quelle mesure l’inscription d’un élément sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité peut contribuer à la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général et favoriser une prise de conscience de son importance ;

  3. Invite les États parties à souligner l’importance du rôle que jouent les femmes dans chacun des pays, notamment par le biais d’associations de femmes, de coopératives et d’associations locales, dans l’ensemble des processus participatifs et des mesures de sauvegarde ;

  4. Rappelle aux États parties que la mise à jour est un aspect important du processus d’élaboration des inventaires et les invite en outre à inclure, dans leur prochain rapport périodique sur la mise en œuvre de la Convention au niveau national, des informations détaillées sur la périodicité de la mise à jour des inventaires nationaux en Algérie, au Maroc, en Mauritanie et en Tunisie, conformément à l’article 12.1 de la Convention.

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