Décision du Comité intergouvernemental : 12.COM 11.b.12

Le Comité

  1. Prend note que l’Inde a proposé la candidature de la Kumbh Mela (n  01258) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La Kumbh Mela (fête de la jarre sacrée) est le plus grand rassemblement pacifique de pèlerins au monde. Les participants viennent se baigner ou s’immerger dans une rivière sacrée. Les croyants lavent leurs péchés et espèrent se libérer du cycle sans fin des réincarnations en se baignant dans le Gange. Des millions de personnes s’y rendent sans invitation. Ascètes, hommes saints, sadhus, aspirants kalpavasis et visiteurs s’y rassemblent. Le festival se déroule tous les quatre ans, à tour de rôle à Allahabad, Haridwar, Ujjain et Nashik. Des millions de personnes s’y rendent, indépendamment de leur caste, leurs croyances ou leur genre. Ses principaux détenteurs appartiennent toutefois à des akhadas et ashrams, organisations religieuses, ou vivent d’aumônes. La Kumbh Mela joue un rôle spirituel central dans le pays. Elle exerce une influence magnétique sur les Indiens ordinaires. L’événement associe astronomie, astrologie, spiritualité, traditions rituelles, coutumes et pratiques culturelles et sociales, qui en font une manifestation riche en connaissances. Organisé dans quatre villes différentes en Inde, l’événement comporte différentes activités sociales et culturelles, ce qui en fait un festival varié sur le plan culturel. La transmission des connaissances et des savoir-faire liés à cette tradition est assurée par les anciens manuscrits religieux, les traditions orales, les récits des voyageurs et les textes écrits par d’éminents historiens. Toutefois, la relation élève-professeur des sadhus dans les ashrams et akhadas reste le plus important mode de transmission et de sauvegarde des connaissances et des savoir-faire liés à la Kumbh Mela.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  La Kumbh Mela, qui attire des millions de participants en quête de spiritualité et de visiteurs, représente un ensemble syncrétique de rituels liés au culte, ainsi que la purification rituelle dans les rivières sacrées d’Inde. Le dossier décrit l’élément comme un événement important dans la vie spirituelle des Hindous et des non-Hindous. Il s’agit d’un rituel social et d’un événement festif étroitement lié à la perception de la communauté vis-à-vis de son histoire et de sa mémoire ; le dossier offre une explication claire de la richesse et de la diversité culturelle de l’élément, ainsi que des rôles et des responsabilités des détenteurs. Les connaissances et les savoir-faire liés à l’élément sont transmis par le biais de la relation élève-professeur. L’élément est parfaitement conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme. En effet, des personnes de tous horizons, sans discrimination, participent au festival avec une même ferveur.

R.2 :  L’inscription de l’élément soulignerait sa contribution à la créativité et à la diversité culturelles, ainsi que ses valeurs de tolérance et d’apprentissage. L’élément incarne un vaste ensemble de connaissances, notamment la sagesse spirituelle et le savoir-faire lié à la nature et à l’univers. Étant donné que de nombreux pèlerins ont des origines, des croyances et des traditions différentes, l’inscription de l’élément favoriserait le respect du dialogue. Les valeurs qu’il véhicule, telles que la religiosité et le dialogue social, pourraient inspirer des événements similaires et des rassemblements. S’agissant d’un festival religieux, la tolérance et la nature inclusive de la Kumbh Mela sont très précieuses dans le monde moderne.

R.3 :  La viabilité de l’élément est principalement assurée par les hommes saints et les sadhus qui enseignent les rituels et les chants traditionnels à leurs disciples. Les autres mesures de sauvegarde se concentrent principalement sur l’organisation du festival et la gestion des contraintes associées, comme la gestion et le contrôle de la foule. L’État partie a établi un ensemble de mesures, mises en œuvre avec la participation et le soutien des communautés de détenteurs, du gouvernement et des organisations non gouvernementales, en deux phases. Les mesures à court terme incluent une bourse d’étude pour la recherche sur la Kumbh Mela, des ateliers et des campagnes, ainsi que le programme de diffusion du patrimoine culturel pour les écoles. Les mesures à moyen terme comprennent l’archivage numérique des rituels de tous les akhadas, le développement du tourisme culturel et la restauration des berges, essentiels pour sauvegarder l’espace culturel. Le gouvernement et les organisations non gouvernementales prennent en charge la logistique et les infrastructures, notamment la sécurité, l’hébergement, hospitalité, l’hygiène et le transport.

R.4 :  L’idée de présenter la candidature de l’élément est née au sein de la communauté de détenteurs. Elle a bénéficié du soutien des hommes saints des différents akhadas, des membres des fondations des temples, des organisations non gouvernementales, d’éminents universitaires et des représentants officiels de l’État partie dans le cadre de réunions organisées dans les villes où se déroulent les festivals. Les parties prenantes impliquées dans la gestion de la Kumbh Mela ont exprimé leur consentement libre, préalable et éclairé à la candidature.

R.5 :  La Kumbh Mela a été incluse dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel en 2016. La Sangeet Natak Akademi est le principal organisme culturel de l’Inde, chargé de la tenue de l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel. L’inventaire a été établi avec la participation active des communautés de détenteurs, qui ont été consultées à chaque étape du processus de candidature. L’inventaire est accessible via le lien vers le site Web fourni. Des mises à jour régulières sont prévues.

  1. Inscrit la Kumbh Mela sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Invite l’État partie à éviter d’utiliser certains termes et concepts inappropriés dans le cadre du patrimoine culturel immatériel, notamment « intact » et « forme la plus pure », qui vont à l’encontre de la recréation constante des traditions vivantes ;
  3. Encourage l’État partie à tenir compte, dans ses mesures de sauvegarde, des risques pour l’élément associés au tourisme et au nombre croissant de visiteurs, notamment des risques pour l’environnement ;
  4. Encourage en outre l’État partie à éviter, dans ses prochains dossiers de candidature, les lettres de consentement standard, en veillant à ce qu’elles soient aussi variées que possible.

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