Le Department of Culture – DoC (Département de la culture) du Ministère des sports, de la culture et des arts est l’organe compétent pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et collabore avec les National Museums of Kenya – NMK (Musées nationaux du Kenya) (par l’intermédiaire de son Unité de conservation de la forêt côtière) et avec la Commission nationale kenyane pour l’UNESCO. Le DoC travaille également avec certaines organisations non gouvernementales accréditées par l’UNESCO afin de sauvegarder le patrimoine culturel immatériel au niveau local, à savoir l’African Cultural Regeneration Institute – ACRI (Institut de régénération culturelle de l’Afrique), la Cultural Initiative for Biodiversity Conservation – CIBC (Initiative culturelle pour la conservation de la biodiversité) et le Maasai Cultural Heritage – MCH (Patrimoine culturel masaï).
La politique nationale en matière de culture et de patrimoine, qui a été approuvée en 2010 et est actuellement en cours de révision, formalise le rôle du patrimoine culturel immatériel dans le développement du pays. Elle oblige l’État à former et éduquer le personnel à certains aspects de la réalisation d’inventaires, à la recherche, à la documentation et à la sauvegarde. Elle demande par ailleurs à l’État d’améliorer, de soutenir et d’aider la promotion du patrimoine culturel immatériel du Kenya en assurant la promotion et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et en diffusant les connaissances le concernant. Le DoC élabore actuellement un cadre législatif pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel conforme à la Constitution du Kenya de 2010 qui stipule que ce cadre législatif doit être achevé avant la fin 2015.
L’Institute of Anthropology, Gender and African Studies - IAGAS (Institut d’anthropologie, du genre et des études africaines) de l’Université de Nairobi propose une formation à la gestion du patrimoine culturel immatériel, avec notamment des cours d’anthropologie et un diplôme de deuxième cycle en conservation et gestion du patrimoine et des collections des musées, ainsi que des programmes de doctorat. Une organisation non gouvernementale internationale dont le siège est au Kenya, le Centre for Heritage Development in Africa – CHDA (Centre pour le développement du patrimoine en Afrique) dispense également des formations et soutient des programmes destinés aux professionnels et aux institutions en charge de la gestion du patrimoine culturel. Elle a créé une unité de conservation et de gestion du patrimoine culturel immatériel afin de renforcer les capacités des communautés et des organisations.
Les principales institutions en charge de la documentation du patrimoine culturel immatériel au Kenya sont le DoC, les NMK, la Permanent Presidential Music Commission – PPMC (Commission présidentielle permanente à la musique) et les National Archives and Documentation Service – KNADS (Archives nationales et service de documentation). Conformément à la Constitution de 2010, ces archives doivent garantir un accès public à leurs informations.
En novembre 2008, le DoC a entrepris une enquête, en collaboration avec d’autres parties prenantes, pour identifier le patrimoine culturel immatériel dans l’ouest du Kenya. Les résultats de cette enquête ont jeté les bases de la réalisation de l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel par le DoC. Le principe de catégorisation est à la fois territorial et par communautés/groupes de détenteurs de tradition qui soumettent eux-mêmes directement une demande d’inventaire du patrimoine culturel immatériel de leur région. Les informations rassemblées sont soumises à un bureau national en charge de leur compilation dans l’Inventaire. Les critères d’inclusion des éléments du patrimoine culturel immatériel dans l’inventaire sont les suivants : l’élément satisfait à la définition du patrimoine culturel immatériel telle que stipulée dans les articles 2, 11, 12 et 13 de la Convention de 2003 ; il appartient à un ou plusieurs des cinq domaines du patrimoine culturel immatériel présentés dans la Convention ; il doit être reconnu par les communautés, les groupes et, dans certains cas, les individus comme faisant partie de leur patrimoine culturel ; la demande d’inclusion doit provenir de la communauté concernée et un consentement doit être donné ; l’élément doit procurer un sentiment d’identité et de continuité aux détenteurs ; et il doit être conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme, et à l’exigence de respect mutuel entre communautés, groupes et individus et d’un développement durable. S’agissant de la viabilité, un critère d’inclusion est que l’élément est viable (vivant, enraciné dans les traditions et constamment recréé). Les communautés participent à l’identification et définissent les éléments du patrimoine culturel immatériel à inclure dans l’inventaire par des enquêtes de terrain, des ateliers et des séminaires ainsi que des forums communautaires ouverts à tous.
Parmi les mesures destinées à assurer la reconnaissance, le respect et la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel, le Kenya a traduit la Convention de 2003 en kiswahili, permettant ainsi une plus grande diffusion des informations et une participation plus active à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Le premier atelier national des acteurs du patrimoine culturel immatériel s’est déroulé en 2008, il était consacré à la Convention et a réuni des participants issus des institutions gouvernementales, des instituts de recherche, des organisations non gouvernementales, des organisations de la société civile, du monde universitaire et des communautés. Depuis 2008, d’autres réunions de sensibilisation ont été organisées dans tout le pays avec les communautés concernées. Le Festival annuel culturel et musical du Kenya qui commence au niveau des comtés et se diffuse au niveau national est le programme phare du Kenya pour sensibiliser les populations au patrimoine culturel immatériel. Chaque année, à l’occasion de ce festival, les communautés présentent leurs cultures au grand public.
En ce qui concerne les moyens non-formels de transmission des connaissances, par deux fois en 2012, des élèves et étudiants du primaire et du secondaire se sont rendus pour une visite de terrain chez les Kayas. Le but était de susciter l’intérêt des jeunes et de promouvoir la transmission intergénérationnelle et la participation à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Le grand intérêt dont ont fait preuve les étudiants a beaucoup surpris les anciens des communautés kayas et les organisateurs de ces visites.
S’agissant de la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, en 2012, le DoC a organisé un atelier régional de deux jours destiné aux législateurs. Les Directeurs de la culture du Burundi, de Djibouti, d’Érythrée, du Rwanda, de Somalie, du Sud Soudan, d’Ouganda et du Kenya comptaient parmi les participants. L’un des objectifs de l’atelier était d’élaborer un plan d’action pour la mise en œuvre de la Convention en Afrique de l’est, à appliquer et à adapter selon les besoins des pays de la région. En 2011 et 2012, deux experts kenyans formés par l’UNESCO ont dirigé des ateliers de renforcement des capacités en Tanzanie sur certains aspects de la mise en œuvre de la Convention.
La préparation de ce rapport périodique a suivi une procédure rigoureuse qui a nécessité des consultations régulières avec les communautés, les groupes, les organisations non gouvernementales et autres qui ont pris part à la mise en œuvre de la Convention. Le DoC a organisé toute une série de réunions consultatives dans tout le pays avec les différents acteurs afin de partager des idées et des opinions et de rassembler des informations.