L’élaboration de la politique culturelle générale est confiée au Département de la culture et des arts du Ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Science. Le principal organe national en charge de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est le Centre du patrimoine culturel (CPC) du même Ministère, au sein duquel la Division de la protection du patrimoine culturel a été établie en 2008. Le Centre a débuté ses activités en tant qu’organisation non gouvernementale avant d’être intégré au sein du gouvernement en 2008. Cette unité est responsable au niveau national de : la sauvegarde, la promotion et la documentation (audio-vidéo) du patrimoine culturel immatériel ; l’identification et l’enregistrement des détenteurs de patrimoine culturel immatériel, l’aide accordée à ces derniers afin qu’ils transmettent leurs compétences et connaissances à la prochaine génération ; et l’établissement et le perfectionnement du système général d’inscription et de la base de données d’informations ainsi que de la gestion de son archivage. Le Comité national en charge de la sélection et de la désignation du patrimoine culturel immatériel et de ses détenteurs (2009) est l’organe qui traite des questions relatives à la recherche et l’identification des formes originales des éléments du patrimoine culturel immatériel présents sur le territoire de la Mongolie, de la reconnaissance officielle des détenteurs du patrimoine culturel immatériel et des mesures concernant la sauvegarde et la documentation.
L’Université d’état mongole de la culture et des arts dispense aux professionnels une formation dans les domaines des études culturelles, de l’administration culturelle et du patrimoine culturel au sein de l’Institut de recherche sur la culture et les arts et de l’École de musique et de danse. Entre autres activités, le Comité national du patrimoine culturel immatériel susmentionné soutient les détenteurs dans leur travail de transmission du patrimoine culturel immatériel. L’éducation au patrimoine et des activités de formation sont régulièrement organisées par le gouvernement et les organisations scientifiques au niveau national, régional et international.
En ce qui concerne la documentation du patrimoine culturel, l’organisation non gouvernementale qui a précédé le CPC, à savoir le Centre national du patrimoine culturel immatériel, a entrepris un projet sur « la documentation du patrimoine culturel immatériel de la Mongolie avec des enregistrements audio et vidéo ». Ce travail a jeté les bases de la création d’une base de données et d’archives du patrimoine culturel immatériel. Le Studio Tuguldur d’enregistrements audio et vidéo, une unité du CPC, a été créé en 2009. Il est en charge de documenter la musique, les chants et tout autre patrimoine culturel immatériel. Par ailleurs, il existe 30 organisations non gouvernementales et groupes de la société civile qui sont activement engagés dans la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel immatériel, la politique du gouvernement encourage d’ailleurs leur action. Ils participent également à la documentation du patrimoine culturel immatériel. En ce qui concerne l’accès public au matériel documentaire, le CPC publie des livres de référence, des catalogues, des bulletins saisonniers, des films documentaires et des vidéos de formation ; il les distribue aux personnes, organisations non gouvernementales, institutions culturelles et écoles intéressées. Le Centre a pour objectif la création d’une base de données dédiée au patrimoine culturel immatériel accessible en ligne.
L’inventaire du patrimoine culturel immatériel est dressé dans le cadre du Système général d’inscription et d’information du patrimoine culturel immatériel (auquel il est également fait référence sous le nom de Système d’inventaire du patrimoine culturel immatériel national) qui dépend du CPC. Le système est constitué de trois listes : (1) une Liste nationale représentative pour le patrimoine culturel (à laquelle s’ajoute une liste indicative d’éléments du patrimoine culturel immatériel à inclure ultérieurement dans la Liste nationale représentative) ; (2) une Liste nationale du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ; et (3) une Liste nationale des détenteurs désignés du patrimoine culturel immatériel possédant un haut niveau de compétences et de connaissances. Les éléments sélectionnés pour les deux premières listes doivent satisfaire aux critères suivants : (1) l’élément doit démontrer qu’il est une ressource précieuse pour sa communauté, son groupe ou les individus qui le pratiquent, et être reconnu comme faisant partie de leur patrimoine culturel, leur procurant un sentiment d’identité et de continuité, il doit être une source inestimable d’interaction et de partage avec les autres ; (2) l’élément doit conserver son authenticité et être rare et unique ; (3) dans la localité et la communauté, l’environnement doit être étroitement associé aux moyens de subsistance, au milieu et aux us et coutumes populaires traditionnels et il doit conserver leur caractère distinctif ; (4) l’élément doit démonter son importance pour la créativité humaine ; et (5) une attention particulière doit être accordée aux éléments menacés de disparition (ce dernier critère est tout particulièrement important pour la deuxième liste). Pour la liste des détenteurs de patrimoine culturel immatériel, ceux qui sont désignés doivent : (1) être reconnus comme des détenteurs de culture hautement qualifiés dans leur communauté ; (2) posséder des compétences de haut niveau en lien avec les formes originelles de l’élément du patrimoine culturel immatériel, y compris ses caractéristiques, ses techniques, ses répertoires et ses écoles ; (3) être détenteur d’un élément du patrimoine culturel immatériel en lien avec ses moyens de subsistance et ses coutumes et rituels traditionnels ; et (4) avoir une expérience de la formation et la transmission de ses connaissances et compétences et être capable de dispenser une formation.
Les soums et districts sont en charge de la première étape de la réalisation des inventaires du patrimoine culturel immatériel au niveau local. Sur la base des informations communiquées, l’inscription et la base de données d’informations au niveau de la ville et de la province sont ensuite créées par les Département provinciaux de l’éducation et de la culture et les Départements municipaux de la culture et des arts,. La mise à jour a lieu tous les ans et se déroule en trois temps : soumission des demandes au niveau local par les communautés, groupes ou individus ; évaluation au niveau provincial ; et élaboration et consolidation au niveau national. Puis le Comité national pour la sélection et la désignation du patrimoine culturel immatériel et de ses détenteurs choisit et désigne les éléments et détenteurs. Des représentants d’organisations non gouvernementales concernées, de communautés et de groupes siègent également au Comité et prennent pleinement part aux décisions relatives à l’identification, la sélection et la désignation d’éléments du patrimoine culturel immatériel et de leurs détenteurs.
Le principal document politique régissant la sauvegarde du patrimoine est la Politique culturelle d’état de la Mongolie, adoptée en 1996, dont l’objectif est de défendre la culture nationale contre l’absorption par une autre culture ou une disparition. Cette politique est constituée de mesures qui protègent les détenteurs de patrimoine culturel immatériel et leur liberté de créer et sauvegarder leur patrimoine et de respecter la diversité ethnique et culturelle du pays. Elle vise à encourager les institutions éducatives à mettre en œuvre pour les jeunes et les enfants des activités qui leur inculquent un amour et un respect de la culture et des connaissances traditionnelles. L’ « Approbation de la Stratégie générale de développement national basée sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) » de 2008 appelle l’état à soutenir la sauvegarde et la restauration du patrimoine matériel et immatériel de la culture mongole traditionnelle. Outre la Liste des détenteurs du patrimoine culturel immatériel, les « Éminents artistes d’art populaire » et les « Activistes culturels » sont honorés par l’État qui leur remet des récompenses dans certains cas.
En ce qui concerne l’éducation, une politique générale a été mise en place afin d’intégrer l’enseignement du patrimoine culturel immatériel dans les programmes scolaires. En conséquence, des informations sur les gers mongols (habitats traditionnels), le morin khuur (violon à tête de cheval), les chants longs, le Khöömei (chant de gorge), le bii biyelgee (danse populaire), le festival du Naadam, le festival du mois lunaire, les coutumes de salutations traditionnelles, les coutumes traditionnelles associées à l’élevage des animaux et les connaissances traditionnelles dans le domaine de la protection de la nature ont été ajoutées au programme scolaire des élèves de 6 à 8 ans. L’éducation à la protection des espaces naturels et des lieux de mémoire dont l’existence est nécessaire à l’expression du patrimoine culturel immatériel est également abordée en lien avec les coutumes traditionnelles de vénération des sites sacrés, dans le cadre d’un projet intitulé « Sauvegarde de la diversité du patrimoine écologique et culturel par la tradition de vénération des sites sacrés ».
Les moyens de transmission non formelle sont, par tradition, très développés en Mongolie et le principal mode de transmission est la méthode traditionnelle de formation par apprentissage au sein de la famille. Celle-ci est basée sur des techniques d’exécution et de direction qui exigent des apprentis un véritable effort et de la créativité. Le gouvernement souhaite désormais soutenir les formateurs les plus âgés en les faisant bénéficier d’un système d’allocations et les autorités locales tentent de soutenir et de mettre en avant ce mode de formation traditionnelle. Les autres moyens de formation non formelle sont mis en place dans les Centres culturels locaux, les écoles, les écoles maternelles et d’autres organisations publiques et privées. Un grand pourcentage de la population vivant ou ayant migré dans les zones urbaines, des expérimentations et des activités d’observation sont mises en œuvre afin de créer et de perfectionner d’autres méthodes de transmission non formelle telles que des clubs, des groupes réunis autour d’un intérêt commun, des expositions et des représentations conjointes, etc.
La coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale se concrétise par des accords d’échange culturel avec d’autres pays autour d’expositions et de festivals principalement dans les domaines des arts du spectacle et de l’artisanat traditionnel. Les échanges culturels prennent également la forme de journées culturelles mongoles organisées dans d’autres pays (et vice-versa), témoignant ainsi de la conviction de l’État que le dialogue interculturel est important dans ce domaine du patrimoine. La Mongolie coopère avec l’Institut international pour l’étude des civilisations nomadiques (International Institute for the Study of Nomadic Civilizations - IISNC) qui œuvre à la création d’un réseau de centres professionnels et d’instituts scientifiques au niveau national et régional.
La Mongolie fait ici rapport sur cinq éléments inscrits sur la Liste représentative : la musique traditionnelle du Morin Khuur (incorporée en 2008 après avoir été déclarée chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2003), l’Urtiin Duu, chants longs traditionnels populaires (également incorporé en 2008 après avoir été proclamé chef d’œuvre en 2005, candidature présentée conjointement avec la Chine), la fauconnerie, un patrimoine humain vivant (2010, inscription multinationale), l’art traditionnel du Khöömei mongol (2010), et le Naadam, festival traditionnel mongol (2010). Le programme national Morin Khuur et Urtiin Duu (2005-2014) est une action de sauvegarde très importante qui vise à identifier les détenteurs de patrimoine, étudier les deux traditions et assurer un environnement favorable à la transmission aux jeunes. Les festivals et événements traditionnels qui sont au service de la transmission de l’élément sont revitalisés et recréés. En 2011, 999 jeunes joueurs de Morin Khuur, 108 interprètes de chants longs et 600 chanteurs de Khöömei de la province de Zavkhan se sont réunis à Oulan-Bator. Depuis l’inscription de la fauconnerie, un Festival des aigles se tient désormais à la fois dans la capitale et dans la campagne mongole.
Afin d’assurer la transmission du patrimoine culturel immatériel, dispenser une formation aux formateurs constitue également une stratégie de sauvegarde importante en Mongolie. On observe un nombre croissant d’activités de formation (formelle et non formelle) à la lutte et au tir à l’arc dans les écoles et le nombre de jeunes prenant part à ces activités traditionnelles est en augmentation. La Fédération mongole de tir à l’arc a également organisé des cours de formation et créé des clubs dans des aïmags et des soums. Dans l’éducation supérieure, l’Université de la culture et des arts a mis en place un cours sur les chants longs, en collaboration avec l’École de musique et de danse, formant ainsi plus de 30 chanteurs au cours des six dernières années. En 2008, l’Université nationale mongole de la culture et des arts a ouvert les inscriptions pour les étudiants désireux de se former au Khöömei, et l’une des conséquences positives de cette initiative a été l’amélioration du statut social des interprètes du Khöömei. Dans le cadre d’une inscription multinationale (Urtiin Duu), la Mongolie a établi, en coopération avec la Chine, un Comité administratif conjoint afin de réglementer les activités communes de sauvegarde de l’Urtiin Duu.