Au niveau national, l’organe compétent pour la mise en œuvre de la Convention de 2003 est le Ministère de la Culture, au sein duquel le Département du patrimoine culturel immatériel assume la responsabilité directe de cette tâche. Le travail relatif au patrimoine culturel immatériel est réalisé sous la supervision d’une conférence interministérielle conjointe composée du Ministère de la Culture, de la Commission nationale du développement et de la réforme, du Ministère de l’Éducation, du Ministère de la Science et de la Technologie, du Ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information, de la Commission d’État en charge des affaires ethniques, du Ministère des Finances, du Ministère du Logement et du Développement urbain-rural, du Ministère du Commerce, de l’Administration nationale du tourisme, de l’Administration d’État en charge des affaires religieuses, de l’Administration d’État en charge de la médecine traditionnelle chinoise, de l’Administration d’État en charge du patrimoine culturel et de l’Académie chinoise des sciences sociales. Les gouvernements locaux disposent au sein de leurs services administratifs de divisions spéciales consacrées au patrimoine culturel immatériel. Depuis juin 2010, des Bureaux du patrimoine culturel immatériel ont été créés dans les Départements de la culture de Beijing, du Jilin, du Heilongjiang, de l’Anhui, du Henan, du Guangdong, du Guizhou, du Yunnan, du Shaanxi, du Xinjiang et d’autres provinces (régions autonomes et municipalités). Le nombre d’employés affectés à ces bureaux a augmenté. Dans d’autres provinces, avec l’accord des gouvernements locaux, les fonctions liées au patrimoine culturel immatériel relèvent du Bureau des cultures sociales, au sein des Départements de la culture des provinces. La Région administrative spéciale de Macao (RAS Macao) et celle de Hong Kong (RAS Hong Kong) sont compétentes pour la mise en œuvre de la Convention sur leurs territoires. À Macao, la responsabilité en revient au Bureau des affaires culturelles de la RAS Macao (Instituto Cultural, Macau - ICM) tandis qu’à Hong Kong, c’est le Bureau des affaires intérieures (Home Affairs Bureau – HAB) de la RAS Hong Kong qui est responsable de la politique de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, le Département des loisirs et des services culturels (Leisure and Cultural Services Department – LCSD) étant l’agence en charge de la mise en œuvre.
Le Centre de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel chinois est l’institution professionnelle en charge de la sauvegarde, de la recherche et de la formation dans le domaine du patrimoine culturel immatériel de la Chine. Il assume d’importantes fonctions en dispensant une formation à la gestion du patrimoine culturel immatériel au niveau national. Il a été établi en septembre 2006. En juin 2010, des centres de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ont été créés dans 30 provinces (régions autonomes et municipalités).
L’Académie chinoise des arts est l’institution en charge de la documentation du patrimoine culturel immatériel en Chine, elle intervient dans la gestion, la préservation, la recherche et l’utilisation des documents pertinents conservés dans sa bibliothèque, ainsi que dans la construction d’une base de données du patrimoine culturel immatériel. La documentation relève également de la responsabilité des 30 centres provinciaux de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En juin 2005, le Ministère de la Culture a lancé la première enquête sur le patrimoine culturel immatériel national qui s’est achevée fin 2009. Cette tâche a représenté le travail de 500 000 personnes-jours, 1,15 million de visites à des praticiens d’art populaire, 290 000 objets et documents collectés, 2 milliards de mots transcrits, 230 000 heures d’enregistrements sonores, 4,77 million de photos prises et 140 000 volumes de documents compilés. Le résultat préliminaire de l’étude identifie 870 000 éléments du patrimoine culturel immatériel en Chine.
Le Ministère de la Culture supervise un inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Les provinces, les régions autonomes (telles que la Mongolie intérieure, le Tibet et le Xinjiang Ouïghour) et les RAS (Hong Kong et Macao) dressent également des inventaires au niveau local. Les éléments inclus doivent (a) être des formes éminentes de culture populaire traditionnelle ou d’espaces culturels, ou (b) être représentatifs du patrimoine culturel immatériel, ou (c) avoir une grande valeur historique, artistique, ethnologique, folklorique, sociologique, anthropologique, linguistique, littéraire ou dans des domaines associés à ces disciplines. Les éléments doivent satisfaire aux critères suivants : (1) l’élément doit avoir une valeur exceptionnelle de représentation de la créativité de la civilisation chinoise ; (2) l’élément doit être enraciné dans la tradition culturelle d’une communauté particulière et transmis de génération en génération, en présentant des caractéristiques locales distinctes ; (3) l’élément, un lien essentiel dans les échanges culturels, doit participer à la promotion de l’identification culturelle nationale de la Chine, renforcer la cohésion sociale et améliorer la solidarité nationale et la stabilité sociale ; (4) l’élément doit démontrer un niveau remarquable de compétences et de savoir-faire artisanaux traditionnels ; (5) l’élément doit révéler la valeur incomparable que revêt la présentation des traditions culturelles nationales vivantes de la Chine ; et (6) l’élément doit démontrer l’importance de la transmission de la culture nationale chinoise tout en faisant face aux graves menaces de disparition due à la transformation de la société ou à l’absence de mesures de sauvegarde.
Un élément à inclure sur la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel doit d’abord être reconnu par les communautés, groupes ou individus concernés. La candidature doit être soumise par des institutions issues de la société ou par les détenteurs du patrimoine auprès des services administratifs locaux en charge de la culture. Le Ministère de la Culture demande à des experts qu’elle a mandatés d’évaluer les candidatures, de les présenter au Comité d’évaluation puis de les soumettre à l’examen du public avant de préparer un projet initial de Liste nationale. Le projet de liste est ensuite examiné par la Conférence interministérielle conjointe pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et soumis au Conseil d’État de la République populaire de Chine pour approbation et proclamation. Au coté des experts occupant des fonctions gouvernementales, le Comité d’évaluation est également composé de représentants d’organisations non gouvernementales telles que la Société folklorique chinoise, l’Association des musées chinois, l’Association des arts martiaux chinois, la Société de recherche Kunju et Guqin de Chine, la Société des arts et de l’artisanat chinois et la Société chinoise de céramique industrielle. La Liste nationale est mise à jour tous les deux ans, ce qui a été le cas en 2006 et 2008. L’inventaire est dressé de façon indépendante à Hong Kong avec l’aide du Centre de recherche de la Chine du sud de l’Université scientifique et technologique de Hong Kong qui a été missionné pour réaliser l’enquête initiale. De même, à Macao, l’ICM réalise son propre inventaire du patrimoine culturel immatériel. Les deux régions peuvent également soumettre des éléments du patrimoine culturel immatériel à inclure dans la Liste nationale.
En ce qui concerne la planification et les mesures réglementaires, la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été intégrée dans le Programme de développement de la culture qui figure dans chaque Plan quinquennal. Après une série de mesures provisoires prises par le Ministère de la Culture depuis 2006, la Loi sur le patrimoine culturel immatériel de la République populaire de Chine devait entrer en vigueur le 1er juin 2011. Des mesures spécifiques ont été prises conjointement par le Ministère de la Culture et le Ministère du Commerce afin de sauvegarder les techniques et compétences traditionnelles. Au niveau local, huit provinces ont adopté une législation en faveur de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Les programmes de sensibilisation, de promotion et d’information destinés au grand public, en particulier les jeunes, sont de grande envergure. Parmi ces initiatives, on citera : la « Journée du patrimoine culturel chinois » au cours de laquelle sont organisées de multiples et diverses activités visant à promouvoir le patrimoine culturel immatériel au niveau local et national, telles que des expositions, des représentations, des forums, des conférences, des émissions à la radio et la télévision et des reportages ; et les première et deuxième éditions du « Festival du patrimoine culturel immatériel » à Chengdu. Les institutions culturelles publiques, notamment les bibliothèques, les centres culturels, les musées et les centres scientifiques et technologiques de différents niveaux, ont activement participé au lancement d’activités visant à diffuser, montrer et faire reconnaître le patrimoine culturel immatériel.
S’agissant de l’éducation, le patrimoine culturel immatériel a fait l’objet d’une promotion active sur les campus, dans les classes et dans les livres scolaires et par l’exploration d’une nouvelle méthode éducative de transmission culturelle. On pourra citer les exemples du Hua’er de la Région autonome de Ningxia Hui, du Nanyin de Quanzhou (Province du Fujian) et du grand chant du groupe ethnique Dong de la Province du Guizhou, qui ont été interprétés sur les campus. Ailleurs, en coordination avec les services de l’éducation, les éléments du patrimoine culturel immatériel tels que l’Opéra de Pékin, les chansons et la musique populaires, le découpage de papier, les images du Nouvel An et les techniques artisanales traditionnelles ont été intégrés dans les cours d’art des écoles primaires et secondaires. À Hong Kong, des efforts conséquents sont déployés pour enseigner l’opéra de Canton dans le cadre du programme de musique des établissements scolaires primaires et secondaires. Hors milieu scolaire, des centres du patrimoine culturel immatériel ont créé à tous les niveaux des programmes éducatifs et de formation ainsi que des activités du même type au sein des communauté et groupes concernés. Les efforts de sauvegarde se sont également concentrés sur des éléments spécifiques et ils accordent typiquement une place à l’éducation et la formation non formelles afin d’encourager la transmission continue des éléments au sein de leurs communautés.
La Chine est très active dans le domaine de la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale. En ce qui concerne l’aspect bilatéral, la Chine s’est engagée dans une coopération, une communication, des activités d’échange universitaire et l’organisation d’expositions et de représentations sur le thème du patrimoine culturel immatériel avec le Japon, la République de Corée, la Thaïlande, le Vietnam, la Mongolie, la France, etc. S’agissant de la coopération régionale, en 2010, le Gouvernement chinois et l’UNESCO ont signé « l’Accord entre le Gouvernement de la République populaire de Chine et l’UNESCO portant sur l’établissement d’un Centre international de formation pour le patrimoine culturel immatériel dans la région Asie-Pacifique, sous les auspices de l’UNESCO ». La coopération internationale se traduit spécifiquement par des échanges culturels au cours desquels des détenteurs du patrimoine culturel immatériel chinois voyagent à l’étranger et des détenteurs du patrimoine culturel immatériel international se rendent en Chine, souvent dans le cadre de festivals ou de tournées.
La Chine fait ici rapport sur 26 éléments inscrits sur la Liste représentative, soit quatre éléments incorporés en 2008 après avoir été précédemment proclamés chefs d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité et 22 éléments inscrits en 2009 (cf. le site web et le rapport original pour la liste complète). Pour tous les éléments relevant du domaine des arts du spectacle, la Chine n’a pas épargné ses efforts afin d’assurer la sauvegarde ou la revitalisation des pratiques, attirant ainsi un public plus vaste et de nouvelles générations d’interprètes et créant des activités financièrement durables (représentations commerciales). Comme les espaces d’expression, les troupes professionnelles ont été soutenues, voire créées. Une des conséquences de l’inscription sur la Liste représentative est un accroissement de la valeur commerciale de l’art du spectacle concerné. Le rapport souligne toutefois qu’à plusieurs occasions, cette tendance a pu également entrainer une perte des normes artistiques et une qualité artistique moindre. Parmi les mesures destinées à sauvegarder l’artisanat traditionnel, on citera : la participation d’artisans à des démonstrations et expositions nationales et internationales ; des lois et des réglementations au niveau national et provincial ; un travail de documentation du patrimoine réalisé, en particulier, par l’Académie nationale des arts mais également au niveau local ; la création d’écoles spécialisées et de centres de transmission par les gouvernements provinciaux, les districts et les municipalités ; le soutien accordé aux systèmes d’apprentissage ; la mise à disposition de fonds spéciaux pour parrainer les détenteurs/représentants qui rencontrent des difficultés dans leurs activités de transmission ; et un travail très complet de diffusion et de popularisation, en particulier par l’entremise des médias traditionnels et nouveaux.