Le Botswana est un État partie à la Convention de 2003 depuis 2010. Sa politique nationale de 2001 sur la culture offre une bonne plateforme pour la mise en œuvre de la Convention dans le pays. En 2008, le département des arts et de la culture du Ministère du développement de la jeunesse, des sports et de la culture a été désigné comme organisation compétente pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au niveau national. Il a alors établi un Comité national du patrimoine culturel immatériel qui réunit des représentants de la Commission nationale pour l’UNESCO, des académiciens experts du domaine de la culture, des représentants des départements gouvernementaux, des services d’information et de radio-télédiffusion, des organisations non gouvernementales liées à l’art et à la culture. Quatre comités de district pour le patrimoine culturel immatériel ont été mis en place pour servir de structures locales en vue du processus de mise en œuvre, en particulier l’établissement d’inventaires. Ils ont élaboré des plans stratégiques de mise en œuvre, en décrivant les activités annuelles à entreprendre par les différents acteurs, notamment les institutions comme les écoles ainsi que les centres de recherche et d’éducation.
Concernant la formation à la gestion du patrimoine culturel immatériel, le Musée national du Botswana forme les communautés, les chercheurs et les associations à la conservation, la protection et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. La Commission nationale de l’UNESCO fournit également des ressources financières destinées à la formation des agents du gouvernement, au personnel des universités, aux chercheurs, aux praticiens, aux détenteurs et aux membres des organisations non gouvernementales. Le Conseil de développement des ressources humaines conseille les ministères dans des domaines comme l’apprentissage tout au long de la vie et l’Autorité de formation du Botswana valide les cours de l’ensemble des institutions de formation, notamment ceux qui concernent le patrimoine culturel immatériel. Le Centre des arts visuels de Thapong est chargé du renforcement des capacités des artistes visuels, tandis qu’un certain nombre d’associations artistiques et culturelles du Botswana, notamment l’Association pour le folklore, l’Association de poésie et de contes, l’Association des activistes du théâtre, le syndicat des musiciens et l’Association pour les arts visuels proposent des activités de formation.
Avant le travail de documentation mené selon les termes de la Convention de 2003, plusieurs organes gouvernementaux, des musées communautaires et des chercheurs ont fourni un travail important et il existe un matériel considérable sur papier et sur des plateformes électroniques, qu’il est nécessaire de mettre à jour. Les plans stratégiques des comités de district pour le PCI, mentionnés ci-dessus, accordent la priorité aux activités de documentation, en coopération avec les centres de recherche et d’autres organismes paragouvernementaux qui travaillent sur des questions transversales relatives au PCI. Le Botswana National Museum and Monuments a initié un travail de recherche et de documentation concernant le patrimoine culturel immatériel depuis les années 70 par le biais de son département d’ethnologie et détient du matériel audiovisuel ainsi que d’autres types de matériel. Les services d’information et de radio-télédiffusion documentent le PCI sur des supports numériques et sur papier ; ces informations sont diffusées par le biais des journaux, de la radio, de la télévision et d’autres organes de presse. Des chercheurs, des institutions de recherche et le grand public ont accès au patrimoine culturel immatériel à la fois dans les départements du Botswana et dans les services d’information et de radio-télédiffusion, sur demande écrite officielle à ces institutions respectives. Une plateforme de données du PCI a été créée dans la région d’Afrique australe en collaboration avec l’université de technologie de Chinhoyi (Zimbabwe) pour élaborer une base de données complète dans laquelle les pays participants (Botswana, Lesotho, Swaziland, Malawi, Zambie et Zimbabwe) continuent de mettre en ligne leurs éléments.
En 2010, le département des arts et de la culture a lancé un projet pilote sur l’établissement d’inventaires au niveau local dans le district de Kgatleng, en commençant par des consultations approfondies avec les communautés de vingt-trois villages. Un Comité de district pour le PCI a été fondé et des chercheurs issus de la communauté ont été désignés par cette dernière. Après un atelier de renforcement des capacités qui a duré dix jours, un travail de terrain a été mené pendant six mois, suivi d’un atelier de cinq jours pour en évaluer les résultats. Le rapport de recherche a été officiellement remis au chef suprême de Bakgatla ba Kgafela et au comité de district pour le PCI de Kgatleng, et une exposition photographique a été organisée pour permettre aux musées communautaires, aux écoles, aux chercheurs et au grand public d’accéder aux informations sur la toute première base de données systématique du PCI au Botswana. Au total, 122 éléments ont été documentés et le comité a proposé trois éléments en vue d’une possible inscription sur la liste de sauvegarde urgente, dont l’un y a été inscrit en 2012. Un autre processus d’inventaire mené en 2011-2012 a répertorié 93 éléments dans le district de Chobe et 143 dans le district du Nord-Est qui sont actuellement sous la garde du bureau des chefs locaux et du Ministère de l’autonomisation des jeunes, des sports et du développement de la culture. Un projet similaire d’inventaire du PCI a été entrepris en 2014 dans le district de Ghanzi où cinquante-quatre éléments ont été inventoriés et la base de données est actuellement abritée par le bureau de district de ce ministère et la communauté ainsi que le comité pour le district du PCI mènent des consultations avec la bibliothèque locale concernant la mise en ligne des éléments. Les inventaires sont commandés en fonction des communautés et des groupes/détenteurs des domaines du PCI, et les bases de données développées avant ratification font l’objet d’un examen pour les mettre en conformité avec la Convention, notamment en ce qui concerne les critères utilisés. Une grande importance est attachée à la viabilité des éléments et, en particulier, à ceux qui sont menacés de disparaître. Peu d’organisations non gouvernementales travaillent avec les communautés et les détenteurs de connaissances pour définir et identifier leurs éléments, mais les chefs encouragent les détenteurs et les praticiens à fournir des informations sur ces derniers.
D’autres mesures de sauvegarde incluent la promotion et la sensibilisation au patrimoine culturel immatériel menées par le ministère en collaboration avec les différents acteurs, comme le Comité national du patrimoine culturel immatériel, qui a mis en place un sous-comité pour développer les compétences dans le domaine de la sensibilisation. Les médias, conjointement au secteur public et privé, jouent un rôle de premier plan dans la diffusion des informations sur le patrimoine culturel immatériel. Parmi les autres activités, on peut citer des festivals organisés par l’ensemble des communautés, des foires et concours artistiques et culturels, ainsi que les concours annuels de la Journée du président et la cérémonie de remise des prix. Diverses institutions culturelles, chercheurs, associations ainsi que des individus poursuivent des recherches sur le patrimoine culturel immatériel dans les quatre districts à divers niveaux. Les communautés ont été encouragées à lancer des projets de recherche sur des éléments spécifiques comme la danse phathisi dans le district Kweneng.
Les programmes éducatifs formels et non formels jouent un rôle majeur dans la promotion du patrimoine culturel immatériel. Aux niveaux primaire, secondaire et tertiaire, des cursus formels sont proposés et le Ministère de l’éducation de base a mis en place des groupes de travail consacrés à des sujets particuliers dans le département d’élaboration des programmes et d’évaluation pour développer du matériel d’apprentissage pertinent, ainsi que des manuels et des guides destinés aux professeurs. Des clubs dans les musées, des clubs d’éducation à l’environnement et des clubs culturels proposent des activités extra-scolaires sur le patrimoine culturel immatériel. L’université du Botswana a mis en place plusieurs cours avec une composante de recherche sur le patrimoine culturel immatériel dans les facultés de sciences humaines, ainsi que les facultés artistiques et scientifiques (ces dernières sur la médecine traditionnelle et les études environnementales). Le Ministère de la faune et de la flore sauvages, de l’Environnement et du Tourisme collabore avec les praticiens du patrimoine et les détenteurs de connaissances traditionnelles dans les domaines de la faune et de la flore, ainsi que dans celui de la gestion de l’environnement, au travers de recherches sur les espèces animales, qui constituent pour la plupart les totems des diverses communautés du Botswana.
En 2010, un atelier de renforcement des capacités de dix jours sur les inventaires a été mené à destination des chercheurs communautaires, des agents culturels, des praticiens culturels des communautés et des autorités locales du comité du PCI du district de Kgatleng. Des ateliers de renforcement des capacités sur l’établissement d’inventaires ont été lancés dans trois autres districts en 2011-2014. En 2012-2013, le Bureau de l’UNESCO à Harare a organisé un atelier national de cinq jours sur la mise en œuvre destiné aux différents acteurs, un atelier/réunion pour le comité national du PCI afin d’élaborer un plan d’action national pour la sauvegarde du PCI et un atelier de formation pour le comité national du PCI sur les demandes d’assistance internationale. En 2014, un atelier de formation des formateurs s’est déroulé pour élargir la base des facilitateurs d’ateliers formés venus des diverses communautés. L’éducation non formelle sur le patrimoine culturel immatériel est transmise par les structures sociales et les associations culturelles, dont font souvent partie les détenteurs, qui jouent un rôle central dans cette transmission.
En ce qui concerne la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, le Botswana a participé à un certain nombre de réunions en Afrique subsaharienne et de réunions, d’ateliers, de conférences et de programmes de formation sous-régionaux sur le patrimoine culturel immatériel afin d’échanger des informations et de partager son expérience avec le réseau d’experts culturels et de spécialistes sur les bonnes pratiques de sauvegarde dans le cadre de la Convention. Le Botswana est également un membre actif de la plateforme en ligne qui abrite la base de données du PCI d’Afrique australe. Le Botswana a accueilli une réunion de réseau afin que les commissions nationales d’Afrique australe puissent échanger leur point de vue et leurs idées afin de soutenir des approches nationales du patrimoine culturel. Pendant l’exercice d’inventaire dans le Nord-Est, des pratiques relatives au patrimoine culturel immatériel ont été découvertes parmi les communautés bakalanga au Botswana et au Zimbabwe et un débat a été lancé entre les experts et les spécialistes sur de possibles candidatures multinationales. Concernant les réseaux, il y a une coopération constante entre les ministères et les institutions du patrimoine culturel comme les musées et d’autres institutions publiques de la région afin d’échanger les expériences et les expertises. Un accord bilatéral entre le Botswana et le Mozambique a abouti à la création d’un musée en plein air à Gaborone sur le site des silos de Bonnington dans le but de montrer les pratiques et les équipements agricoles. Au cours des trois dernières années, un accord permanent entre les folkloristes suédois et l’Association du Folklore du Botswana a été passé afin d’échanger des informations sur les usages des instruments de musique traditionnelle et des enregistrements de la musique folklorique.
Le Botswana n’a actuellement aucun élément inscrit sur la Liste représentative. Le « savoir-faire de la poterie en terre cuite dans le district de Kgatleng au Botswana » a été inscrit sur la Liste de sauvegarde urgente en 2012.