Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.B.45

Le Comité

  1. Prend note que le Maroc a proposé la candidature du Malhoun, un art poético-musical populaire (n  01592) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le Malhoun est une forme d’expression poétique populaire au Maroc. Les vers sont chantés en arabe dialectal et parfois en hébreu. Ils sont accompagnés de musique jouée sur des instruments traditionnels, notamment le luth, le violon, le rebab et de petits tambours. Parmi les motifs populaires, on trouve l’amour, les joies de la vie, la beauté des gens, la nature, les prières et les supplications religieuses, le plaisir et la fête, la gastronomie, les voyages imaginaires, les événements politiques et les questions sociales. Les poèmes véhiculent également des messages moraux et encouragent un discours constructif. Alliant chant, théâtre, métaphore et symbolisme dans un langage accessible et une ambiance festive, le Malhoun réunit tous les Marocains, quelle que soit leur religion. Jadis, la pratique se transmettait de manière informelle, par un apprentissage auprès de chanteurs, de musiciens, de transcripteurs, de paroliers et d’artisans fabriquant les instruments et les costumes traditionnels. Aujourd’hui, elle est également transmise par le biais d’organisations et de conservatoires de musique, ainsi que par des publications contenant des textes traditionnels. Apprécié et interprété par des personnes de tous les genres, le Malhoun a eu un impact considérable sur la culture et la mémoire collective marocaines pendant des siècles. Il est joué dans de nombreux espaces, des rassemblements familiaux aux grandes salles de spectacle, en passant par les festivals de Malhoun. Art collectif, il favorise la cohésion sociale et la créativité tout en offrant un témoignage historique sur les questions sociales à travers les siècles.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Le Malhoun est une expression poétique chantée qui aborde tous les aspects de la vie. La musique est jouée sur des instruments traditionnels. Les détenteurs et les praticiens sont des poètes, des universitaires et des troupes de musiciens. L’apprentissage auprès de maîtres artisans a joué un rôle important dans le processus de transmission informelle. Aujourd’hui, la transmission, formelle comme informelle, est assurée par des associations de troupes et des conservatoires de musique. Les poèmes incarnent une mémoire collective qui perpétue le souvenir des questions sociales à travers les siècles. Ils véhiculent souvent des messages moraux et un discours éducatif et constructif. Le Malhoun favorise la cohésion sociale et joue un rôle dans la vie sociale et culturelle de tous les jours, lors de rassemblements, d’événements artistiques et de festivals.

R.2 :  Au niveau local, l’inscription permettrait d’affirmer l’identité culturelle et d’accroître la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général. Au niveau national, les autres arts du spectacle bénéficieraient d’une plus grande visibilité, tout en renforçant la sensibilisation générale au patrimoine culturel immatériel dans toutes les communautés. Au niveau international, l’inscription encouragerait le dialogue et les échanges entre les communautés du monde entier, en particulier celles qui pratiquent des modes d’expression poétique et musicale similaires. La créativité et le respect de la diversité culturelle, inhérents à l’élément, en seraient également renforcés.

R.3 :  La viabilité de l’élément a été perpétuée par la pratique active des artisans et autres praticiens et par les associations de troupes. Les efforts de l’État pour sauvegarder le Malhoun comprennent la publication de « L’Encyclopédie du Malhoun », des programmes de télévision et de radio nationaux, et le financement de festivals consacrés au Malhoun avec l’aide d’institutions publiques et d’entités territoriales locales et régionales. Une série de mesures de sauvegarde sont proposées, notamment la promotion par le biais de festivals, de subventions, l’émission de cartes d’artistes et la publication de nouveaux volumes de l’encyclopédie. L’État partie soutiendra la mise en œuvre des mesures dans le cadre de ses efforts de promotion des arts. Lors des réunions organisées conjointement par l’Académie du Royaume du Maroc et le Ministère de la Culture pour préparer la candidature, des praticiens, des artistes, des poètes, des chercheurs, des musiciens et des chanteurs ont pris part à des discussions et des débats sur la manière de sauvegarder l’élément. Les mêmes représentants de la communauté ont également exprimé leur volonté de travailler avec ces institutions publiques pour assurer la sauvegarde du Malhoun.

R.4 :  Le dossier présente une démarche initiée par l’Association Driss Belmamoun en 2016, puis entreprise par l’Académie en partenariat avec le Ministère de la Culture entre 2017 et 2018. Le dossier décrit différentes réunions impliquant des communautés, des groupes et des individus et fait état de leur participation à la rédaction de la candidature. Des réunions régionales ont été organisées afin d’impliquer toutes les personnes concernées par l’élément et d’assurer une meilleure participation des représentants de la communauté. Les participants ont pleinement exprimé leur consentement libre et éclairé à cette candidature, ainsi que leur disponibilité et leur volonté de contribuer à la sauvegarde de l’élément. Une vidéo de consentement a été présentée dans le cadre du dossier de candidature et transmet des déclarations de poètes, de chanteurs, de dirigeants de plusieurs troupes et de chercheurs universitaires.

R.5 :  « Le Malhoun, un art poético-musical populaire » est inclus dans l’Inventaire et documentation du patrimoine culturel marocain depuis octobre 2018. Cet inventaire est supervisé par la Section Patrimoine Culturel Immatériel de la Direction du Patrimoine Culturel du Ministère de la culture. Ses méthodes de travail reposent sur des missions de terrain, des réunions de concertation et des entretiens menés par la Direction du Patrimoine Culturel. Bien que le dossier ne mentionne pas la fréquence de mise à jour de l’inventaire, il explique que l’inventaire est mis à jour occasionnellement, à savoir chaque fois qu’un élément relatif au Malhoun est déclaré et authentifié par des spécialistes.

  1. Décide d’inscrire le Malhoun, un art poético-musical populaire sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

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