Le Comité
- Prend note que le Kirghizistan a proposé la candidature de l’elechek, la coiffe des femmes kirghizes: rituels et connaissances traditionnels (n 01985) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
L’Elechek est un couvre-chef traditionnel féminin composé d’un bonnet de cheveux et d’un très long morceau de tissu blanc enroulé autour de la tête à la manière d’un turban et orné de broderies, de rubans et de bijoux. Cette pratique fait partie intégrante de la cérémonie traditionnelle de mariage au Kirghizstan. Rite de passage, le rituel de l’enroulement du premier elechek de la mariée se déroule dans la maison de sa famille avant qu’elle ne parte avec le marié. Au cours de la cérémonie, les aînés prononcent des bénédictions pour transmettre les souhaits de la communauté à la mariée et à sa nouvelle famille, tels que la santé, la fertilité et l’harmonie. Une femme mariée peut porter l’elechek à l’occasion d’événements importants, et en changer le style en conséquence. De nombreuses communautés ont développé leurs propres styles et rituels, et les styles adoptés peuvent indiquer l’âge d’une personne ainsi que son statut social et matrimonial. Les connaissances et savoir-faire sont généralement transmis de manière informelle lors de cérémonies d’enveloppement, de mères en filles et d’aînées en jeunes femmes. Toutefois, ces dernières années, des groupes de femmes ont commencé à transmettre les connaissances et les savoir-faire par de nouveaux moyens, notamment par le biais d’ateliers, de cours vidéo en ligne et de collaborations avec des universitaires et des chercheurs locaux. L’elechek contribue à une identité culturelle commune, renforçant les liens intergénérationnels et promouvant la solidarité et l’autonomisation.
- Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.1 : Les coiffes existent dans de nombreux styles et formes et sont accompagnées de différents rituels dans tout le pays. Les principales détentrices et praticiennes sont des femmes des communautés rurales, mais aussi des femmes impliquées dans des ONG et à des groupes informels dans les zones urbaines. Les connaissances et les savoir-faire liés à l’elechek sont principalement transmis de manière informelle par les mères à leurs filles et par les femmes âgées des communautés aux femmes plus jeunes. Cependant, de nouveaux modes de transmission ont été développés au cours des dernières années. L’élément remplit plusieurs fonctions sociales et revêt différentes significations culturelles. Il renforce l’identité locale, en particulier chez les femmes. Il s’agit également d’un mode de communication traditionnel qui promeut la diversité, l’autonomisation des femmes, la sauvegarde du patrimoine vivant (y compris les bénédictions et les rituels de guérison) et la promotion de l’expression artistique. Bien qu’elle soit principalement pratiquée par des femmes, cette pratique bénéficie d’un large soutien.
R.2 : L’inscription de l’elechek attirerait l’attention sur les éléments connexes et interdépendants du patrimoine culturel immatériel. La diversité locale du patrimoine culturel immatériel en général, et de l’elechek en particulier, deviendrait un sujet d’étude et de recherche majeur. Au niveau national, l’inscription contribuerait à promouvoir l’égalité des genres. Elle permettrait également de sensibiliser les membres des communautés à leurs droits de pratiquer et de sauvegarder leur patrimoine culturel immatériel. Au niveau international, l’inscription encouragerait les communautés locales et les groupes de femmes du monde entier à faire le lien entre des éléments similaires du patrimoine vivant, les questions de genre et l’autonomisation des femmes. L’inscription conduirait à de nouvelles pratiques collaboratives et enrichirait le dialogue sur la diversité qui se reflète dans les différentes expressions de l’élément. La créativité humaine et le respect de la diversité culturelle seraient encouragés par la créativité exprimée dans les différentes techniques d’enroulement, de décoration et d’utilisation de la coiffe.
R.3 : Les mesures de sauvegarde passées et actuelles se concentrent sur l’identification, la documentation et la promotion afin d’assurer la viabilité d’elechek. Les activités comprennent des ateliers, des démonstrations, des cours, des conférences, des inventaires menés par la communauté et des recherches sur le terrain. L’État partie fournit également un cadre législatif et encourage à dresser l’inventaire du patrimoine culturel immatériel avec la participation des communautés, des groupes et des individus concernés. Les communautés locales, les ONG et l’État partie ont élaboré un plan de sauvegarde commun qui met l’accent sur la transmission, la sauvegarde et l’inventaire. Ils ont créé un groupe de travail qui a piloté le processus d’élaboration de ce plan et qui supervisera sa mise en œuvre après l’inscription. Les communautés concernées ont affirmé leur soutien à la mise en œuvre des mesures proposées. Elles ont également été la force motrice du plan de sauvegarde, qui a été élaboré dans le cadre d’un processus itératif et participatif comprenant des échanges et des ateliers en ligne, en personne et hybrides. L’État s’engage à apporter son soutien financier, administratif et logistique aux mesures proposées.
R.4 : L’idée de soumettre la candidature de l’elechek est née en 2015. La proposition a été soutenue par les communautés, les experts et d’autres parties prenantes de différentes régions du pays. Le Ministère de la culture et la Commission nationale ont accepté la proposition et un calendrier a été établi. S’en sont suivies plusieurs réunions et tables rondes sur la Convention de 2003 depuis lors, soulignant l’importance de la participation des communautés au processus. En janvier 2019, un groupe de travail a été mis en place et s’est réuni régulièrement pour préparer la candidature. Des représentants des communautés, du Ministère de la culture, de la Commission nationale, de l’Académie nationale des sciences, des ONG et des experts du patrimoine vivant ont participé à ce groupe de travail. Plusieurs lettres de consentement libre, préalable et éclairé et une vidéo attestent de la participation active des communautés, groupes et individus concernés au processus de candidature.
R.5 : Cet élément fait partie de l’ « Inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la République kirghize », sous la direction du Ministère de la culture, de l’information, des sports et de la politique de la jeunesse de la République kirghize, ainsi que de l’Académie nationale des sciences de la République kirghize et du Comité national du patrimoine culturel immatériel. L’élément a été inscrit en 2008 et complété en 2015. L’inventaire est mis à jour tous les trois ans en moyenne, sur la base des contributions des communautés, des ONG et des individus concernés. Le processus d’identification et de définition est essentiellement participatif et inclut des communautés de tout le pays, qui travaillent sur un processus d’inventaire national commun.
- Décide d’inscrire l’elechek, la coiffe des femmes kirghizes: rituels et connaissances traditionnels sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Félicite l’État partie pour ce dossier bien préparé qui se caractérise par une forte participation des communautés, groupes et individus concernés à l’ensemble du processus de candidature.