Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.B.34

Le Comité

  1. Prend note que la République islamique d’Iran et le Tadjikistan ont proposé la candidature de la célébration du Sadeh/Sada (n  01713) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le Sadeh, ou Sada, est une célébration qui se déroule chaque année le 30 janvier. Dans le calendrier populaire iranien, ce jour marque le début de la préparation des terres agricoles aux prochaines plantations du printemps et la fin des jours les plus froids de l’hiver, 50 jours et 50 nuits avant l’arrivée du printemps. De ce fait, « Sadeh » signifie « cent ». Cet élément se manifeste de diverses manières en Iran et au Tadjikistan. La pratique inclut le chant, la danse et la prière autour d’un feu ainsi que l’offrande de bénédictions et de fruits secs ou frais. Ce jour marque également le début traditionnel des travaux agricoles pour la nouvelle saison ; les agriculteurs arrosent leurs terres d’engrais et les jardiniers taillent leurs arbres et arbustes. Après la célébration de Sadeh, les habitants des villages se réunissent en plein air pour nettoyer ensemble les cours d’eau et les étangs et pour réparer les ponts. Dans les deux pays, la pratique, y compris la préparation des plats traditionnels, se transmet par la participation, l’observation et les récits. Les médias, les réseaux sociaux, des travaux scientifiques, des articles, des conférences et des colloques contribuent également à la transmission du Sadeh. Réunissant des individus de différentes origines culturelles, ethniques et religieuses, cette pratique favorise les interactions pacifiques autour des traditions agricoles et alimentaires, la diversité et la transmission des expressions orales et de la mémoire.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants d’inscription sur la Liste représentative patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  En Iran et au Tadjikistan, la célébration du Sadeh/Sada marque la fin de l’hiver et le début du printemps. Elle comprend des pratiques en intérieur et à l’extérieur, telles que le chant, la prière, la danse et l’allumage du feu, qui occupe une place centrale dans l’élément. Cet élément a de nombreux liens avec les pratiques agricoles et se manifeste de différentes manières en Iran et au Tadjikistan. En Iran, la célébration du Sadeh/Sada est principalement pratiquée par les communautés zoroastriennes. Au Tadjikistan, toutes les communautés rurales sont impliquées. Dans les deux pays, les femmes et les enfants jouent un rôle important dans la célébration. La fête du Sadeh/Sada jette des ponts entre les communautés et transmet l’histoire des pays concernés par les récits oraux.

R.2 :  Au niveau local, l’inscription contribuerait à la visibilité des fêtes et célébrations traditionnelles étroitement liées à la nature. Elle mettrait également en évidence la diversité culturelle et les formes orales du patrimoine culturel immatériel au sein des communautés locales. Elle favoriserait la visibilité et la participation des ONG actives dans le domaine du patrimoine culturel immatériel et encouragerait la sauvegarde des valeurs agricoles traditionnelles au niveau national. L’élément peut servir d’exemple de tolérance et de relations pacifiques entre des personnes d’origines ethniques, religieuses et linguistiques différentes, en soulignant le rôle des célébrations du patrimoine vivant ancien dans la création de liens entre différents groupes et dans la promotion de contacts et d’un dialogue pacifiques tout au long de l’histoire.

R.4 :  La préparation de la candidature a commencé en 2018. Une équipe de chaque État a été chargée de rédiger le dossier. Les équipes étaient composées de représentants des communautés locales ainsi que d’ONG et d’experts, sous la direction de deux anthropologues. Les équipes se sont rencontrées virtuellement en 2019, 2020 et 2022, et ont correspondu par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Plusieurs femmes universitaires, expertes et membres de la communauté ont pris part au processus. Des lettres de consentement libre, préalable et éclairé à la candidature ont été fournies.

R.5 :  L’élément est répertorié dans l’Inventaire national iranien du patrimoine culturel immatériel et à la Liste d’inventaire nationale du patrimoine culturel immatériel du Tadjikistan. Les inventaires sont tenus à jour par le Ministère iranien du patrimoine culturel, du tourisme et de l’artisanat et par l’Institut de recherche sur la culture et l’information, du Département du patrimoine national des Tadjiks au Tadjikistan. En Iran, l’élément a été étudié et documenté par des chercheurs. Plusieurs réunions ont eu lieu avec des représentants des parties prenantes, notamment les communautés locales, les chercheurs et les autorités locales. Au Tadjikistan, l’élément a été identifié et reconnu par des experts de l’Institut de recherche sur la culture et l’information. Les informations destinées à l’inventaire ont été préparées grâce à plusieurs visites sur le terrain et à des réunions conjointes avec les communautés et les ONG. L’inventaire de l’Iran est mis à jour tous les ans ou tous les trois ans. L’inventaire du Tadjikistan est mis à jour tous les deux ans. 

  1. Considère en outre que, d’après les informations contenues dans le dossier et fournies par les États soumissionnaires dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait au critère suivant d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.3 :  L’élément est sauvegardé par les communautés de chaque État par le biais de mesures séparées et conjointes, y compris des activités de promotion et d’éducation. Les mesures de sauvegarde proposées comprennent une série de mesures et d’activités conjointes telles que des séminaires, des conférences, des cours, des festivals consacrés au patrimoine artistique et alimentaire et des travaux de recherche. Les deux pays proposent des mesures distinctes orientées vers la sensibilisation et la promotion, la transmission formelle et non formelle, l’amélioration de la viabilité des éléments, la recherche, la documentation et le suivi. La participation des États à chaque mesure est présentée dans le dossier de candidature. Le dossier fournit également des informations sur l’implication des différentes organisations communautaires et ONG dans la planification et la mise en œuvre de mesures de sauvegarde spécifiques. Toutefois, au regard des informations fournies par certains des États soumissionnaires, la candidature aurait bénéficié d'une description plus élaborée de l’implication des communautés.

  1. Décide d’inscrire la célébration du Sadeh/Sada sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage les États parties à réfléchir aux effets possibles de l’inscription de l’élément, y compris les conséquences involontaires de l’augmentation du tourisme ;
  3. Rappelle aux États parties l’importance d’assurer la participation la plus large possible des communautés concernées à la planification et à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde ;
  4. Rappelle en outre aux États parties qu’énumérer des chiffres et des organisations ne fournit pas suffisamment de détails sur la participation des communautés à la planification et à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde.

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