Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.B.18

Le Comité

  1. Prend note que l’Azerbaïdjan, la République islamique d’Iran, le Tadjikistan, la Türkiye et l’Ouzbékistan ont proposé la candidature de l’art de l’enluminure : Təzhib/Tazhib/Zarhalkori/Tezhip/Naqqoshlik (n  01981) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

L’enluminure est un art décoratif séculaire qui se pratique sur les pages des manuscrits, des textes calligraphiés et des miniatures. L’élément principal de l’enluminure est la feuille d’or ou la peinture à l’or, qui impliquent toutes deux des connaissances et des techniques spécifiques. Des pigments naturels sont également utilisés et, depuis quelques années, l’utilisation de peintures synthétiques telles que l’aquarelle ou la gouache s’est répandue. Aujourd’hui, on retrouve des interprétations traditionnelles et contemporaines de l’élément dans les manuscrits, les miniatures et la calligraphie, ainsi que dans des œuvres d’art indépendantes. Cette pratique est transmise par le biais de l’apprentissage ainsi que par l’éducation formelle et non formelle, y compris dans de nombreuses universités, académies, centres de recherche et ateliers publics et privés. Les couleurs, les motifs et les dessins utilisés ont des significations symboliques et il est courant d’orner d’enluminures les textes religieux, les manuscrits littéraires et historiques, les actes de mariage et même les traités commerciaux. Cette pratique est donc étroitement liée aux croyances et aux pratiques culturelles des communautés. L’enluminure renforce le sentiment de continuité culturelle des collectivités aux niveaux national, régional et international. Et comme les connaissances et les méthodes traditionnelles de l’enluminure sont également utilisées dans la restauration de manuscrits et d’in-folios anciens, cette pratique contribue également à la préservation des objets historiques et culturels et à leur sauvegarde pour les générations futures.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  L’art de l’enluminure est un art décoratif traditionnel qui utilise des formes et des motifs traditionnels, en appliquant de la peinture ou des feuilles d’or. Cet art inclut le processus de fabrication de l’or et le travail d’enluminure à proprement parler. L’enluminure est appliquée aux manuscrits et pratiquée comme une forme d’art. Elle a également influencé l’architecture et la décoration des maisons. Les détenteurs et les praticiens comprennent des experts et des apprentis dans les différents États soumissionnaires, ainsi que des ONG, des guildes, des universitaires et des universités. L’enluminure est couramment pratiquée par les groupes défavorisés ou les personnes handicapées, en raison de ses effets positifs sur le plan social, physique et mental. C’est un moyen d’engagement et d’intégration sociale. Étant donné que de nombreux praticiens de l’élément sont des femmes, il contribue également à leur émancipation et leur offre des possibilités d’expression artistique.

R.2 :  L’inscription contribuerait au développement de la documentation, de la recherche et de l’inventaire dans les États soumissionnaires. Les gouvernements et autorités locales des États soumissionnaires devraient organiser davantage d’activités de sauvegarde de l’élément, augmentant ainsi la visibilité de la Convention de 2003. L’inscription favoriserait l’élaboration de politiques en faveur des arts et de l’artisanat décoratifs au niveau national, améliorant ainsi la compréhension de l’esprit de la Convention de 2003. L’inscription permettrait également de promouvoir de nouvelles formes de collaboration autour de l’élément et d’autres éléments des arts décoratifs traditionnels au niveau international, ce qui ferait mieux connaître, au niveau mondial, l’importance de la Convention de 2003 et des efforts de l’UNESCO dans le cadre de la Convention. L’inscription de l’élément situerait cette candidature multinationale dans un cadre d’échanges et de démarches de sauvegarde collaboratives. Elle encouragerait d’autres États à se joindre à la candidature. L’inscription conduirait à un plus grand respect de la diversité dans les États soumissionnaires et au-delà.

R.4 :  La Türkiye a initié le dossier de candidature multinationale à la suite d’une demande d’enlumineurs et d’ONG. La participation des communautés, des praticiens, des détenteurs, des États parties et d’autres parties prenantes au processus de candidature a porté sur la préparation des dossiers, la désignation de l’élément, l’inventaire et la fourniture de données ou d’informations par le biais de plusieurs réunions en ligne et en personne. Tant au niveau national qu’international, plusieurs réunions ont été organisées pour préparer la candidature multinationale. Le consentement libre, préalable et éclairé des parties prenantes a été obtenu, et les formulaires de consentement sont inclus dans le dossier de candidature.

R.5 :  L’élément a été inscrit au Registre du patrimoine culturel immatériel de la République d’Azerbaïdjan en 2021, à l’Inventaire représentatif national iranien du patrimoine culturel immatériel en 2010, à la Liste de l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel du Tadjikistan en 2022, à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la Türkiye (Inventaire national du PCI) en 2014, et à l’Inventaire national du PCI de la République d’Ouzbékistan en 2021. Chaque État a fourni des informations sur le rôle des communautés dans le processus d’inventaire et sur la fréquence de mise à jour des inventaires.

  1. Considère en outre que, d’après les informations contenues dans le dossier et fournies par les États soumissionnaires dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait au critère suivant d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.3 :  La viabilité de l’élément a été maintenue par la pratique et la transmission continues de ses détenteurs et praticiens, souvent en collaboration avec des ONG, des fondations et des institutions de recherche. Les mesures passées et en cours portent sur l’apprentissage, la formation et la recherche dans les établissements d’enseignement, sur les concours et les activités de promotion et de mise en réseau. Les États parties ont pris des mesures politiques ou législatives, mis en place des initiatives éducatives, publié des ouvrages et organisé des concours, des foires et des expositions. Les mesures de sauvegarde proposées seront mises en œuvre et contrôlées par les États soumissionnaires. Elles se concentrent sur la transmission de l’élément, la sensibilisation du public et la visibilité, le développement de la coopération internationale et les encouragements à poursuivre les efforts communs. Elles comprennent également des mesures de documentation, de recherche et de préservation. Des informations ont été fournies par les Etats soumissionnaires sur la participation des communautés à la planification et à la mise en œuvre des mesures.

  1. Décide d’inscrire l’art de l’enluminure : Təzhib/Tazhib/Zarhalkori/Tezhip/ Naqqoshlik sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Rappelle aux États parties l’importance d’assurer la plus large participation possible des communautés concernées à la planification et à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde ;
  3. Rappelle en outre aux États parties qu’énumérer des chiffres et des organisations est insuffisant pour illustrer la participation des communautés dans la planification et la mise en œuvre des mesures de sauvegarde.

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