Le Comité
- Prend note que l’Égypte a proposé la candidature des festivités associées au voyage de la Sainte Famille en Égypte (n 01700) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Les festivités associées au voyage de la Sainte Famille en Égypte commémorent la fuite de la Sainte Famille de Bethléem jusqu’en Égypte afin d’échapper à l’oppression du roi Hérode. Deux festivités sont organisées chaque année pour célébrer l’événement. Les Égyptiens, y compris les musulmans et les coptes de tous âges et genres, y participent en grand nombre. La première, « La fête de l’arrivée de la Sainte Famille en Égypte » dure une seule journée et se tient généralement au début du mois de juin. La deuxième, « La Nativité de la Vierge Marie », est célébrée dans plusieurs villes (notamment à Durunka et au Caire) entre mai et août. Ces activités incluent des chants, des jeux traditionnels, des activités de peinture corporelle, des reconstitutions du voyage, des processions, des performances artistiques et le partage de spécialités culinaires traditionnelles. Les fonctions sociales et les significations culturelles de l’élément sont nombreuses, l’une d’entre elles étant la cohésion du tissu social et culturel entre coptes et musulmans, qui se manifeste aussi bien pendant les préparatifs que pendant les festivités elles-mêmes. Les événements sont également associés aux services que les citoyens locaux rendent bénévolement aux visiteurs et à l’échange de cadeaux. Les connaissances et savoir-faire sont transmis par les églises et les monastères, au sein des familles, et lors de la participation active aux rituels.
- Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.1 : L’élément comprend deux festivités : « La fête de l’arrivée de la Sainte Famille en Égypte » et la fête de « La Nativité de la Vierge Marie ». Ces festivités sont marquées par des prières chantées sur le rythme des tambourins, des processions, la reconstitution historique du voyage de la Sainte Famille et d’autres pratiques. Les détenteurs et les praticiens sont, entre autres, les habitants, musulmans et chrétiens, des lieux où se déroulent les célébrations. On peut aussi citer, entre autres, les hommes d’Église, des ONG, les équipes de chanteurs, les femmes, les propriétaires de bateau et les vendeurs de rue. Tous les segments de la société et les personnes pratiquant différents artisanats et exerçant différentes professions contribuent à l’organisation de ces célébrations qui redynamisent d’importantes valeurs culturelles, sociales et spirituelles. Les connaissances et savoir-faire se transmettent via les efforts de l’Église et des monastères, les récits oraux, les institutions de la société civile, les écoles et au sein des familles. L’élément renforce les liens sociaux et certains rites revêtent une signification culturelle (Ex. : l’arbre de la Vierge et l’arbre Chagaret El Abed).
R.2 : Au niveau local, l’inscription contribuerait à créer un dialogue social concernant le patrimoine culturel associé à la Sainte Famille et le patrimoine culturel immatériel en général. Au niveau national, l’inscription permettrait de sensibiliser tout le pays au patrimoine culturel immatériel par la promotion culturelle, sociale et logistique des projets de développement. Elle encouragerait également la société à introduire et promouvoir d’autres éléments. Au niveau international, l’inscription permettrait de mettre en valeur la tradition orale autour de ce voyage, créant ainsi un corridor culturel avec d’autres communautés à travers le monde. De plus, l’inscription devrait stimuler le dialogue au sein des communautés, en renforçant la communication entre les différentes générations, ce qui contribuera à la diffusion des célébrations dans d’autres régions.
R.4 : Le travail sur la candidature a commencé grâce à l’intérêt porté par la société au voyage de la Sainte Famille et aux festivités associées. Un comité a été constitué en 2018 (avec des organes gouvernementaux et des communautés de praticiens) afin de dresser l’inventaire de l’élément et de proposer la candidature des célébrations associées à la Sainte Famille en vue de leur inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Plusieurs réunions avec des organisations, groupes et individus ont été organisées par le comité afin d’examiner la version préliminaire du dossier de candidature. Le dossier contient des lettres de consentement standardisées provenant des communautés. De plus, certaines lettres provenant des communautés ne font pas mention de la candidature de l’élément mais d’autres éléments (ex. : l’artisanat, la culture et la fabrication de papyrus) ou d’églises (église de la Vierge Marie et de Saint Abanoub à Sebennytos). Ces lettres laissent penser que certains membres de la communauté n’ont pas totalement compris la Convention de 2003 et la candidature de l’élément pour l’inscription sur la Liste représentative. Nonobstant ce qui vient d’être expliqué et en prenant en compte toutes les informations mentionnées dans le dossier, les informations du dossier de candidature sont suffisantes et satisfont au critère R.4.
R.5 : L’élément est inscrit à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel depuis décembre 2019. L’Inventaire est tenu par la Commission nationale égyptienne pour l’UNESCO et est mis à jour tous les un à trois ans. Le dossier explique que l’autorité chargée de l’Inventaire national supervise la collecte des données relatives à tout élément du patrimoine culturel immatériel. Pour réaliser la mise à jour des éléments inscrits, les chercheurs compétents se rendent directement auprès des parties concernées et des praticiens pour obtenir les informations nécessaires. Les ajouts à l’inventaire sont réalisés sur la base de demandes adressées par la communauté locale. Les mises à jour des éléments existants consistent à ajouter aux fiches des images et des vidéos, des consentements de membres de la communauté ainsi que des informations complémentaires.
- Considère en outre que, sur la base des informations contenues dans le dossier et des clarifications fournies par l’État partie au Comité à sa présente session, le critère suivant pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité est satisfait :
R.3 : Le dossier a expliqué les mesures de sauvegarde passées et actuelles. Il fournit également des propositions de mesures de sauvegarde qui ont été développées avec l'implication des communautés, groupes et ONG concernés afin d'assurer une transmission et une promotion adéquates de l'élément, telles que l'inclusion de l'élément dans les programmes scolaires, la sensibilisation à l'élément et à son importance pour la diversité culturelle et le développement durable, la facilitation des études de terrain et des recherches pour une documentation plus approfondie. En outre, le dossier présente une autre série de mesures de sauvegarde, proposées par les communautés, qui comprennent le développement de l'infrastructure nécessaire aux pratiques et rituels associées pour accueillir le nombre croissant de croyants, qui viennent de différentes régions, et aider les résidents locaux de cet espace culturel à continuer à fournir des services bénévoles qui assureront la viabilité de l'élément et sa transmission d'une manière socio-économique durable. En outre, des efforts sont coordonnés entre les différents porteurs de l'élément, notamment les institutions officielles, les ONG et les praticiens locaux, afin de suivre le plan de sauvegarde et d'assurer sa mise en œuvre.
- Décide d’inscrire les festivités associées au voyage de la Sainte Famille en Égypte sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Invite l’État partie à s’assurer que les mesures de sauvegarde limitent de manière appropriée l’impact négatif potentiel d’une commercialisation excessive et d’une forte augmentation de la fréquentation touristique associés à l’élément, étant entendu que toutes les mesures de sauvegarde doivent avoir pour objectif le renforcement de la viabilité de l’élément ;
- Encourage l’État partie à sensibiliser les communautés, groupes et individus concernés à l’objectif et à la nature de la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Rappelle à l’État partie, lors de la soumission de candidatures à l’avenir, qu’il est nécessaire d’éviter les lettres de consentement standardisées et de s’assurer du consentement libre, préalable et informé des communautés concernées par l’élément.