Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.B.11

Le Comité

  1. Prend note que l’Équateur a proposé la candidature du pasillo, chant et poésie (nº 01702) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le pasillo est un type de musique et de danse né en Équateur au XIXe siècle, durant les guerres d’indépendance sud-américaines. Il s’agit d’une fusion entre différents éléments de musique indigène, comme le yaraví, et une variété complexe de genres musicaux comme le waltz, le menuet et le boléro espagnol. Le pasillo, comme l’indique sa signification, est dansé en « petits pas » par un couple. Produit de la culture urbaine, il est exécuté à l’occasion de bals, de cérémonies publiques, de festivals, de programmes de radio et de télévision, mais aussi de concerts en plein air. Cette pratique dynamique et en constante évolution peut être réalisée à la fois par un(e) soliste, un duo, un trio ou une troupe. Généralement accompagnée par des guitares et un requinto (guitare au son aigu), il s’agit principalement d’un poème musical, dont les paroles évoquent l’amour et les chagrins d’amour, la vie, la famille, la patrie et la vie quotidienne du peuple. Pour les Équatoriens, le pasillo est un véritable marqueur d’identité et un symbole du lien qui unit ce peuple à sa patrie qui, avec le temps, est également devenu une forme d’expression collective. La musique est exécutée aussi bien par les hommes que les femmes, et la pratique est transmise de génération en génération au sein des familles, dans les centres de formation officielle, et via les musiciens de rue et les groupes populaires ou municipaux.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : Le pasillo est un poème musicalisé dont les praticiens sont des auteurs, des compositeurs et des interprètes. Ils sont accompagnés par des guitares, des requintos, des bandolins, des harpes et des pianos, selon le contexte. La connaissance et les compétences sont transmises sous forme orale de génération en génération au sein des familles, des quartiers et des espaces publics. Il existe également des écoles de musique où la pratique est enseignée de manière formelle. L’élément constitue une source de cohésion sociale, renforce le sentiment d’appartenance à la patrie et encourage l’unité familiale. Il soutient également le secteur culturel et contribue au développement durable.

R.2 : À l’échelle locale et nationale, l’inscription encouragerait la mise en place d’espaces culturels et d’évènements musicaux supplémentaires, tout en soutenant les interprètes et artisans. Elle favoriserait la création de nouvelles écoles d’enseignement de l’élément, tout en sensibilisant à l’élément et au patrimoine culturel immatériel en général, et en garantissant l’exercice des droits culturels des communautés. En outre, la contribution que cette candidature apporterait au niveau international est démontrée en référence à l’Agenda 2030 pour le développement durable et notamment aux objectifs de développement durable sur la réduction de la pauvreté et sur les villes Elle attirerait également l’attention du monde entier sur un genre musical qui tire ses origines dans la musique andine de l’Équateur.

R.3 : Le dossier souligne les initiatives de sauvegarde passées et présentes qui ont été mises en œuvre par les praticiens, familles, institutions et entités gouvernementales. Les mesures de sauvegarde proposées dans les domaines de la transmission, de la promotion et de la recherche suivent un « modèle de gestion mixte » par lequel les entités étatiques responsables de la sauvegarde du patrimoine vivant deviennent des facilitateurs et coordonnent les actions de sauvegarde avec les porteurs et les communautés concernées. Une forte participation, notamment des communautés, groupes et individus concernés, est traduite dans l’élaboration des mesures de sauvegarde proposées et dans leur mise en œuvre prévue.

R.4 : Le dossier témoigne d’un processus inclusif, depuis l’inscription de l’élément sur la Liste représentative nationale jusqu’à la préparation du dossier de candidature. Des ateliers, réunions et séminaires ont été organisés afin de garantir un maximum de participation de la part de la communauté, et leur consentement libre, préalable et éclairé a été établi. Les lettres de consentement corroborent les affirmations du dossier.

R.5 : L’élément est inscrit dans le Système d’information du patrimoine culturel de l’Équateur, administré par l’Institut national du patrimoine culturel de l’Équateur. Certaines variations locales de l’élément ont été inscrites à différentes périodes entre 2014 et 2018. Le dossier démontre le rôle des communautés, groupes et individus concernés par l’élément dans le cadre de l’identification, de la définition et de l’inscription de l’élément sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Équateur. Le Système d’information est mis à jour à l’initiative de l’Institut national du patrimoine culturel, en collaboration avec les communautés.

  1. Décide d’inscrire le pasillo, chant et poésie sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Rappelle à l’État partie que la mise à jour constitue une part importante du processus d’inventaire, et l’invite à ajouter dans son prochain rapport périodique sur la mise en œuvre de la Convention à l’échelle nationale des informations détaillées sur la périodicité de mise à jour du Système d’information du patrimoine culturel de l’Équateur, conformément à l’article 12.1 de la Convention ;
  3. Félicite l’État partie pour un dossier faisant figure d’exemple de la façon dont l’inscription d’un élément sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité peut contribuer à assurer la visibilité, et la sensibilisation à l’importance du patrimoine culturel immatériel en général ;
  4. Félicite en outre l’État partie pour sa proposition de mesures de sauvegarde qui suit un « modèle de gestion mixte » impliquant les acteurs de la communauté et l’État ;
  5. Rappelle en outre à l’État partie de prendre particulièrement en compte les impacts potentiels non intentionnels de l’inscription sur la sauvegarde de l’élément.

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