Le Comité,
- Prend note que le Nigéria a proposé la candidature du kwagh-hir, représentation théâtrale (n 00683) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
La représentation théâtrale kwagh-hir est une forme d’art composite qui englobe un spectacle à la fois visuellement captivant et édifiant d’un point de vue culturel. Le kwagh-hir puise ses origines dans la tradition des contes du peuple tiv, le « kwagh-alom », une pratique dans le cadre de laquelle des conteurs créatifs invitaient les familles à écouter des récits, généralement à la tombée de la nuit après la journée de travail à la ferme. Au fil du temps les conteurs créatifs ont commencé à mettre ces histoires en scène, une pratique qui a donné lieu à la forme et à l’état actuels du kwagh-hir. Il s’agit d’un spectacle social qui peut divertir et donner des leçons de morale par la mise en scène et l’interprétation de réalités sociales actuelles et passées. En tant que forme de « théâtre total », le kwagh-hir intègre l’art des marionnettes, la mascarade, la poésie, la musique, la danse et les récits animés dans l’expression de la réalité du peuple tiv. Les luttes quotidiennes, les aspirations, les réussites et les échecs sont exprimés dans une mise en scène créative. Le théâtre kwagh-hir appartient à la communauté ; les connaissances et les savoir-faire sont transmis par l’apprentissage. Les personnes qui manifestent leur intérêt pour les activités de la troupe sont formées et encadrées jusqu’à ce qu’elles acquièrent un certain niveau de maîtrise ; elles sont ensuite acceptées dans la troupe. Les représentations sont menées de façon régulière afin d’assurer que l’art continue à vivre et que la jeune génération puisse continuer à s’y identifier.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Le kwagh-hir est une forme de théâtre total qui constitue un mécanisme culturel et traditionnel efficace de transmission des valeurs et des normes à la communauté. Cette représentation dynamique consiste en une mise en scène de contes oraux racontés par les détenteurs, qui expriment leur histoire, leur identité, leurs valeurs morales et leurs croyances religieuses. Ainsi, le théâtre kwagh-hir atténue les défis socioculturels, politiques, économiques et religieux de la société grâce aux messages qu’il transmet.
R.2 : L’élément étant régulièrement présenté lors de festivals nationaux, son inscription pourrait contribuer à sensibiliser au patrimoine culturel immatériel en lien avec l’élément mais également de manière plus générale. L’État soumissionnaire souhaite principalement mieux faire connaître la tradition et attirer les touristes et les chercheurs étrangers voulant explorer et perpétrer les traditions nigérianes. L’inscription donnerait également lieu à des débats internationaux et ouvrirait le dialogue sur cette forme artistique, ce qui favoriserait son appréciation par le public à l’échelle internationale.
R.5 : Le kwagh-hir a été inclus dans l’Inventaire des ressources culturelles nigérianes en 2006. La Division de l’UNESCO au sein du Département des relations culturelles internationales dépendant du Ministère fédéral de l’information et de la culture à Abuja en République fédérale du Nigéria est l’organisme responsable de la gestion de l’inventaire. L’inventaire fait l’objet d’une révision fondée sur les résultats du projet « Appui à la mise en œuvre effective de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au Nigéria », financé par l’UNESCO.
- Estime en outre que les informations contenues dans le dossier n’étaient pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivants sont satisfaits :
R.3 : L’État partie et les communautés concernées ont entrepris des mesures de sauvegarde depuis les années 1980. Les mesures de sauvegarde proposées s’inscrivent dans la continuité de ces efforts mais aucune mesure n’est proposée pour contrer les éventuels impacts de l’inscription sur la viabilité de l’élément. Bien que le tourisme soit mentionné comme une menace potentielle pour le kwagh-hir dans le dossier de candidature, le principal problème est qu’aucune mesure n’est proposée pour empêcher l’éventuelle décontextualisation de l’élément due à l’essor du tourisme.
R.4 : Le processus de candidature est décrit comme ayant été très participatif, incluant des consultations avec toutes les parties prenantes clés de l’élément. Cependant, le dossier ne contient qu’une seule lettre signée par treize personnes d’une des huit communautés décrites. Il n’est pas clair comment les autres communautés (Makurdi, Adikpo, Katsina-Ala, Zaki Biam, Konshisha, Vandeikya et Tarka) ont participé au processus de candidature, ce qui suggère que cela a été entrepris par un seul des nombreux groupes concernés par l’élément. La complexité des communautés à l’origine du processus de candidature et leur participation active à celui-ci doivent donc être clarifiées.
- Prend note en outre que, ayant estimé que les informations contenues dans le dossier n’étaient pas suffisantes pour déterminer si les critères R.3 et R.4 sont satisfaits et qu’un court processus de questions et réponses avec l’État soumissionnaire pourrait clarifier si la candidature remplit les critères concernés, l’Organe d’évaluation a décidé, conformément à la décision 13.COM 10, d’engager un processus de « dialogue » afin d’obtenir des informations concernant les questions suivantes :
R.3 : Quelles mesures seront prises pour garantir que la viabilité de l’élément ne sera pas menacée ? Par exemple, comment les mesures de sauvegarde empêcheront-elles l’éventuelle décontextualisation de l’élément résultant de l’essor du tourisme ?
R.4 : Étant donné que de nombreuses communautés autre que la communauté Gboko sont concernées par l’élément, comment ces autres communautés (Makurdi, Adikpo, Katsina-Ala, Zaki Biam, Konshisha, Vandeikya et Tarka) ont-elles participé au processus de candidature ?
- Prend note également des informations fournies à ce sujet par l’État soumissionnaire ainsi que de l’avis ultérieur de l’Organe d’évaluation, tel qu’il figure dans le document LHE/19/14.COM/INF.10, selon lequel les réponses fournies répondent de manière adéquate aux questions (incluses au paragraphe 4) ;
- Considère que, sur la base des informations contenues dans le dossier et des informations fournies par l’État soumissionnaire dans le cadre du processus de « dialogue », ainsi que de l’avis ultérieur de l’Organe d’évaluation, les critères R.3 et R.4 sont satisfaits ;
- Décide d’inscrire le kwagh-hir, représentation théâtrale sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Rappelle à l’État partie que la mise à jour est un aspect important du processus d’élaboration des inventaires et l’invite à inclure, dans son prochain rapport périodique sur la mise en œuvre de la Convention au niveau national, des informations sur la périodicité de la mise à jour de l’Inventaire des ressources culturelles nigérianes, conformément à l’article 12.1 de la Convention.