Le Comité
- Prend note que le Nigéria a proposé la candidature du Festival international de la culture et de la pêche d’Argungu (no 00901) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Tous les ans, les communautés se réunissent au nord-ouest du Nigéria pour participer au Festival international de la culture et de la pêche d’Argungu près de la rivière Matan Fada. Le festival de quatre jours, organisé entre la fin février et mars, inclut le kabanci, série de compétitions aquatiques comptant la pêche à mains nues, la course de canoë, la capture de canards sauvages, ainsi que d’autres pratiques traditionnelles telles que les formes locales de lutte et de boxe. Les hommes et les garçons de la communauté participent aux concours tandis que les femmes les encouragent, chantent et dansent. Antérieur à l’indépendance du Nigéria, le Festival international de la culture et de la pêche d’Argungu contribue au sentiment identitaire des participants et permet de maintenir la paix entre la communauté d’Argungu et la communauté voisine de Sokoto, à travers le partage de pratiques culturelles. Les connaissances transmises au sein des familles jouant un rôle de chefferie traditionnelle par le SarkiRuwa (responsable de la gestion de l’état sanitaire de la rivière) et l’Homa (chef des pêcheurs d’Argungu) sur la qualité de l’eau et les ressources halieutiques ont largement contribué à la continuité du festival. Les savoir-faire utilisés pour les activités du Festival sont transmis aux jeunes générations de manière formelle et informelle. L’enseignement est délivré, par exemple, dans le cadre de l’apprentissage notamment pour les techniques particulières de pêche, ou au sein des familles par l’observation.
- Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :
R.1 : Le dossier présente l’élément comme un facteur important d’appartenance et d’identité pour les habitants de la région de Kabi. Il renforce la cohésion sociale entre les différents groupes concernés (y compris entre hommes et femmes) en leur conférant un sentiment de continuité. Il inclut des concours et des rituels, y compris des concours de pêche à mains nues. Les détenteurs et praticiens sont les pêcheurs, les musiciens et les personnalités religieuses, mais des informations plus détaillées auraient été utiles. Les connaissances associées à l’élément se sont transmises de génération en génération dans le cadre de la tradition orale, de l’apprentissage et de la formation formelle. L’élément est compatible avec les instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme et les principes du développement durable puisqu’il permet de réguler la pêche dans la région ;
R.2 : Le dossier de candidature décrit l’élément comme une opportunité d’interaction entre les spectateurs et participants et comme un moyen de renforcer le dialogue, tout en préservant et en transmettant des rituels et des traditions à d’autres générations. L’inscription pourrait également renforcer la participation à différentes activités culturelles mobilisant la créativité humaine. Le dossier indique également que l’inscription offrirait un espace pour régler les problèmes sociaux. En outre, en raison de l’attention portée par les médias sur le Nigéria à cause de la vague de terrorisme (Bokoharam), l’inscription contribuera clairement à accroître la visibilité de la Convention et l’importance du patrimoine culturel immatériel en général ;
R.3 : La viabilité de l’élément a été assurée par les communautés concernées avec l’aide de l’État. Le dossier indique toutefois que la participation des communautés est subordonnée aux initiatives des responsables politiques et religieux. Les mesures de sauvegarde proposées, avec l’aide de l’État, incluent la recherche, la documentation et la protection des ressources et du caractère sacré de la rivière. La viabilité de l’élément, en sus des nécessités pour la vie locale, est assurée par un soutien étatique intensif et la contribution vitale du tourisme ainsi que les sphères politiques et religieuses de la société, tel que le dossier l’indique de manière convaincante ;
R.4 : La participation large et active des communautés et groupes concernés par la candidature est bien expliquée et l’État soumissionnaire a joint deux lettres de consentement remises par les responsables culturels, dont le secrétaire de la guilde des pêcheurs. Les groupes locaux de communautés sont et ont été impliqués, et ont également participé activement dans toutes les activités de sauvegarde mentionnées ci-dessus. Ceci est documenté de manière régulière par des agents culturels du Ministère fédéral du tourisme, de la culture et de l’orientation nationale ;
R.5 : L’élément a été inscrit, en 2007, à l’Inventaire national du patrimoine culturel oral et immatériel géré par le Département de la culture rattaché au Ministère fédéral du tourisme, de la culture et de l’orientation nationale du Nigéria. Cet inventaire a été élaboré par le Comité national pour le patrimoine culturel oral et immatériel avec les communautés concernées. Le département fédéral le met régulièrement à jour.
- Inscrit le Festival international de la culture et de la pêche d’Argungu sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.