Le Comité
- Prend note que le Kazakhstan et le Kirghizistan ont proposé la candidature de l’aitysh/aitys, art de l’improvisation (no00997) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
L’aitysh ou aitys est une compétition improvisée de poésie orale parlée ou chantée au son d’instruments de musique traditionnels : le dombra kazakh ou le komuz kirghiz. Deux interprètes (''akyns'') s’affrontent dans une improvisation poétique portant sur des sujets d’actualité. Leurs traits d’esprit alternent entre humour et profondes réflexions philosophiques. Lors de ces compétitions, les interprètes assis face à face improvisent un dialogue sur tout type de sujet proposé par le public. Est désigné vainqueur celui qui est considéré avoir démontré sa virtuosité musicale et rythmique, son originalité, son ingéniosité, sa sagesse et son esprit. Les expressions les plus éloquentes et les plus spirituelles deviennent souvent des dictons populaires. L’élément est pratiqué lors de diverses occasions, des fêtes locales aux événements nationales. Les praticiens s’en servent alors comme d’une tribune pour soulever des questions sociales importantes. Traditionnellement pratiqué par des hommes, l’aitysh/aitys l’est désormais également par des interprètes féminines qui expriment à travers cet art les aspirations et les points de vue des femmes. Aujourd’hui, l’aitysh/aitys est une composante culturelle très populaire des sociétés multiethniques du Kirghizistan et du Kazakhstan et constitue une partie primordiale de l’identité des communautés de détenteurs. Les interprètes les plus expérimentés enseignent et transmettent leurs connaissances et savoir-faire aux plus jeunes générations.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :
R.1 : L’aitysh/aitys fonctionne comme une plateforme de communication sociale au sein de la communauté et de la société au sens large ; les principaux détenteurs sont les interprètes eux-mêmes, hommes et femmes, épaulés par des chercheurs et spécialistes, tandis que la transmission des connaissances et des savoir-faire se fait principalement dans le cadre d’écoles musicales et de studios installés au domicile des professeurs ;
R.2 : L’improvisation poétique orale, en fonction du sujet choisi par un autre concurrent devant un public, représente une forme spécifique de dialogue public, et témoigne de la créativité humaine ; la candidature démontre la contribution potentielle de l’inscription à une prise de conscience de la signification des traditions et expressions orales en général, ainsi qu’à la visibilité du patrimoine culturel immatériel dans la région ;
R.3 : Afin d’assurer la viabilité continue de l’élément face à de possibles menaces, les communautés de praticiens et les deux gouvernements ont élaboré des activités incluant un renforcement des modes de transmission formels et non formels, de la documentation et de la recherche, une promotion continue et un suivi de la mise en œuvre, en accordant une attention toute particulière au caractère multinational de l’élément et à la coordination entre les États soumissionnaires ;
R.4 : Le dossier de candidature atteste d’une participation active de toutes les parties concernées dans sa conception et son élaboration ; un large éventail de preuves de consentement libre, préalable et éclairé de la communauté ont été fournies, notamment de la part de la communauté des Tokmo-Akyns ;
R.5 : L’inclusion de l’aitysh/aitys dans les inventaires des deux États soumissionnaires (depuis 2013 pour le Kazakhstan et 2007 pour le Kirghizistan) a été menée conformément aux articles 11 et 12 de la Convention.
- Inscrit l’aitysh/aitys, art de l’improvisation sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Encourage les États parties, lors de la promotion de l’élément au niveau international, à faciliter, autant que faire se peut, la traduction des paroles dans des langues de grande diffusion.