Windhoek, 2 décembre – Le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, réuni en Namibie jusqu’au 4 décembre a inscrit aujourd’hui vingt nouveaux éléments sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
La Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité est composée des expressions qui démontrent la diversité du patrimoine immatériel et qui font prendre davantage conscience de son importance. L’examen des candidatures d’inscription sur la Liste représentative est terminé pour cette année. Au total, 23 éléments ont été inscrit sur cette liste su 35 candidatures proposées.
Les éléments inscrits aujourd’hui sont :
Autriche – L’équitation classique et la Haute École de l’École d’équitation espagnole de Vienne
L’équitation classique à l’École d’équitation espagnole de Vienne est l’art traditionnel et la pratique de la reproduction, de l’élevage, du dressage et de la monte des chevaux lipizzans. Ses pratiques sociales variées et ses cérémonies et rituels sont basés sur la relation ancienne entre les éleveurs, les palefreniers, les artisans, les cavaliers et les chevaux. Les connaissances en matière d’élevage de chevaux et d’utilisation des équipements sont transmises aux élèves par les palefreniers et les cavaliers expérimentés. La tradition procure aux communautés de l’École un sentiment d’identité et assure la sauvegarde des techniques d’élevage des chevaux.
Azerbaïdjan - L’artisanat du cuivre de Lahidj
L’artisanat du cuivre de Lahidj est la pratique traditionnelle de fabrication et d’utilisation des produits en cuivre concentrée dans la communauté Lahidj, dans le Caucase. Le maître chargé de la fonte prépare le cuivre avant que le forgeron-marteleur le batte en plaques fines. Un artisan grave les plaques dont les motifs, qui portent sur l’environnement, témoignent des connaissances et valeurs traditionnelles. Les Azerbaïdjanais achètent les objets en cuivre pour les utiliser au quotidien. Cette pratique est transmise de père en fils et est perçue comme une marque claire de l’identité Lahidj.
Bulgarie - Le surova, festival populaire dans la région de Pernik
Le surova est un festival populaire qui a lieu dans les villages de la région de Pernik les 13 et 14 janvier pour fêter le Nouvel An. La nuit, un groupe de mascarade, le survakari, joue dans le centre du village en endossant le rôle de personnages – jeunes mariés, prêtre, ours – qui se rendent dans les maisons le jour suivant pour marier les jeunes couples et présager une bonne santé aux habitants. Un repas est offert et des dons sont collectés pour les plus défavorisés. Toutes les générations participent au festival, particulièrement les jeunes, ce qui renforce leur estime d’eux-mêmes.
Cambodge; Philippines; République de Corée; Viet Nam - Les rituels et jeux de tir à la corde
Les rituels et jeux de tir à la corde dans les cultures rizicoles d’Asie de l’Est et du Sud-Est sont pratiqués au sein des communautés pour assurer récoltes abondantes et prospérité. Ils marquent le début du cycle agricole et commencent souvent par des rites commémoratifs en hommage aux divinités locales. Ils sont souvent organisés devant la maison communale ou le sanctuaire du village. Deux équipes à chaque extrémité d’une corde tentent de tirer celle-ci de leur côté. Cette pratique non compétitive renforce la solidarité et l’identité communautaires. Les aînés dirigent les jeunes gens et les rituels.
Colombie; Équateur - Les musiques de marimba, les chants et les danses traditionnels de la région du Pacifique Sud colombien et de la province d’Esmeraldas d’Équateur
Les musiques de marimba, les chants et les danses traditionnels sont des expressions musicales intégrantes du tissu de la communauté des afro-descendants dans la région du Pacifique Sud colombien et de la province d’Esmeraldas en Équateur. La musique est créée par un xylophone, des tambours et des maracas. Les histoires et poèmes chantés accompagnés de danses ont lieu lors d’événements rituels, religieux et festifs pour célébrer la vie, une forme de culte des saints ou un adieu au défunt. La communauté est détentrice et praticienne de ces expressions qui renforcent l’appartenance au groupe et son identité. Cet élément, inscrit en 2010 par la Colombie, est désormais élargi à l’Équateur et remplace celui inscrit précédemment.
République populaire démocratique de Corée - La tradition de la préparation du kimchi dans la République populaire démocratique de Corée
Le kimchi est un plat à base de légumes préparé en assaisonnant différents légumes ou plantes sauvages avec des épices, des fruits, de la viande, du poisson ou des fruits de mer fermentés avant qu’ils ne subissent une fermentation lactique. Il est servi comme plat d’accompagnement à chaque repas et lors d’occasions spéciales. Bien que les différentes conditions climatiques locales et les préférences entraînent des variations de recettes, la préparation du kimchi est une coutume dans tout le pays. Les détenteurs et praticiens de l’élément sont principalement des femmes. Toutefois, avec la préparation de grandes quantités pour l’hiver, les membres de la famille, les voisins et d’autres membres de la communauté contribuent au renforcement de la cohésion sociale.
Éthiopie - Le Fichee-Chambalaalla, festival du Nouvel an des Sidamas
Le Fichee-Chambalaalla est une fête du Nouvel An célébrée par les Sidamas. Il commémore une femme qui apportait à ses proches un plat qui était partagé avec les voisins. De nos jours, des enfants se rendent chez leurs voisins qui leur servent du buurisame, un plat concocté avec de fausses bananes. Le festival inclut d’autres manifestations collectives qui se terminent par les conseils des chefs de clans à la communauté sur les vertus qu’il y a à travailler dur, par exemple. Transmis par les familles et la participation au festival, cette pratique encourage la coexistence pacifique et une bonne gouvernance.
Grèce - Le savoir-faire artisanal tiniote du marbre
L’art de la sculpture sur marbre est une expression de l’identité culturelle de Tinos. Les artisans du marbre possèdent des connaissances empiriques sur la structure et les propriétés des roches marbrières. La transmission suit des pratiques ancestrales : les savoir-faire sont transmis des maîtres aux apprentis, qui sont habituellement des membres de la famille. Les motifs traditionnels sont principalement de nature religieuse ou protectrice ; ils figurent souvent des cyprès, des fleurs, des oiseaux et des navires et sont installés sur les bâtiments, les églises et les cimetières. Les gravures réalisées sur divers récipients et impostes en marbre mettent l’accent sur la fertilité et la prospérité.
Indonésie - Trois genres de danse traditionnelle à Bali
Les danses traditionnelles balinaises, dansées par des hommes et des femmes, sont réparties en trois catégories – sacrée, semi-sacrée et destinée au divertissement des communautés en général. Symbolisant des traditions, coutumes et valeurs religieuses particulières, les danses sont constituées de divers mouvements et expressions faciales sur une musique produite par un gamelan. Les danseurs, vêtus de costumes aux couleurs vives et aux motifs floraux et animaux, doivent faire preuve de discipline, d’humilité, de charisme et doivent insuffler une énergie spirituelle à leurs performances. Les danses sont principalement transmises de manière informelle à des groupes d’enfants.
Kazakhstan- Kirghizistan - L’aitysh/aitys, art de l’improvisation
L’aitysh ou aitys est une compétition improvisée de poésie orale parlée ou chantée entre deux personnes au son d’instruments de musique traditionnels comme le dombra kazakh. Le public choisit les sujets et le gagnant est celui qui démontre la plus grande virtuosité musicale et rythmique, son originalité et son esprit. L’aitysh/aitys est une composante culturelle populaire des sociétés et une partie de l’identité des communautés de détenteurs multiethniques du Kirghizistan et du Kazakhstan qui est pratiqué lors de diverses occasions, des fêtes locales aux événements nationaux, souvent pour soulever des questions sociales importantes. La transmission est faite des générations les plus anciennes aux plus jeunes.
Namibie - Le oshituthi shomagongo, festival des fruits du marula
Le festival des fruits du marula, appelé Oshituthi shomagongo, est organisé sur deux à trois jours entre fin mars et début avril. Il réunit les huit communautés Aawambo du nord de la Namibie autour de la consommation de l’omagongo, une boisson élaborée à partir des fruits du marula. Pour la préparer, les hommes sculptent des ustensiles ; les femmes fabriquent des paniers et des pots, et ramassent les fruits avec les enfants avant d’en extraire le jus pour fermentation. On chante des chants traditionnels, on récite des poèmes et on discute des choses de la vie. Transmis par l’observation et la participation, l’élément unit générations et communautés.
Pérou - La danse Wititi de la vallée du Colca
La danse du Wititi de la vallée du Colca est une danse populaire traditionnelle associée au passage à l’âge adulte. Elle est dansée par les jeunes pendant les fêtes religieuses de la saison des pluies. Des couples en costume traditionnel forment des rangées et dansent au son de la musique d’un groupe. La danse coïncide avec le début d’un nouveau cycle de production agricole et symbolise le renouveau de la nature et de la société. Les compétitions entre villages renouvellent cette pratique tout en renforçant les liens sociaux et l’identité culturelle. La transmission a lieu à l’école et lors des réunions familiales.
Roumanie - Les danses des garçons en Roumanie
Les danses des garçons sont un type de danse populaire masculine roumaine pratiquée lors d’événements festifs et de performances sur scène. Un chef de danse forme le groupe tandis qu’un autre mène la danse. Les participants peuvent être âgés de 5 à 70 ans et comprennent des danseurs hongrois, roms et roumains, contribuant au dialogue interculturel et à la cohésion sociale. Cette danse aide les jeunes hommes à renforcer leur statut au sein des communautés traditionnelles, particulièrement aux yeux des jeunes filles et de leur famille dans la perspective d’un mariage.
Arabie saoudite - Alardah Alnajdiyah, danse, tambours et poésie d’Arabie saoudite
L’Alardah est un spectacle traditionnel qui associe danses, percussions et poésie chantée et qui est considéré comme fondamental par les communautés qui le pratiquent. Un interprète chante des vers ensuite repris par d’autres interprètes qui portent des épées et qui se déplacent au rythme des tambours. Présenté lors d’événements familiaux, locaux et nationaux, il est exécuté par les hommes tandis que les femmes conçoivent les costumes. Ni l’âge ni la classe n’empêchent de participer, aidant ainsi à la cohésion sociale. Des individus, des écoles, des troupes, le voisinage et les provinces transmettent l’Alardah.
Slovaquie - La culture de la cornemuse
La culture de la cornemuse est présente dans toute la Slovaquie, comprenant la fabrication d’instruments, le répertoire musical, le style et l’ornementation, la danse, les expressions verbales particulières et les coutumes populaires. Nombre de ses caractéristiques symbolisent la culture populaire traditionnelle du pays et sont liées à son environnement, comme les matériaux utilisés pour la fabrication d’instruments. Une communauté s’enorgueillit de posséder un joueur de cornemuse lors d’évènements locaux, la musique générant un sentiment d’identité pour le public. Les savoir-faire sont transmis au sein des familles et des communautés par une formation formelle et informelle.
Turkménistan - Le chant épique Görogly
Le chant épique Görogly est une tradition de spectacle oral narrant les exploits du héros légendaire national Görogly et ses quarante cavaliers. Les praticiens sont des interprètes turkmènes spécialisées dans ce chant épique qui comprend narration, chant, poésie, improvisation vocale et musique. Il donne aux communautés détentrices un sentiment fort d’identité, reflète les aspirations des Turkmènes au bonheur, et promeut des valeurs telles que le courage, l’honnêteté, l’amitié, et l’équité. Les maîtres associent l’enseignement informel et la transmission des savoir-faire pendant les représentations publiques.
Émirats arabes unis – Oman - L’Al-Razfa, un art traditionnel du spectacle
Al-Razfa est un art du spectacle populaire aux Émirats arabes unis et Sultanat d’Oman qui était à l’origine pratiqué comme une célébration de la victoire. C’est maintenant une forme de divertissement communautaire lors d’événements festifs qui voient des groupes d’hommes tenir des répliques de fusils en bois en chantant des vers, souvent de poésie traditionnelle nabati, sur de la musique. De jeunes filles participent parfois en agitant leurs cheveux au son des instruments. Les instruments et la musique ont été adaptés pour plaire à un public plus jeune. Les savoir-faire sont transmis de manière informelle au sein des familles.
Émirats arabes unis; Arabie saoudite; Oman; Qatar – Le Majlis, un espace culturel et social
Les Majlis, « endroits pour s’asseoir », sont des lieux où les membres de la communauté se réunissent pour discuter des événements et des enjeux locaux, échanger des nouvelles et se divertir. Ils jouent un rôle important dans la transmission du patrimoine oral. Ce sont généralement de grands espaces confortables équipés pour préparer des boissons. Les aînés possédant de vastes connaissances locales sont considérés comme ses véritables détenteurs alors que les juges et les cheikhs arbitrent les conflits. Les femmes disposent de leurs propres Majlis, même si certaines femmes importantes fréquentent d’autres Majlis, à caractère plus intellectuel. Cette pratique est transmise par la présence d’enfants aux côtés des membres de la communauté plus âgés.
Émirats arabes unis; Arabie saoudite; Oman; Qatar - Le café arabe, un symbole de générosité
Servir du café arabe est un aspect important de l’hospitalité dans les sociétés arabes. Traditionnellement, le café est préparé devant les invités par des hommes et des femmes et est aussi servi par les cheikhs et les chefs de tribus. Les grains sont grillés, moulus dans un mortier avec un pilon et ensuite infusés dans une cafetière. L’invité le plus important ou le plus âgé est servi le premier. Cette pratique est transmise au sein des familles et comprend l’éducation des jeunes par les aînés pour choisir les grains au marché.
Venezuela (République bolivarienne du) - Les connaissances et technologies traditionnelles liées à la culture et à la transformation de la curagua
Les connaissances et technologies traditionnelles liées à la culture et à la transformation de la curagua jouent un rôle important dans le façonnage de l’identité des communautés vivant dans la municipalité d’Aguasay. Grâce à leur force, les hommes extraient et préparent les fibres de curagua qui sont utilisées par les femmes pour tisser des produits artisanaux comme le hamac, emblème traditionnel de la région. Promouvant la coopération et l’entraide pour dépasser les barrières ethniques, socioculturelles et de genre – les femmes générant des revenus importants –, la transmission est principalement effectuée au sein des familles par la tradition orale.
Réunion :
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10e session du Comité intergouvernemental (30 novembre 2015 – 4 décembre 2015)