Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.b.2

Le Comité

  1. Prend note que la Roumanie a proposé la candidature des groupes de musique traditionnelle de Roumanie (n  01594) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le groupe de musique traditionnelle de Roumanie est un groupe instrumental composé d’au moins trois musiciens qui jouent, sur trois instruments différents, la mélodie, les arrangements harmoniques et l’accompagnement rythmique-harmonique. Le groupe peut compter plus de trois instrumentistes mais le nombre d’instruments reste le même. Deux sections sont mises en avant : la première section fixe la base mélodique des textes musicaux traditionnels, tandis que la seconde soutient l’accompagnement rythmique-harmonique. Le dulcimer, le luth, le premier et le second violon, la cornemuse, l’accordéon et l’harmonica peuvent jouer simultanément les deux rôles. Les meilleurs groupes sont ceux qui entretiennent des relations directes avec les danseurs et, si les musiciens savent eux aussi danser, la connexion est particulièrement harmonieuse. Les groupes de musique traditionnelle se produisent à l’occasion de la hora (la danse de village du dimanche). Il existe également dans la plupart des villages des groupes de danseurs dont chacun possède son répertoire habituel qui doit être accompagné par des groupes de musique. Le plus souvent, les groupes de musique se produisent lors des mariages. En raison de leur talent, les membres des groupes de musique sont très respectés par leur communauté locale. La présence de membres de groupes de musique dans la communauté renforce la cohésion sociale et contribue à l’harmonie interculturelle dans les localités où vit une population pluriethnique.

  1. Estime que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivants sont satisfaits :

R.1 :  La candidature porte principalement sur le groupe de musique lui-même (en tant que groupe d’individus) souvent formé de membres d’une même famille, notamment au sein du groupe ethnique rom. Les membres des groupes sont surtout des hommes – même si les femmes peuvent également participer – de tous âges et de diverses catégories socio-professionnelles. Le dossier indique également que la transmission de la pratique se fait soit au sein des familles de musiciens (dans les villages), soit dans un cadre formel, par exemple dans des écoles de musique et des écoles d’art traditionnel (dans les villes). Toutefois, les informations sont insuffisantes pour déterminer le périmètre exact de l’élément transmis. Les caractéristiques de l’élément doivent être mieux précisées, notamment en ce qui concerne ses fonctions sociales et culturelles. En outre, les explications concernant le respect mutuel entre les communautés ne sont pas totalement satisfaisantes, d’autant plus que diverses communautés sont impliquées.

R.2 :  Le dossier ne montre pas dans quelle mesure l’inscription de l’élément contribuerait à assurer la visibilité et la prise de conscience de l’importance du patrimoine culturel immatériel en général, sauf pour les groupes de musique traditionnelle, ni comment ce résultat pourrait être atteint aux différents niveaux (local, national et international). Au contraire, le dossier aborde uniquement la visibilité et la prise de conscience de l’importance de l’élément lui-même.

R.3 :  Les efforts passés et en cours pour assurer la viabilité de la pratique reposent principalement sur des événements sociaux et culturels organisés par des particuliers, des autorités locales, des groupes folkloriques et des organisations non gouvernementales, pendant lesquels les groupes se produisent. Certaines organisations non gouvernementales mettent aussi en place des cours de musique et de danse traditionnelles aux niveaux national et international. Les initiatives de l’État en matière de sauvegarde incluent l’élaboration d’un cadre légal pour la reconnaissance du patrimoine culturel immatériel, ainsi que des efforts de documentation et de recherche portés par des musées, les archives nationales et des universités. Les mesures de sauvegarde proposées sont présentées de manière structurée, mais leur formulation est trop générale. En outre, il manque dans le dossier des informations relatives à la méthodologie utilisée pour impliquer les membres des communautés concernées dans la préparation de ces mesures.

R.4 :  Le dossier ne fournit pas assez d’éléments prouvant la participation des membres des communautés concernées au processus de candidature. Les informations sont insuffisantes sur la manière dont les praticiens sont à l’origine du processus de candidature et la façon dont ils ont contribué à la préparation des mesures de sauvegarde proposées. De même, les méthodes de travail avec les détenteurs (membres des groupes de musique) et la nature de leur implication dans la préparation du dossier ne sont pas suffisamment expliquées. En ce qui concerne les lettres de consentement ou les lettres de soutien à la candidature, il convient de remarquer qu’un formulaire assez standardisé a été utilisé et qu’aucune lettre provenant des musiciens eux-mêmes n’a été jointe au dossier.

R.5 :  Les groupes de musique traditionnelle de Roumanie figurent à l’Inventaire des éléments du patrimoine culturel immatériel en Roumanie depuis mars 2018. La candidature indique que l’inventaire est mis à jour tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. Cependant, la périodicité et les modalités de la mise à jour ne sont pas précisées. En outre, les informations concernant la participation de la communauté à l’identification des groupes de musique sont insuffisantes.

  1. Décide de renvoyer la candidature des groupes de musique traditionnelle de Roumanie à l’État partie soumissionnaire et l’invite à resoumettre la candidature révisée au Comité pour examen au cours d’un cycle ultérieur ;
  2. Encourage l’État partie, lors de la soumission future de dossiers de candidature, à garantir l’implication la plus large possible des communautés concernées et à éviter d’inclure des lettres de consentement standardisées ;

  3. Rappelle qu’il est important d’utiliser un vocabulaire conforme à l’esprit de la Convention et d’éviter des termes comme « spécifique » ou « authenticité » ;

  4. Rappelle en outre qu’il est important que l’État partie s’assure, dans ses prochains dossiers de candidature, que tous les documents, y compris les lettres de consentement, mentionnent le bon mécanisme d’inscription sur les listes de la Convention de 2003.

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