La Ley de Protección y Defensa del Patrimonio Cultural (la loi vénézuélienne sur la protection et la défense du patrimoine culturel) de 1993 décrétait la création d’un Instituto del Patrimonio Cultural, l’IPC (Institut du patrimoine culturel, http://www.ipc.gob.ve), dont l’une des taches principales consiste a dresser l’inventaire du patrimoine culturel vénézuélien. Au cours d’une première campagne d’inventaire, 610 biens culturels seulement ont été proclamés, dont 476 architecturaux (d’époque coloniale). L’Institut a pris conscience du fait que cette situation ne reflétait pas la richesse et la variété du patrimoine culturel du pays et a ainsi décidé, en 2003, d’engager un nouveau projet d’inventaire qui visait à refléter toutes les formes de patrimoine culturel de toutes les municipalités du Venezuela. En 2005, 68 000 expressions du patrimoine matériel et immatériel avaient été enregistrées et le projet devait, a terme, compter environ 110 000 expressions inventoriées.
Le nouvel inventaire avait pour but de refléter les manifestations culturelles ayant de la valeur pour les communautés elles-mêmes. Ce faisant, il rejetait les principes appliques jusqu’alors, qui voulaient que la valeur exceptionnelle d’une manifestation soit définie par un spécialiste et que le patrimoine fasse l’objet d’une appropriation par l’ensemble de la société au moyen des politiques publiques. L’objectif final du nouvel inventaire était au contraire d’enregistrer toutes les activités, manifestations, produits ou expressions culturelles qui représentent et caractérisent socialement chaque communautés et chaque groupe vénézuélien. Le critère de base de l’inventaire était le caractère représentatif du patrimoine culturel matériel et immatériel pour les communautés et les groupes, prévoyant également d’inscrire les personnes possédant des savoir-faire distinctifs qui symbolisent une identité collective.
Le travail de terrain a débuté en 2004 avec la collecte d’informations, à l’échelle municipale, a partir de questionnaires préexistants qui se sont révélés être d’une efficacité limitée, car ils n’exprimaient pas le principe de représentativité et ne comportaient pas de questions permettant de distinguer d’autres formes de patrimoine que les monuments ou les sites. De nouveaux questionnaires ont donc été élaborés dans l’idée qu’une question conduirait a la suivante, en ménageant une souplesse suffisante pour compiler et réviser ultérieurement les informations recueillies. Le critère d’évaluation utilise pour déterminer le caractère représentatif était la nécessité de prouver l’évidence d’une valorisation collective des biens culturels destines à être enregistres. Faute de cette évidence, les éléments étaient rejetés.
La collecte d’informations a été organisée par des employés du secteur de la culture, des étudiants, des volontaires et par le réseau des enseignants locaux, qui est l’un des réseaux publics les plus étendus du pays. Les communautés ont été informées de la portée et des objectifs du projet et du fait que seules les informations qu’elles voulaient communiquer seraient publiées dans le Catálogos del Patrimonio Cultural Venezolano, une série de plus de 200 volumes qui présente les résultats de l’inventaire dans 335 municipalités. Le patrimoine culturel a été enregistre, pour chacune des municipalités, sous cinq catégories : los Objetos (objets), lo Construido (patrimoine bâti), la Creación Individual (création individuelle), la Tradición Oral (tradition orale) et las Manifestaciones Colectivas (manifestations collectives).
Une équipe de rédaction et d’édition a été chargée de ramener l’information a une brève description de chacun des éléments, pour des raisons pratiques liées a la publication de l’inventaire. Le reste des informations écrites et audiovisuelles figure sous forme numérique dans une banque de données centrale de l’IPC, en vue d’être mis a la disposition du public par l’Internet et d’autres moyens. Il est également prévu de publier un CD contenant le patrimoine culturel de chaque région administrative vénézuélienne et un projet de cartographie culturelle. L’inventaire est considéré comme un outil culturel et éducatif majeur a utiliser dans le cadre des politiques de développement.
D’un point de vue juridique, le Tribunal Supremo de Justicia (la Cour suprême vénézuélienne) a décrété que tout patrimoine culturel dument enregistre et publie dans l’inventaire fait l’objet d’une protection au titre de la Loi sur la protection et la défense du patrimoine culturel. Lors de l’allocation des ressources financières destinées a la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel inventorie, priorité est donnée au patrimoine culturel menace de disparition. Aujourd’hui, plus de 84 000 expressions culturelles ont été inventoriées et plus de 160 Catálogos ont été publies et sont disponibles gratuitement dans toutes les institutions culturelles, sociales et éducatives de chaque municipalité.