Décision du Comité intergouvernemental : 8.COM 7.a.12

Le Comité

  1. Prend note que l’Ouganda a proposé la candidature de la tradition de l’empaako des Batooro, Banyoro, Batuku, Batagwenda et Banyabindi de l’ouest de l’Ouganda (n  00904) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

L’empaako est un système d’attribution de nom pratiqué par les Batooro, Banyoro, Batuku, Batagwenda et Banyabindi, qui consiste à attribuer aux enfants l’un des douze noms communs aux communautés en plus de leur prénom et de leur nom de famille. Le fait de s’adresser à quelqu’un par son nom empaako est une manière d’affirmer avec force l’existence des liens sociaux. L’empaako peut être utilisé pour saluer une personne ou en guise de témoignage d’affection, de respect, d’honneur ou d’amour. L’utilisation de l’empaako apaise les tensions ou la colère et envoie un message fort d’identité et d’unité sociale, de paix et de réconciliation. L’empaako est attribué au cours d’une cérémonie qui a lieu dans le foyer et qui est présidée par le chef du clan. Le bébé est remis aux tantes paternelles qui examinent ses traits. Ses ressemblances avec d’éventuels membres de la famille constituent la base du choix du nom. Le chef de clan déclare alors le nom à l’enfant. Les participants à la cérémonie partagent un repas à base de millet et de viande de bœuf fumée. Ils offrent des présents au bébé et plantent un arbre en son honneur. La transmission de l’empaako par des rituels traditionnels d’attribution de nom a considérablement diminué en raison du déclin général de l’appréciation de la culture traditionnelle et l’utilisation décroissante de la langue associée à l’élément.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :

U.1 :  Partagé et transmis de génération en génération, le système empaako d’attribution de noms renforce le sentiment d’appartenance parmi ses membres, instaure un réseau relationnel au sein des populations et des familles, et favorise l’harmonie et l’intégration sociales ;

U.2 :  Malgré les efforts déployés par les communautés et les institutions claniques, ainsi que par les organisations non gouvernementales et le gouvernement, la viabilité de l’empaako est confrontée à différentes menaces, parmi lesquelles la baisse de la pratique des rituels d’attribution de noms dans les familles et les clans locaux, la baisse de l’usage de la langue associée à l’élément et la forte opposition de groupes religieux ;

U.3 :  Les mesures de sauvegarde proposées sont très diverses et incluent la recherche, la documentation et la sensibilisation ; avec la participation active des praticiens qui reste à améliorer, elles peuvent permettre aux communautés concernées d’élargir la pratique et la transmission de l’empaako ; les activités proposées auraient dû être mieux adaptées aux menaces identifiées et alignées aux objectifs et résultats escomptés ; en outre, le budget proposé est inexact et manque de sources de financement clairement identifiées, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la faisabilité des mesures proposées ;

U.4 :  De nombreuses parties prenantes, notamment les autorités des chefferies et les royaumes traditionnels, les conseils gouvernementaux locaux, les représentants claniques et communautaires, les femmes et les jeunes, ont participé au processus de candidature et ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé ;

U.5 :  À travers la participation d’une organisation non gouvernementale et le soutien de la Commission nationale ougandaise pour l’UNESCO et le Ministère du tourisme, de la faune et du patrimoine, l’élément a été inclus dans l’inventaire national du Ministère du genre, du travail et du développement social ;

  1. Inscrit la tradition de l’empaako des Batooro, Banyoro, Batuku, Batagwenda et Banyabindi de l’ouest de l’Ouganda sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Note avec satisfaction le souhait de l’État partie de sauvegarder une institution sociale partagée par plusieurs communautés qui favorise l’harmonie et l’intégration sociales entre elles ;
  3. Reconnaît le large soutien dont bénéficie la pratique et l’importance qui lui est accordée, comme en témoignent les très nombreux documents relatifs au consentement qui ont été soumis ;
  4. Recommande vivement à l’État partie de s’assurer que les mesures de sauvegarde impliquent pleinement la participation active des communautés et des autres parties concernées, et qu’elles apportent des réponses aux menaces réelles qui pèsent sur l’élément, mais avertit que la publicité ne saurait constituer le meilleur moyen de sensibilisation ;
  5. Invite l’État partie à présenter une demande d’assistance internationale au Fonds du patrimoine culturel immatériel ainsi qu’à d’autres sources de financement international appropriées, afin de mobiliser des ressources supplémentaires pour la mise en œuvre des mesures de sauvegarde nécessaires;
  6. Demande au Secrétariat, dans la limite des ressources disponibles, d’offrir une assistance à l’État partie pour la préparation de demandes de financement international, s’il décide d’en soumettre à un ou plusieurs des fonds internationaux de l’UNESCO ;
  7. Invite l’État partie à soumettre un rapport sur la mise en œuvre des mesures de sauvegarde, et particulièrement sur la participation des praticiens et d’autres parties prenantes concernées et sur la manière dont ces mesures répondent aux menaces réelles qui pèsent sur l’élément, pour examen par le Comité à sa dixième session, en conformité avec le paragraphe 161 des Directives opérationnelles.

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