Décision du Comité intergouvernemental : 8.COM 7.A.11

Le Comité

  1. Prend note que l’ex-République yougoslave de Macédoine a proposé la candidature du glasoechko, chant d’hommes à deux voix du bas Polog (n  00737) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Le glasoechko, chant d’hommes à deux voix, est une forme musicale vocale traditionnelle transmise oralement de génération en génération qui s’inscrit dans la tradition locale et l’identité culturelle de la population du bas Polog. Le nom même de l’élément évoque son rôle communautaire, mettant en relief ses fonctions sociales et culturelles lors des célébrations, mariages et autres fêtes où il est spontanément exécuté par des groupes de deux ou trois hommes. Les chants du glasoechko sont polyphoniques, avec un bourdon fournissant un contrepoint à la mélodie principale. Il s’agit de chants épiques mythologiques ou de chants d’amour lyriques, souvent accompagnés par une flûte de berger et des cornemuses. Le glasoechko présente des variantes d’un village à l’autre, notamment des différences d’intonation. Les détenteurs de cette tradition sont des chanteurs éminents qui ont acquis leur savoir par apprentissage direct auprès de prédécesseurs talentueux. Actuellement, il reste peu d’interprètes de glasoechko, en grande partie à cause de l’émigration. Avec le temps, on a constaté la marginalisation des chants traditionnels du glasoechko lors des célébrations, et ce manque de visibilité a entraîné un désintérêt des jeunes générations, tendance exacerbée par la complexité de la musique qui rend difficile l’éveil de l’intérêt et la transmission des techniques et des connaissances.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :

U.1 :  Le chant glasoechko, transmis de génération en génération, incarne les valeurs, l’histoire orale et la mythologie des habitants de la région du bas Polog et procure à sa communauté un sentiment d’identité et de continuité ;

U.2 :  Le glasoechko est exposé à une série de menaces, notamment du fait que les jeunes ne veulent pas s’investir dans la maîtrise de cette tradition complexe, du manque de documentation adéquate, de financements insuffisants pour les mesures de sensibilisation et de l’émigration consécutive aux conflits récents ;

U.5 :  Le glasoechko est inclus en tant que patrimoine culturel exceptionnel dans le Registre national du patrimoine culturel conservé par le Ministère de la culture.

  1. Décide en outre que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature ne satisfait pas aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :

U.3:   La candidature ne fournit pas d’informations détaillées sur le plan de sauvegarde proposé ; les formulations sont de vagues expressions d’intention, les objectifs et les résultats attendus ne sont pas définis, il n’y a ni calendrier ni budget ; les mesures ne rendent pas compte de la participation – passée ou future – de la communauté, ni d’une coordination des efforts entre celle-ci et l’État ;

U.4:   Bien que deux groupes de musiciens aient apporté leur soutien et fourni des informations lors du processus de candidature, celle-ci ne démontre pas clairement la participation la plus large possible des membres de la communauté à son élaboration ; les documents attestant de leur consentement libre, préalable et éclairé sont uniformes et la mesure dans laquelle ils représentent les points de vue de la communauté au sens large n’est pas claire ;

  1. Décide de ne pas inscrire le glasoechko, chant d’hommes à deux voix du bas Polog sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Encourage l’État partie à élaborer avec la communauté concernée un plan de sauvegarde cohérent avec des objectifs et des résultats attendus qui répondent directement aux menaces identifiées, avec des mesures concrètes, un budget détaillé et un calendrier de mise en œuvre rigoureux, avec des rôles bien définis des parties prenantes et des ressources clairement identifiées pour sa mise en œuvre ;
  3. Encourage en outre l’État partie à accorder une attention particulière à la participation des communautés dans tous les processus liés à la sauvegarde de l’élément, notamment l’établissement et la mise à jour d’inventaires, ainsi que la préparation et la mise en œuvre de plans de sauvegarde ;
  4. Recommande à l’État partie d’inviter les praticiens du glasoechko à fournir leur consentement libre, préalable et éclairé de façon personnalisée, plutôt que standardisée.

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