Décision du Comité intergouvernemental : 7.COM 8.1

Le Comité

  1. Prend note que le Botswana a proposé la candidature du savoir-faire de la poterie en terre cuite dans le district de Kgatleng au Botswana en vue de son inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

L’art de la poterie en terre cuite est pratiqué dans la communauté des Bakgatla ba Kgafela au sud-est du Botswana. Les femmes qui font de la poterie utilisent de la terre glaise, du grès altéré, de l’oxyde de fer, de la bouse de vache, de l’eau, du bois et de l’herbe pour faire des pots de formes, motifs et styles divers qui rappellent les croyances et les pratiques traditionnelles de la communauté. Les pots servent à stocker la bière, assurer la fermentation de la farine de sorgho, aller chercher l’eau, faire la cuisine, pour le culte des ancêtres et les rituels traditionnels des guérisseurs. Au moment de la collecte de la terre, la maître-potière communique avec les ancêtres par la voie de la méditation pour qu’ils la guident vers le lieu idéal. Après avoir été recueilli, le grès altéré et l’argile sont pilés au mortier, puis broyés et tamisés, et les poudres ainsi obtenues sont mélangées avec de l’eau pour faire de la terre glaise. Les pots sont modelés en forme arrondie, conique ou ovale, depuis la base en terminant par un bord circulaire, et sont lissés avec une palette en bois. Une fois décorés, ils sont placés dans un four fosse. Le savoir-faire de la poterie en terre cuite se transmet aux filles et aux petites-filles par l’observation et la pratique. Toutefois, la pratique risque de disparaître en raison du nombre décroissant de maîtres-potières, des prix bas des produits finis et de l’usage de plus en plus répandu de récipients produits en série.

  1. Décide que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n  00753, le savoir-faire de la poterie en terre cuite dans le district de Kgatleng au Botswana satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.1 :  Pratiquée et transmise par la communauté Bakgatla ba Kgafela depuis son arrivée dans le district de Kgatleng au Botswana il y a un siècle et demi, la poterie en terre cuite est une manifestation du système de croyance reliant la population avec ses ancêtres, les dirigeants de la communauté et leur environnement naturel et social ;

U.2 :  La pratique nécessite une sauvegarde urgente en raison du très faible nombre de praticiennes et de leur âge avancé, du manque d’intérêt pour l’apprentissage des savoir-faire et des connaissances parmi les jeunes, de la concurrence induite par la production et l’utilisation d’ustensiles fabriqués de manière industrielle et du faible rendement économique de la poterie en terre cuite ;

U.3 :  Les mesures de sauvegarde proposées cherchent à renforcer la transmission auprès des artisanes des connaissances et savoir-faire de fabrication de la poterie, à assurer des sources durables de matières premières et à encourager la communauté à diversifier la production ;

U.4 :  Lors de la préparation de la candidature, les autorités traditionnelles et les potières elles-mêmes ont été pleinement consultées et ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé ; en outre, l’inscription de l’élément et la mise en œuvre des mesures de sauvegarde respecteront les restrictions coutumières liées à la collecte des matières premières et à certains rituels qui sont pratiqués au cours de la fabrication de la poterie ;

U.5 :  Le savoir-faire de la poterie en terre cuite a été inclus en 2010 dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel du district de Kgatleng qui est géré par le Musée de Phuthadikoba et le Département des arts et de la culture du Ministère de la jeunesse, des sports et de la culture ;

  1. Inscrit le savoir-faire de la poterie en terre cuite dans le district de Kgatleng au Botswana sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Félicite l’État partie pour avoir présenté les aspects spirituels liés à la nature de la pratique, ainsi que ceux liés à la durabilité écologique, tenant pleinement compte des points de vue de la communauté concernée ;
  3. Note que la pratique a bénéficié d’un certain nombre d’efforts passés et plus récents déployés par le gouvernement du Botswana afin de la sauvegarder, notamment la revitalisation de l’école d’initiation de femmes, divers événements nationaux et le projet de coopération Fonds-en-dépôt UNESCO/Flandres ;
  4. Encourage l’État partie à s’assurer que les mesures de sauvegarde respectent pleinement le contexte traditionnel dans lequel la pratique se déroule et la signification symbolique de la poterie, et que les efforts pour diversifier la production et la distribution ne promeuvent pas une standardisation excessive ou ne dénaturent pas la pratique en tant que patrimoine culturel immatériel.

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