Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.C.1

Le Comité

  1. Prend note que le Panama a proposé le programme de pratiques de sauvegarde du PCI pour le Festival culturel et écologique des tortues marines d’Armila (n  01888) en vue de sa sélection et de sa promotion par le Comité en tant que programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention :

Depuis des siècles, le peuple kuna d’Armila, au Panama, vivent en harmonie avec leur environnement naturel et la faune locale, un lien qui s’exprime dans les traditions orales. Suite au déclin de la transmission de ces traditions orales et pour renforcer les pratiques artisanales, les expressions rituelles, les danses et la musique associées à la nature, les autorités locales et les communautés mettent en œuvre un programme de sauvegarde centré autour de l’organisation d’un festival éducatif. Incluant les communautés voisines, cette manifestation de quatre jours coïncide avec l’arrivée des grandes tortues luth, un élément clé des récits locaux, qui permet de comprendre les traditions et les relations des communautés avec la mer et l’environnement naturel. Le programme de sauvegarde repose sur l’intégration d’éléments éducatifs dans les festivals culturels et sur un mélange de contenus relatifs à la nature, à l’univers et aux traditions orales. L’un de ses objectifs et de ses résultats a été la création d’un « écolabel patrimoine culturel immatériel » pour les festivals dont les pratiques sont respectueuses de l’environnement. Il a également relancé les contes sur les tortues et d’autres traditions orales, notamment auprès des enfants. Ce modèle a influencé des festivals et des fêtes dans l’ensemble du Panama et peut être adapté à des festivals d’autres pays.

  1. Considère que, sur la base des informations contenues dans le dossier, le programme répond comme suit aux critères de sélection, en tant que bonne pratique de sauvegarde, tels qu’énoncés au paragraphe 7 des Directives opérationnelles :

P.1 :  Le Festival a été créé en réponse à la diminution des connaissances sur les traditions orales, les pratiques artisanales et les expressions rituelles, les danses et la musique associées à la nature et à la tortue marine. La migration des jeunes, qui quittent l’Armila pour terminer leurs études, est l’un des principaux facteurs qui y ont contribué. Les communautés ont envisagé de renforcer leur culture par le biais d’un festival auquel pourraient participer les communautés guna et non guna voisines. Le Festival est un moyen de faire comprendre les traditions et la relation avec la mer, et de sensibiliser à la durabilité et à la protection de l’environnement et à la manière dont le patrimoine culturel immatériel peut contribuer au développement durable. Les mesures de sauvegarde sont expliquées et comprennent les efforts d’inventaire, les efforts des écoles, les ateliers d’éducation formelle et informelle, les efforts de recherche, la promotion et la transmission.

P.2 :  Actuellement, le Festival écologique et culturel des tortues marines d’Armila n’est promu qu’au niveau national. Le Panama célèbre divers festivals et festivités, dont beaucoup présentent des manifestations ou des expressions du patrimoine culturel immatériel. Le modèle de sauvegarde utilisé pour le Festival d’Armila est proposé pour être utilisé avec ces autres éléments du patrimoine culturel immatériel. Le programme ne favorise pas la coordination des efforts de sauvegarde aux niveaux régional, sous-régional et international.

P.3 :  Le programme reflète les principes de la Convention qui consistent à impliquer les communautés dans les efforts de sauvegarde. Le programme établit un lien étroit entre le patrimoine culturel immatériel et le développement durable, les moyens de subsistance, la protection des animaux et de l’environnement naturel. Le Festival et la promotion du patrimoine culturel immatériel avec l’environnement naturel renforcent l’estime de soi des communautés et favorisent la paix avec les communautés non autochtones voisines, qui apprendront à respecter la communauté qui s’occupe des tortues naissantes.

P.4 :  Le programme a permis de renouer l’association des peuples avec la tradition orale qui est liée à la fraternité avec les tortues et à la connaissance de la nature et de l’univers. Le programme a également revitalisé les histoires qui s’y rapportent. Ainsi les enfants, qui commençaient à oublier ces contes sur les tortues, peuvent les raconter à présent, ainsi que d’autres histoires traditionnelles. En outre, le programme a renforcé la viabilité de la production d’instruments de musique et encouragé la préservation de la nature et des matières premières. C’est un exemple positif de la manière dont le patrimoine culturel immatériel, les traditions et la science moderne (en particulier la préservation de la faune et de la flore) peuvent être combinés pour une sauvegarde efficace du patrimoine vivant et de l’environnement naturel.

P.5 :  La coordination et la planification du Festival d’Armila sont assurées par le Congrès local, qui est une autorité traditionnelle. Il organise des commissions composées d’autorités, d’éducateurs et de responsables locaux de la Fondation Yaug Galu. Tous les membres de la communauté ont un rôle à jouer dans le Festival, ce qui représente une forte participation de la communauté. En 2015, les dirigeants de la communauté ont demandé à ce que le Festival soit inscrit au Registre de bonnes pratiques de sauvegarde. La candidature est accompagnée d’une vidéo de la communauté, de notes, de signatures et de photographies.

P.6 :  Le programme concerne des activités autour de la tradition orale, de la nature et de l’univers, ainsi que des techniques artisanales nécessitant des matières premières naturelles, réalisées pendant le Festival culturel et écologique des tortues marines d’Armila. Ses différentes composantes peuvent être adaptées ailleurs, en fonction du contexte local. Le programme fournit un modèle positif pour lier un festival et des activités similaires à la recherche et à l’artisanat durable ou aux industries créatives, afin de renforcer les industries artisanales et d’accroître la compréhension et l’appréciation de la nature et des écosystèmes. Il offre une alternative à d’autres types de festivals qui sont devenus trop commerciaux et décontextualisés.

P.7 :  Comme l’indiquent les précédents relatifs au Festival, la communauté concernée a montré sa volonté de diffuser ses activités axées sur la sauvegarde, par exemple en faisant participer des jeunes à des études de biologie marine et en demandant à des personnalités de partager leurs expériences dans d’autres pays ou d’accorder des interviews.

P.8 :  Le dossier explique les différentes manières d’évaluer les résultats du programme. Parmi les exemples, la Direction générale de l’Artisanat, qui suit les préoccupations et les succès des artisans, ou le Ministère de l’Environnement, qui forme et recense les personnes qui travaillent dans le domaine de la préservation des tortues, peuvent être cités. Les visiteurs et le nombre de bateaux qui arrivent pour le Festival sont enregistrés chaque année. Le nombre d’enfants qui participent aux activités est également noté par leurs écoles, et les scientifiques et les communautés conservent une documentation détaillée sur le développement des tortues.

  1. Décide de sélectionner le programme de pratiques de sauvegarde du PCI pour le Festival culturel et écologique des tortues marines d’Armila en tant que programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention.

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