Le Comité
- Prend note que le Tadjikistan a proposé la candidature des connaissances et savoir-faire traditionnels liés à la fabrication des tissus atlas et adras (n 01484) en vue de son inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
L’atlas et l’adras sont deux types de tissus traditionnels produits au Tadjikistan. L’atlas est fabriqué à partir de fils de soie, tandis que l’adras est tissé avec des fils de soie et de coton, mais la technique de création des deux tissus est similaire. Le processus comporte de nombreuses étapes, depuis la récolte des cocons et du coton jusqu’au filage, au conditionnement, à la teinture et au tissage des fils à la main. Les robes préparées à partir de tissus atlas et adras sont largement portées par les femmes et les filles lors des célébrations, sur le lieu de travail, à l’école et à la maison. Traditionnellement, les connaissances et les compétences liées à la production de l’atlas et de l’adras se transmettent au sein des familles ou dans des centres de production. Il faut trois à cinq mois pour acquérir les techniques de tissage. Pendant cette période, les élèves s’exercent au tissage de tissus simples avec des ornements élémentaires. La pratique peut également se transmettre de manière formelle dans les écoles et les collèges, et par la participation aux festivals de l’atlas et de l’adras. Ces tissus sont très appréciés des femmes tadjikes, qui les considèrent comme faisant partie de leur identité culturelle. Les femmes portent généralement des vêtements en atlas et adras lors de cérémonies officielles, de festivals, de fêtes traditionnelles, de rassemblements et d’événements sociaux. La transmission de l’élément aux jeunes générations favorise l’unité et la collaboration entre les personnes de différentes régions.
- Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.1 : Les détenteurs et les praticiens sont principalement des femmes et se répartissent en trois catégories : (a) les tisserands experts qui travaillent à domicile ; (b) les tisserands qui travaillent dans des centres ; et (c) les artisans professionnels. Les deux premiers acquièrent les compétences par transmission informelle, tandis que les artisans professionnels les acquièrent par éducation formelle. Les connaissances et les compétences associées à l’élément sont transmises par des tisserands experts et lors de programmes d’enseignement officiels dans les écoles et les collèges. Le port de vêtements fabriqués à partir de tissus atlas et adras est une expression de l’identité culturelle des femmes tadjikes. Les motifs, les ornements et les couleurs ont des significations symboliques, exprimant les espoirs et les souhaits des personnes. L’élément contribue à la plantation d’arbres à soie et au développement de la culture du coton dans le pays. En tant que source de revenus, il contribue également à la lutter contre la pauvreté et offre des opportunités d’emploi aux femmes.
R.2 : Le dossier de candidature illustre comment l’inscription de l’élément contribuera à sa visibilité et augmentera le nombre de tisserands et de conceptions innovantes. Il montre comment ces objectifs seront atteints aux niveaux local, national et international par la préservation, la sensibilisation et la transmission. L’inscription favorisera le dialogue et le partage des connaissances entre les individus, les groupes et les communautés. La créativité humaine et le respect de la diversité culturelle sont illustrés par les différents modèles.
R.3 : Les mesures de sauvegarde passées et actuelles comprennent l’organisation d’ateliers pour les jeunes praticiens, un festival consacré aux tissus et un musée des tissus de soie traditionnels, qui conserve plus de 6 000 types de tissus traditionnels. Les efforts de l’État comprennent l’inscription de l’élément à l’inventaire national du patrimoine immatériel, la création d’une école pour contribuer à la revitalisation de l’artisanat et l’organisation d’un festival consacré aux tissus et aux vêtements en soie. L’État accorde des exonérations fiscales et a élaboré un « Programme national de développement du secteur du ver à soie et du fil de soie dans la République du Tadjikistan pour les années 2020-2024 » afin de contribuer à l’obtention des matières premières nécessaires. Les mesures de sauvegarde proposées concernent quatre domaines : (a) la documentation et la recherche (y compris plusieurs études et publications) ; (b) le développement (y compris le développement de nouveaux lieux de travail, l’augmentation de la production de coton et l’amélioration des marchés internationaux et nationaux pour la vente des tissus et des vêtements) ; (c) la visibilité et la sensibilisation (par le biais de festivals, de films et de la télévision d’État) ; et (d) la transmission (par le biais de l’enseignement formel et de l’implication d’experts).
R.4 : Le projet de candidature de l’élément s’est concrétisé en 2014, date à partir de laquelle l’élément et ses praticiens ont été inventoriés. Le dossier de candidature a été préparé en 2017. L’Institut de recherche sur la culture et l’information a joué un rôle important, un groupe de chercheurs ayant piloté l’élaboration du dossier. Un groupe de travail a été mis en place comprenant les communautés, les groupes et les individus concernés. Sept réunions ont été organisées pour aborder et préparer les différents aspects du dossier de candidature. Les lettres de consentement fournies attestent du consentement libre, préalable et éclairé des praticiens et des organisations concernées.
R.5 : Depuis 2014, l’élément a été inclus dans la liste d’inventaire nationale du patrimoine culturel immatériel, qui est gérée par l’Institut de recherche sur la culture et l’information. L’Institut organise des réunions et mène des travaux sur le terrain afin d’identifier et de définir le patrimoine culturel immatériel. L’élément est identifié dans trente-quatre communautés et représenté par 330 tisserands. Un groupe d’experts a donné son avis sur l’inclusion de l’élément dans l’inventaire. L’inventaire est mis à jour tous les deux ans et le processus comprend l’ajout et la révision des informations existantes avec la participation et le consentement des communautés.
- Décide d’inscrire les connaissances et savoir-faire traditionnels liés à la fabrication des tissus atlas et adras sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Rappelle à l’État partie l’importance d’assurer la participation la plus active possible des communautés concernées à tous les aspects des mesures de sauvegarde.