Le Comité
- Prend note que le Bangladesh a proposé la candidature des rickshaws et la peinture sur rickshaw à Dhaka (n 01589) en vue de leur inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Le pousse-pousse, ou rickshaw, est un petit véhicule de tourisme à trois roues tiré par une seule personne. Il s’agit d’une particularité reconnue de Dhaka et du Bangladesh dans son ensemble. Traditionnellement fabriquées à la main par un petit groupe d’artisans, presque toutes les parties d’un rickshaw sont peintes de motifs floraux colorés, de motifs naturels, d’oiseaux et d’animaux, de représentations créatives d’événements historiques, de fables, de héros nationaux, de stars de cinéma et de textes. Les pousse-pousse sont également décorés de glands, de fleurs en plastique et de guirlandes. Comme il s’agit de véhicules lents, les peintures et les décorations sont facilement visibles par les badauds, devenant ainsi une exposition itinérante. Les rickshaws décorés sont emblématiques de la vie citadine à Dhaka, donnant lieu à des expositions et à des événements festifs et apparaissant souvent dans des films et d’autres œuvres d’art. Le processus traditionnel de fabrication des pousse-pousse est transmis par les artisans dans les ateliers de pousse-pousse, oralement et par le biais d’une formation pratique. Les peintres de pousse-pousse travaillent sur commande et transmettent généralement leurs connaissances et leur savoir-faire à leurs enfants et à leurs proches. Si tous les artisans de rickshaw sont des hommes, les peintres sont aussi bien des hommes que des femmes. Les pousse-pousse et la peinture sur pousse-pousse sont considérés comme un élément clé de la tradition culturelle de la ville et comme une forme dynamique d’art populaire urbain, procurant aux habitants un sentiment d’identité partagée et de continuité.
- Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.1 : L’élément concerne l’artisanat de la construction et de la peinture de rickshaws, ou pousse-pousse, principalement dans la ville de Dhaka, au Bangladesh. Les artisans et les peintres de pousse-pousse sont les principaux détenteurs et praticiens de cet élément. Lors de la construction, les fabricants de rickshaws travaillent par équipes de cinq dans des ateliers. Les peintres de pousse-pousse sont chargés de créer des décorations pour les pousse-pousse et travaillent à domicile. Les artisans et les peintres de pousse-pousse ont des modes de transmission différents. Les premiers travaillent principalement avec des apprentis engagés, auxquels ils transmettent le métier oralement et par le biais de démonstrations ; l’habitude et la pratique continue sont essentielles pour maîtriser les compétences. Les peintres transmettent le plus souvent leurs compétences de manière informelle à leurs enfants ou à leurs proches. L’élément souligne l’importance du travail assidu et de la coopération et donne corps à des significations culturelles importantes par la représentation créative de symboles, de paysages naturels, d’événements historiques et de thèmes contemporains.
R.2 : À l’échelle locale et à l’échelle nationale, l’inscription de l’élément augmenterait sa visibilité grâce à l’attention qu’elle porterait à ses praticiens et à ses détenteurs. Elle mettrait en évidence le rôle du patrimoine culturel immatériel dans la contribution aux moyens de subsistance durables des populations. La participation à des événements internationaux apporterait également de la visibilité à l’élément. Le dialogue entre les communautés, les groupes et les individus concernés sera renforcé, de même que le respect de la créativité qui se reflète dans l’élément. En tant que moyen de transport respectueux de l’environnement, les pousse-pousse contribuent également au développement durable.
R.3 : Les mesures de sauvegarde passées et actuelles portent sur la transmission de l’élément et la création de la « Bangladesh Rickshaw Art Society », qui facilite les formations, les ateliers et les expositions et veille au bien-être des praticiens. Le soutien de l’État prend la forme d’activités de promotion, notamment par l’intermédiaire du musée national du Bangladesh. Les mesures de sauvegarde proposées comprennent la création d’un espace pour l’élément et ses praticiens, l’appui du gouvernement dans le but d’améliorer le bien-être des praticiens, la garantie d’une transmission correcte de l’élément et des expositions de rickshaw parrainées par le gouvernement. Les mesures prises par le gouvernement du Bangladesh tiennent compte des demandes formulées par les communautés concernées. Le Ministère des affaires culturelles mettra en œuvre et contrôlera les mesures de sauvegarde, en collaboration avec des organisations telles que le musée national, la Bangla Academy et le musée du folklore. Ces organismes fourniront des ressources administratives et financières et favoriseront la coordination entre les agences, la collaboration avec les ONG et les partenariats public-privé. La communauté a participé à la planification des mesures et prendra part à leur mise en œuvre.
R.4 : La Bangla Academy, une institution nationale statutaire, a proposé la candidature et sollicité la participation active des communautés concernées, notamment par l’intermédiaire de la Bangladesh Rickshaw Art Society. Les membres ont participé à la préparation de la candidature en fournissant des informations. Les artisans et les peintres de pousse-pousse ont participé à la préparation du dossier de candidature, en exprimant leurs points de vue et en partageant leurs idées sur la nécessité de sauvegarder l’élément. Ils ont activement contribué à toutes les étapes du processus de candidature et ont soigneusement examiné tous les détails et aspects de la candidature. Des lettres de consentement ont été fournies pour démontrer le consentement libre, préalable et éclairé des praticiens et des communautés pour la candidature.
R.5 : L’élément a été inventorié sous l’appellation « Les rickshaws et la peinture sur rickshaw à Dhaka » depuis septembre 2022, et fait partie de l’inventaire national du PCI. La Bangla Academy, agissant pour le compte de l’État partie (le Ministère des affaires culturelles), est l’organisme responsable de l’inventaire. Le dossier de candidature explique comment une enquête culturelle a conduit à l’identification initiale de cet élément en tant qu’élément potentiel du patrimoine culturel immatériel. Par la suite, des recherches et une coopération avec des praticiens ont été menées, des séminaires et des expositions ont été organisés. Cet élément a été identifié pour la première fois en 2007. Les informations sur l’élément ont été mises à jour en 2016, et trois fois en 2022, suite à l’intervention de l’ONG Sadhona. La mise à jour régulière, y compris l’ajout de nouveaux éléments et la révision des éléments existants, s’effectue selon un processus en cinq étapes.
- Décide d’inscrire les rickshaws et la peinture sur rickshaw à Dhaka sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Félicite l’État partie pour la soumission d’un dossier amélioré ainsi que pour le développement d’un système d’inventaire complet suite à la décision du Comité de renvoyer la version précédente du dossier en 2018 ;
- Félicite en outre l’État partie d’avoir produit une vidéo de bonne qualité qui fournit une présentation visuelle détaillée des pratiques culturelles associées à l’élément ;
- Encourage l’État partie à assurer la plus large participation possible de la communauté à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde ;
- Rappelle l’importance d’utiliser un vocabulaire conforme à l’esprit de la Convention et d’éviter des expressions telles que « unique » et « exclusif ».