Le Comité

1. Prend note que la République populaire démocratique de Corée a proposé la candidature de la coutume du raengmyon de Pyongyang (n  01695) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le raengmyon de Pyongyang (nouilles froides principalement composées de farine de sarrasin) est un plat traditionnel associé aux événements sociaux et culturels en République populaire démocratique de Corée. Servies dans un bol en laiton, les nouilles sont couvertes de morceaux de viande, de kimchi, de légumes, de fruits et d’autres garnitures. La touche finale de la préparation consiste à verser sur les nouilles du bouillon froid de viande ou du jus de kimchi de radis. Tradition culinaire populaire profondément ancrée dans la vie des Pyongyangais, ce plat est associé avec la longévité, le bonheur, l’hospitalité, la convivialité et l’amitié. Il favorise par ailleurs le respect, la proximité et l’unité. La veille du Jongwoldaeborum (une fête populaire coréenne célébrée pendant l’hiver), les habitants se rassemblent en famille ou entre voisins et partagent ce plat dans l’espoir que leurs vies soient aussi longues que le sont les nouilles. Lors de célébrations telles que les anniversaires ou les mariages, les Pyongyangais servent le raengmyon à leurs proches, à leurs voisins et à leurs amis en les bénissant. La coutume veut que les convives boivent un peu d’alcool avant de déguster ce plat. Aujourd’hui, il est servi même en dehors de ces occasions particulières, dans des restaurants spécialisés. Dans le cadre familial, les grands-mères et les mères transmettent fièrement leur savoir-faire et leurs connaissances à leurs enfants, considérant cette transmission comme un devoir moral. La pratique est également transmise par le biais de programmes d’études et de formations dans les restaurants, de concours de cuisine, de festivals et d’expositions, ainsi que dans les médias et les établissements d’enseignement.

2. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : L’élément est une pratique coutumière, sociale et culturelle, associée aux nouilles froides qui sont servies à de nombreuses occasions. Les principaux détenteurs et praticiens de l’élément sont les Pyongyangais. Les praticiens comprennent également la grande variété d’amateurs du raengmyon de Pyongyang, ainsi que les individus impliqués dans le développement de cet art culinaire et la transmission des connaissances traditionnelles associées à l’élément. Les connaissances et savoir-faire sont transmis de manière informelle, au sein des familles ou des restaurants, et de manière formelle, à l’Université de commerce de Pyongyang Jang Chol Gu, à l’École de cuisine de Pyongyang et dans d’autres établissements d’enseignement. L’élément contribue à forger un sentiment d’identité et de pérennité culturelles et favorise l’harmonie et à la cohésion sociales.

R.2 : Au niveau local, l’inscription pourrait renforcer la reconnaissance de l’importance et de la diversité du patrimoine culturel immatériel associé à des événements tels que des anniversaires, des mariages et des fêtes populaires en rapport avec l’élément, ce qui augmenterait sa visibilité ainsi que celle du patrimoine culturel immatériel dans son ensemble. Au niveau national, l’inscription pourrait pousser à identifier, inventorier et sauvegarder le patrimoine culturel immatériel dans tout le pays. Au niveau international, l’inscription sensibilisera à la manière dont un art culinaire traditionnel et une pratique sociale culturelle peuvent contribuer à la diversité culturelle et au développement durable, améliorant ainsi la visibilité du patrimoine culturel immatériel dans son ensemble. Elle encouragera les différentes communautés, ainsi que les groupes et les individus impliqués dans la sauvegarde de la culture culinaire traditionnelle à coopérer et collaborer en menant à bien des recherches internationales communes et en organisant des ateliers et des festivals, entre autres. Le dialogue en serait ainsi renforcé.

R.4 : Un groupe de travail, constitué de membres des départements d’état, d’associations, de restaurants et de praticiens et de détenteurs, a préparé la candidature. Le dossier explique les rôles de ce groupe de travail, à savoir : l’organisation de réunions consultatives, la tenue d’expositions dédiées à la gastronomie traditionnelle et l’organisation d’activités permettant de recueillir les opinions et les suggestions relatives aux mesures de sauvegarde et à la candidature. Les détenteurs représentatifs impliqués dans le groupe de travail ont joué un rôle déterminant lorsqu’il a été question de définir l’élément, identifier ses fonctions sociales et sa signification culturelle, proposer des mesures de sauvegarde et constituer le dossier de candidature, tout en relayant les opinions du grand public. Avant d’être finalisé, le projet de dossier de candidature a été publié en ligne afin d’encourager les débats et de nouvelles révisions. Le groupe de travail a recueilli des lettres de consentement dans le cadre de ses enquêtes menées sur le terrain et en ligne au cours entre janvier 2019 et janvier 2021.

R.5 : L’élément est inscrit à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel depuis le 26 novembre 2013. Mis à jour tous les cinq ans, l’inventaire est tenu par le Département chargé de la protection du patrimoine national et l’Agence coréenne pour la préservation du patrimoine national, sous l’égide de l’Autorité nationale pour la protection du patrimoine culturel, relevant du Ministère de la culture. Deux groupes de travail ont participé à l’inventaire de l’élément. Des entretiens avec des détenteurs ainsi que des enquêtes sur le terrain ont été menés dans le cadre de cet inventaire.

3. Considère en outre que, sur la base des informations contenues dans le dossier et fournies par l’État partie soumissionnaire dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait au critère suivant pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.3 : Les efforts de sauvegarde passés et actuels comprennent la création de l’Association culinaire coréenne, la transmission des connaissances dans les familles et les quartiers, l’organisation d’ateliers dans les restaurants et la réalisation d’activités culturelles, éducatives et de recherche. L’État partie soutient les efforts de sauvegarde à travers la construction de restaurants, le soutien aux associations, le renforcement du système d’approvisionnement en matériaux, l’amélioration des normes de qualité, le contrôle de la sécurité alimentaire et la sauvegarde par le biais de cadres juridiques. Le dossier présente différentes mesures de sauvegarde proposées dans les domaines suivants : l’éducation et la transmission, la protection des droits, la consolidation du cadre juridique du développement durable, l’identification, la documentation, la recherche, la sensibilisation et le dialogue. Une série de réunions ont eu lieu de 2019 à 2021, impliquant des représentants de groupes, (ONG), de restaurants et d’agences, qui ont abouti aux mesures de sauvegarde proposées et à la répartition des tâches. Les citoyens de Pyongyang et le public de tout le pays ont fourni des propositions soit par l’intermédiaire de personnes représentatives, soit lors d’une enquête sur le terrain et en ligne.

4. Décide d’inscrire la coutume du raengmyon de Pyongyang sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
5. Rappelle à l’État partie l’importance de garantir la participation la plus large possible des communautés concernées lors de l’inventaire et de la planification et de la mise en œuvre des mesures de sauvegarde ;
6. Invite l’État partie à s’assurer que les mesures de sauvegarde limitent de manière appropriée l’impact négatif potentiel de la commercialisation excessive de l’élément, étant entendu que toutes les mesures de sauvegarde doivent avoir pour objectif le renforcement de la diversité et de la viabilité de l’élément ;
7. Invite en outre l’État partie à prendre les mesures appropriées pour veiller à ce que l’application d’une procédure standard ne restreigne ni n’entrave la créativité humaine ;
8. Encourage l’État partie, lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir, à inclure plus de détails sur les fonctions sociales et les significations culturelles de l’élément, au lieu de se concentrer sur les descriptions des objets et produits associés.