Le Comité
- Prend note que l’Arabie saoudite, Oman et les Émirats arabes unis ont proposé la candidature d’Alheda’a, traditions orales de l’appel des troupeaux de dromadaires (n 01717) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Alheda’a est une forme d’expression polyphonique orale, accompagnée de gestes ou de mélodies jouées sur des instruments par les éleveurs pour communiquer avec leurs dromadaires. Cette expression rythmique s’inspire de la poésie, et chaque éleveur utilise un répertoire unique de sons auxquels les dromadaires se sont accoutumés pour guider son troupeau à travers le désert ou les pâturages jusqu’à un endroit où les bêtes peuvent boire, se nourrir et être préparées pour la traite. Alheda’a est aussi un moyen de rassembler rapidement les dromadaires en cas de danger imminent comme une tempête de sable. Les éleveurs entraînent leurs dromadaires à différencier la droite de la gauche, à ouvrir la bouche quand on le leur demande et à s’agenouiller pour être montés. La pratique crée un lien fort entre les dromadaires et les éleveurs, ainsi qu’entre les éleveurs. Elle se transmet au sein des familles et des communautés, les enfants accompagnant les adultes lors de leurs déplacements quotidiens.
- Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.1 : Alheda’a est une forme orale et traditionnelle de communication avec un troupeau de dromadaires, transmise de génération en génération. Autrefois associée au fait de marcher à côté des caravanes lors des voyages dans le désert, elle est aujourd’hui utilisée par les praticiens pour rassembler et calmer le troupeau de dromadaires en utilisant des sons émis par la voix, des gestes et des instruments tout en les dirigeant. Les détenteurs et praticiens sont, entre autres, les éleveurs et les propriétaires de dromadaires. Le dossier et la vidéo fournissent des informations sur le rôle joué par les hommes et les femmes. Les connaissances et savoir-faire associés à l’élément se transmettent via l’éducation informelle, des générations plus âgées aux plus jeunes. Les enfants apprennent en observant et en participant avec d’autres membres de la famille. Lors des rassemblements et des événements sociaux, les praticiens transmettent leurs connaissances et leurs savoir-faire à d’autres individus appartenant à des tribus différentes. Alheda’a permet de construire des relations fortes entre les éleveurs, de favoriser les liens entre les détenteurs et de renforcer la cohésion sociale au sein des tribus. L’élément est associé au lien entre le praticien et le dromadaire et à la capacité du dromadaire à reconnaître la voix, l’odeur et le bien-être psychologique de l’éleveur. Les éleveurs transmettent également leurs connaissances et leurs savoir-faire à l’occasion d’événements sociaux et par des représentations des traditions orales et de la musique associée à Alheda’a lors de festivités, notamment les mariages, les remises de diplômes ou les célébrations des naissances.
R.2 : Au niveau local, l’inscription inspirera les communautés locales à sauvegarder d’autres traditions du patrimoine culturel immatériel et à sensibiliser à d’autres éléments locaux du patrimoine culturel immatériel tels que des rassemblements sociaux, la dégustation du café arabe, la récitation de poèmes, l’art de la narration et l’organisation d’événements festifs. Au niveau national, l’inscription renforcera la visibilité du patrimoine culturel immatériel lié aux territoires désertiques dans les États soumissionnaires. Elle encouragera également les ONG et les organismes gouvernementaux à sauvegarder le patrimoine culturel immatériel grâce à l’élaboration de projets nationaux durables. Au niveau international, elle permettra de promouvoir la diversité culturelle en établissant un lien entre différentes communautés dont la culture est liée à l’élevage d’animaux, et en particulier de dromadaires. L’inscription favorisera le dialogue entre les communautés et les praticiens d’Alheda’a en particulier et les praticiens d’autres formes de patrimoine culturel immatériel par l’échange d’informations sur les programmes de sauvegarde entre les États membres et les autres pays dans lesquels des éléments similaires existent.
R.4 : Le dossier explique que les membres des communautés locales, de tous genres, ont largement pris part à la préparation du dossier de candidature par le biais de comités, d’entretiens avec les praticiens, de réunions, de visites et d’ateliers. Aucune pratique coutumière ne restreint l’accès à l’élément. Il est disponible au public et les informations le concernant sont largement partagées. Le dossier contient des lettres de consentement soumises par tous les Etats soumissionnaires, y compris des lettres provenant d’individus, d’associations et de groupes.
R.5 : L’élément est inscrit aux différents inventaires des Etats soumissionnaires. Le dossier donne des détails sur les organismes responsables de la tenue des inventaires, les références, les dates d’inscription et les fréquences de mise à jour des inventaires pour chaque Etat soumissionnaire. Alheda’a a été identifié et défini par les membres des communautés, les praticiens et les ONG locales concernées afin de l’inclure dans les inventaires de tous les Etats soumissionnaires. Dans tous les États parties, les inventaires sont mis à jour afin de suivre les évolutions relatives au nombre de praticiens, à leur genre, à l’ampleur géographique de l’élément et à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde.
- Considère en outre que, sur la base des informations contenues dans le dossier et fournies par les États parties soumissionnaires dans le cadre du processus de dialogue, le dossier de candidature satisfait au critère suivant pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.3 : Le dossier de candidature explique que les mesures de sauvegarde passées et présentes comprennent des mesures visant à encourager les efforts de transmission, d’identification, de documentation, de recherche, de promotion et de valorisation. Les États soumissionnaires ont précisé au cours du processus de dialogue qu’il existe des efforts conjoints en cours pour sauvegarder l’élément par le biais de trois festivals organisés par les communautés, qui se tiennent chaque année. En outre, les États soumissionnaires vont créer un comité de coordination composé de représentants de chaque État et de praticiens de l’Alheda’a, afin de soutenir les collaborations visant à sauvegarder l’élément. Chaque État a élaboré des mesures de sauvegarde, telles que des études scientifiques et des efforts de documentation, des événements promotionnels, des programmes destinés aux jeunes, etc. Tous les États soumissionnaires ont expliqué l’implication des communautés et des praticiens dans la planification et la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées.
- Décide d’inscrire Alheda’a, traditions orales de l’appel des troupeaux de dromadaires sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Rappelle à l’État partie l’importance de garantir la plus large participation possible des communautés concernées dans la planification et la mise en œuvre des mesures de sauvegarde.