Le Comité
- Prend note que la République de Corée a proposé la candidature du talchum, danse théâtrale masquée en République de Corée (n 01742) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Le talchum est un art du spectacle mêlant danse, musique et théâtre. Entre six et dix musiciens accompagnent des danseurs masqués qui explorent avec humour des problématiques sociales lors de spectacles alliant chansons, danses, gestes et répliques. La pratique utilise des caricatures de personnages du quotidien pour transmettre un appel à l’égalité universelle et à la critique de la hiérarchie sociale. Une scène proprement dite n’est pas nécessaire. N’importe quel espace vide peut accueillir un spectacle de talchum. Essentiels, les spectateurs participent à la représentation en ponctuant son déroulement d’acclamations ou de huées. Cette interaction avec les spectateurs et la mise en avant de la critique sociale ont contribué à une transmission à grande échelle du talchum chez les jeunes, en particulier les étudiants, pendant les années 1970-1980. Cette génération joue encore un grand rôle pour la transmission de la pratique, en inculquant aux jeunes générations les connaissances et savoir-faire liés aux représentations et à la fabrication des masques par le biais d’associations locales, de clubs, de camps et d’écoles publiques. Pratiqué initialement par les hommes seulement, le talchum intègre désormais les femmes. Il permet non seulement de réfléchir sur la société, mais aussi de promouvoir et de renforcer les identités culturelles locales en incluant des dialectes et des chansons populaires. Les spectacles de danse théâtrale masquée occupent aussi une place majeure dans les festivals locaux.
- Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.1 : Le talchum se manifeste par le biais de traditions orales, d’arts du spectacle, de pratiques sociales et de rituels associés à ses danses, de musique et de théâtre et de savoir-faire traditionnels associés à la fabrication des masques. Les détenteurs et praticiens de l’élément sont, entre autres, les praticiens qui sont rattachés à différentes associations de sauvegarde. Les savoir-faire associés aux danses, chants, dialogues et à la fabrication des masques se transmettent par le biais des praticiens et des associations de sauvegarde. Le grand public peut apprendre le talchum dans les établissements d’enseignement public et dans le cadre d’activités de loisirs. Hommes et femmes peuvent activement pratiquer l’élément et le transmettre. Les thèmes du talchum mettent en avant les valeurs d’égalité universelle et la critique de la rigidité de la société, qui restent pertinents encore aujourd’hui. Le talchum est un symbole de l’identité culturelle des régions où il est pratiqué.
R.2 : Le dossier de candidature souligne que l’inscription de l’élément renforcera la visibilité et la sensibilisation autour du patrimoine culturel immatériel dans son ensemble aux niveaux local, national et international. De plus, l’inscription sera l’occasion de présenter et d’expliquer la Convention de 2003 et ses objectifs dans des brochures distribuées lors des spectacles, ainsi que dans le cadre d’activités de transmission proposées aux communautés locales. Au niveau national, l’inscription sensibilisera la population de la République de Corée à l’importance du patrimoine culturel et suscitera leur intérêt pour le patrimoine culturel immatériel national. Au niveau international, l’inscription suscitera l’intérêt pour les différents éléments du patrimoine immatériel faisant appel à des masques et contribuera ainsi à une plus grande visibilité et à une plus forte sensibilisation au patrimoine culturel immatériel dans son ensemble.
R.3 : Le dossier de candidature explique que les mesures de sauvegarde passées et en cours sont mises en œuvre par les 18 associations de sauvegarde du talchum officiellement reconnues. Les chercheurs ont, eux, mené des travaux de documentation. Des efforts de promotion sont également entrepris par le biais de représentations régulières et de l’organisation d’un Festival de danse masquée pour les jeunes. L’État partie soutient ces efforts financièrement mais aussi via des activités de promotion, d’éducation, des ateliers de renforcement des capacités et des travaux de documentation. Les mesures de sauvegarde proposées incluent : la création des Archives internationales de la culture des masques, l’organisation de programmes d’échanges et d’événements ainsi que la mise en œuvre d’autres efforts de sauvegarde par l’Organisation internationale pour les arts et la culture des masques. La Fédération générale des associations de sauvegarde de la danse masquée jouera un rôle crucial dans la sauvegarde et la transmission de l’élément après son inscription. Les praticiens joueront eux aussi un rôle important dans la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées.
R.4 : Le dossier montre de quelle manière les communautés, groupes et individus concernés ont participé activement au processus de candidature depuis l’appel à candidatures lancé par l’Administration du patrimoine culturel en 2019. Neuf éléments du patrimoine culturel immatériel différents ont été identifiés. La candidature de la danse théâtrale masquée a été retenue après un examen minutieux des dossiers par des experts du patrimoine culturel immatériel. Depuis, des représentants de l’Administration du patrimoine culturel et des communautés ont étroitement collaboré lors de la préparation du dossier de candidature. Le dossier de candidature a été rédigé et modifié en fonction des consultations avec les parties prenantes et les communautés. Les associations de sauvegarde, la Fédération générale des associations de sauvegarde de la danse masquée et l’Organisation international pour les arts et la culture des masques ont coopéré tout au long du processus de candidature, de l’accord initial sur la nécessité de l’inscription à la préparation du dossier, en passant par l’élaboration des futures mesures de sauvegarde. Plusieurs lettres de consentement ont été soumises. Elles prouvent le consentement des communautés à la candidature de l’élément.
R.5 : L’élément est inscrit sur la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel, qui est tenue par la Division du patrimoine culturel immatériel de l’Administration du patrimoine culturel. L’élément est également inscrit à plusieurs inventaires provinciaux. Les communautés, groupes ou individus qui pratiquent un élément donné du patrimoine culturel immatériel, ou les chercheurs qui étudient cet élément, participent à son identification et à son inscription dans un inventaire. L’inventaire national et les inventaires provinciaux du patrimoine culturel immatériel sont mis à jour grâce à des enquêtes effectuées tous les cinq ans, conformément à la loi sur la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel immatériel.
- Décide d’inscrire le talchum, danse théâtrale masquée en République de Corée sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Félicite l’État partie pour ce dossier bien préparé qui explique clairement les fonctions sociales et significations culturelles de l’élément et décrit les efforts entrepris afin de limiter les risques d’une commercialisation excessive.