Le Comité,
- Prend note que le Kirghizistan a proposé la candidature de l’artisanat de l’ak-kalpak, connaissances et savoir-faire traditionnels liés à la fabrication et au port du chapeau masculin kirghiz (n 01496) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
L’artisanat de l’ak-kalpak est une forme artisanale kirghize traditionnelle. L’ak-kalpak est un couvre-chef masculin traditionnel en feutre blanc, associé à de profondes significations d’ordre sacré. L’artisanat de l’ak-kalpak est une somme de connaissances et de savoir-faire en constante évolution dans les domaines du feutrage, de la découpe, de la couture et de la broderie des motifs, transmis dans les communautés concernées par les praticiennes de l’élément. Les connaissances et les savoir-faire nécessaires sont transmis à travers l’enseignement oral, la formation pratique et la participation à des ateliers de fabrication. On distingue plus de 80 types d’ak-kalpak, ornés de divers motifs qui ont chacun une histoire et une signification sacrée. Écologique et agréable à porter, l’ak-kalpak fait penser à une montagne enneigée dont les quatre versants représentent les quatre éléments : l’air, l’eau, le feu et la terre. Les quatre arêtes symbolisent la vie, les glands qui se trouvent sur le dessus symbolisent la postérité et la mémoire des ancêtres, et le motif symbolise un arbre généalogique. Facteur d’unité entre les différentes tribus et communautés kirghizes, l’ak-kalpak distingue les Kirghizes des autres groupes ethniques. Il permet également de favoriser l’inclusion, notamment lorsque des représentants d’autres groupes ethniques le portent à l’occasion de fêtes ou pendant les jours de deuil pour exprimer leur union et leur sympathie. Plusieurs ateliers sont organisés à travers tout le pays pour assurer la transmission des connaissances et savoir-faire nécessaires, et en 2013 un projet intitulé « De génération en génération », consacré aux techniques traditionnelles de fabrication de l’ak-kalpak, a été mené à l’échelle nationale. Il a donné lieu à une exposition et à la publication d’un livre.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : La dimension sociale de l’ak-kalpak est tournée vers l’intégration car l’élément réunit différentes tribus et communautés kirghizes, des hommes de tous âges, niveaux d’éducation et statuts sociaux ainsi que des artisanes. Cette pratique unit les individus et leur donne un sentiment d’identité culturelle partagée fondée sur un patrimoine culturel commun, tout en assurant une source de revenus à un grand nombre de jeunes femmes. L’élément se transmet de génération en génération, de mère en fille et au sein des communautés d’artisanes.
R.2 : L’inscription de l’artisanat de l’ak-kalpak susciterait de l’intérêt et favoriserait le respect des artisanats traditionnels liés à la fabrication des chapeaux. Elle représenterait un exemple à suivre pour la sauvegarde et le développement de la culture des couvre-chefs d’autres groupes à travers le monde. Par ailleurs, elle attirerait l’attention à l’échelle nationale et internationale pour faciliter la compréhension des traditions associées à l’élevage de moutons et des aspects sacrés du port de ce chapeau, de l’utilisation de la laine, de l’artisanat et des motifs brodés.
R.3 : La sauvegarde de l’artisanat de l’ak-kalpak est assurée par les communautés et les détenteurs concernés par le biais d’ateliers, de festivals, d’expositions et de séminaires, mais aussi de projets d’inventaire et de recherche. L’État partie a également mis en place des mesures de sauvegarde, qui concernent notamment le développement d’un programme dédié dans les établissements d’enseignement professionnel et la mise en lumière de l’élément dans les médias. Cohérentes et bien structurées, les mesures de sauvegarde proposées portent sur quatre domaines : la transmission ; la promotion ; la documentation et la recherche ; et la sensibilisation. Elles ont été élaborées avec la participation de la communauté des artisanes de l’ak-kalpak et de représentants du Conseil pour l’artisanat. L’État partie s’est engagé à soutenir financièrement leur mise en œuvre.
R.4 : Lancée en 2014, la préparation du dossier de candidature a été portée par la communauté des artisanes de l’ak-kalpak et le Conseil pour l’artisanat. En 2015, un groupe de travail rassemblant des acteurs pertinents a été créé pour fournir un soutien organisationnel et logistique plus efficace. Après plusieurs réunions et tables rondes organisées dans les différentes régions du pays avec les communautés de détenteurs, un projet de dossier de candidature a été transmis au Ministère de la culture et à la Commission nationale de la République kirghize pour l’UNESCO.
R.5 : L’élément est inclus dans l’Inventaire national des éléments du patrimoine culturel immatériel de la République kirghize depuis 2008. Il a fait l’objet d’une mise à jour en 2015. Le Ministère de la culture, de l’information et du tourisme de la République kirghize, l’Académie nationale des sciences de la République kirghize et le Comité national du patrimoine culturel immatériel sont les organismes responsables de la gestion et de la mise à jour de cet inventaire. En moyenne, il est mis à jour tous les trois ans sur la base de propositions formulées par les communautés, les organisations non gouvernementales et les praticiens concernés.