Décision du Comité intergouvernemental : 13.COM 10.B.21

Le Comité

  1. Prend note que le Kazakhstan a proposé la candidature des rites festifs traditionnels printaniers des éleveurs de chevaux kazakhs (n  01402) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Les rites festifs traditionnels printaniers des éleveurs de chevaux kazakhs – qui se déroulent dans le village de Terisakkan (district d’Ulytau, oblast de Karaganda) – marquent la fin de l’ancien et le début du nouveau cycle annuel d’élevage de chevaux. Ancrés dans les connaissances traditionnelles sur la nature et les relations ancestrales entre l’homme et le cheval, les rites font appel à des savoir-faire hérités des ancêtres nomades, adaptés à la réalité contemporaine. Au terme de préparatifs qui se déroulent tout au long de l’année, les principaux éléments constituant l’élément sont : « Biye baylau » (littéralement « pâturage au piquet »), rite ancien de la « première traite » qui comprend la séparation des juments et des poulains des troupeaux, la traite des juments et la célébration avec des chants, des danses et des jeux ; « Ayghyr kosu » (au sens figuré « le mariage de l’étalon »), un rite récent consistant à faire rentrer des étalons au sein de troupeaux ; et « Kymyz muryndik » (métaphore signifiant « lancement du koumis »), le « premier partage de koumis », qui lance la saison de sa production et de son partage. Les rites s’étendent sur environ trois semaines, jusqu’aux cérémonies de partage de koumis, et se déroulent dans chaque foyer. Les rites ouvrent un nouveau cycle annuel de reproduction et illustrent l’hospitalité kazakhe traditionnelle. Au XXe siècle, confrontés à la transition forcée d’un mode de vie nomade à sédentaire, les détenteurs ont adapté la forme traditionnelle de l’élevage des chevaux aux conditions nouvelles afin d’assurer sa viabilité continue.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Les rites festifs traditionnels printaniers des éleveurs de chevaux kazakhs, qui ont lieu chaque année, sont destinés à remercier la nature de la survie des hommes et des chevaux aux rigueurs d’un hiver long et à s’assurer de la fertilité du troupeau et de l’abondance du lait lors de la nouvelle saison. La relation entre l’homme et les chevaux, l’amitié, le respect mutuel et la solidarité, l’unité et le partage au sein de la communauté locale sont les aspects culturels et sociaux au cœur de l’élément. Les rites sont célébrés par tous et leur caractère social, c’est-à-dire la réunion des membres de la famille et des voisins pour les célébrations, joue un rôle central.

R.2 :  L’inscription de l’élément mettrait en lumière le sens sacré profond des festivals traditionnels, qui est souvent éclipsé par leur esthétique et leur caractère festif. Elle pourrait promouvoir le dialogue entre les communautés partageant des modes de vie similaires au Kazakhstan et ailleurs. Les festivités ayant lieu lors des rites illustrent également l’usage créatif de l’environnement naturel, qui a permis aux groupes d’adapter la tradition à leurs nouvelles conditions de vie après la transition d’un mode de vie nomade à une vie sédentaire.

R.3 :  L’élément étant solidement ancré dans l’environnement familial et sa transmission étant continue, sa viabilité n’est pas menacée. Toutefois, ses praticiens sont bien conscients des impacts négatifs de la présence de visiteurs extérieurs attirés dans la région par un festival ethnique organisé en même temps que les festivités rituelles. Le plan de sauvegarde se concentre par conséquent sur la régulation de leur participation aux rites et sur la volonté de les rediriger vers un nouveau festival koumis ayant lieu à Ulytau. Cette mesure permettrait d’assurer de manière pérenne la sensibilisation du public aux rites tout en évitant d’en perturber la pratique. Le système de suivi proposé permettrait de contrôler les effets de la campagne de sensibilisation et donnerait les moyens aux communautés locales de réagir aux risques éventuels. En outre, le nouveau festival permettrait de consolider les liens et d’encourager le partage d’expérience entre les éleveurs de chevaux de Terisakkan et d’autres communautés plus petites au Kazakhstan, où l’élevage traditionnel de chevaux pourrait ainsi être renforcé.

R.4 :  Le dossier de candidature a été préparé par le groupe de travail pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, composé de neuf représentants des détenteurs de la tradition et de trois experts. En plus de ces neuf représentants, d’autres membres de la communauté ont été invités à s’exprimer. Les praticiens ont fourni leur consentement par écrit et sous forme de vidéos. Ils y soulignent l’importance que revêt la tradition pour eux et la population locale. Leurs lettres et leurs discours témoignent de leur consentement à l’inscription.

R.5 :  L’élément est inscrit au registre national du patrimoine culturel immatériel de la République du Kazakhstan, qui est mis à jour à chaque fois que de nouvelles informations sont recueillies sur l’état de l’élément. Les données relatives aux rites festifs traditionnels printaniers des éleveurs de chevaux kazakhs ont été collectées lors du processus d’inventaire mené par des experts en muséographie en partenariat avec les communautés locales, qui a permis de créer une liste nationale en 2016.

  1. Inscrit les rites festifs traditionnels printaniers des éleveurs de chevaux kazakhs sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

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