Le Comité
- Prend note que l’Autriche a proposé les centres régionaux de l’artisanat, stratégie pour sauvegarder le patrimoine culturel de l’artisanat traditionnel (no 01169) pour sélection et promotion par le Comité en tant que programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et les objectifs de la Convention :
Werkraum Bregenzerwald, Hand.Werk.Haus Salzkammergut et Textiles Zentrum Haslach sont trois centres autrichiens dirigés par des artisans locaux traditionnels qui, au cours des 15 dernières années, ont collaboré avec des artistes internationaux, des institutions scolaires, des entreprises artisanales et d’autres organismes afin de sauvegarder leurs pratiques pour les générations futures. Ces centres ont organisé de nombreuses activités publiques afin de préserver l’artisanat dans des domaines tels que la menuiserie, la peinture et le textile, qui procurent aux communautés un sentiment d’identité et de continuité. Dirigés par des associations, en coopération avec des entreprises artisanales et des institutions éducatives et scientifiques, ils proposent des formations aux techniques traditionnelles, par exemple des cours d’initiation pour les élèves de primaire, des stages de week-end ou d’été, des programmes d’apprentissage et des cours universitaires. Des experts locaux et internationaux interviennent dans ces cours pour transmettre des connaissances et des savoir-faire spécialisés en lien avec les différentes pratiques. Ces centres de l’artisanat organisent également des expositions et des concours afin d’accroître la visibilité de l’artisanat traditionnel et d’attirer des designers et des artistes, locaux et internationaux. Ils servent également de passerelle entre l’art et l’industrie et offrent des plates-formes pour le partage d’idées et d’expériences sur la pratique de l’artisanat traditionnel et le développement de réseaux coopératifs. Ils permettent aussi de créer des partenariats entre les secteurs culturel, éducatif et économique et contribuent ainsi à renforcer les efforts en matière de sauvegarde.
- Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, le programme répond comme suit aux critères énoncés au paragraphe 7 des Directives opérationnelles concernant la sélection au titre de meilleure pratique de sauvegarde :
P.1 : Cette initiative concerne trois centres de l’artisanat, créés et dirigés par des artisans afin de revitaliser et de sauvegarder l’artisanat (menacé par l’industrialisation et le commerce), en coopération avec des entreprises artisanales et des institutions éducatives et scientifiques. Ces centres procurent aux artisans ainsi qu’aux communautés locales un fort sentiment d’identité et de continuité. Les principales activités décrites relèvent de la transmission, de la documentation et de la recherche, de l’innovation, de la promotion, de la coopération (par exemple avec des universités et un hôpital psychiatrique) et de la sensibilisation. Les trois centres adoptent des stratégies efficaces qu’ils ont apprises les uns des autres et font office de services consultatifs pour les clients et les producteurs. Ces centres ne contribuent pas seulement à la préservation des connaissances et des savoir-faire traditionnels de l’artisanat autrichien, mais ils assurent aussi leur durabilité écologique et économique grâce à une importante coopération avec des institutions éducatives, médicales et universitaires, au-delà des frontières nationales, tout en favorisant le dialogue intergénérationnel et international.
P.2 : Le dossier indique que les centres sont devenus des pôles locaux et sociaux, ainsi que des plates-formes de partage des meilleures pratiques, et qu’ils ont permis d’augmenter la visibilité de l’artisanat traditionnel. De nombreuses actions collaboratives sont décrites (avec des entreprises locales, des universités, des concours, des expositions, des échanges d’apprentis, des invitations de designers et d’artisans), tant avec des partenaires autrichiens qu’internationaux. Les nombreuses collaborations ont permis de renforcer les compétences culturelles, sociales et économiques, et les artisans, entreprises et/ou institutions travaillent désormais ensemble comme partenaires égaux. Des manifestations culturelles régulières permettent aux artisans des trois associations de rencontrer des confrères d’autres pays, en particulier en Europe de l’Ouest. Ce programme offre encore d’autres possibilités, en encourageant la coopération afin de promouvoir l’artisanat traditionnel comme élément viable du patrimoine culturel immatériel dans d’autres pays.
P.3 : Le programme reflète les objectifs et les principes de la Convention à plusieurs égards, dont l’État soumissionnaire a choisi de mettre en exergue trois aspects : le dialogue, la diversité et la continuité. L’initiative encourage le dialogue par la création de réseaux d’artisans, la gestion coopérative des centres, la collaboration avec d’autres disciplines, des expositions et des visites d’artisans nationaux et internationaux. La diversité est reflétée par les échanges entre artisans, par les visiteurs venant du monde entier, ainsi que par la variété des objets et des techniques qui sont mis en valeur. En ce qui concerne la continuité et la cohésion, le dossier souligne les efforts qui visent à sauvegarder les savoir-faire dans un monde en mutation, l’éducation et la formation, ainsi que l’identification des communautés concernées à l’artisanat traditionnel, comme un symbole d’identité sociale.
P.4 : Face aux menaces de la production industrielle de masse et des importations bon marché, le succès des centres se manifeste dans plusieurs domaines (augmentation de la demande de produits et de formations, nombre d’apprentis et adhésions aux associations en hausse, nouveaux partenariats commerciaux, nombre de visiteurs en hausse et ouverture de nouvelles entreprises artisanales) et l’intérêt pour l’artisanat traditionnel ne cesse d’augmenter. Les centres eux-mêmes, ainsi que leurs projets, suscitent une attention internationale et une collaboration accrues, alors qu’ils prennent part à des activités de plus en plus diversifiées. L’efficacité de ce programme contribue à la viabilité de l’artisanat traditionnel ainsi qu’à celle du patrimoine culturel immatériel en général.
P.5 : Le dossier indique que les artisans, les entreprises et les institutions éducatives concernés ont participé à l’établissement des centres ainsi qu’à la mise en œuvre et à la gestion de leurs activités. Ces trois centres diffèrent légèrement de par leur organisation (l’un d’entre eux a été construit par les artisans eux-mêmes), mais tous démontrent clairement comment des artisans et des entreprises concernées ont pris part à une initiative continue afin de créer ces centres et d’œuvrer à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Les collectivités locales sont également impliquées, comme le montrent le recours à des bénévoles et l’utilisation des centres pour des événements culturels. La proposition a été soumise par l’État, avec le soutien des trois centres, dont les représentants (ainsi que des partenaires de coopération, une association d’amis et un représentant des municipalités) ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé. La documentation demandée à cet effet a été fournie.
P.6 : Le dossier cite les résultats des mesures de sauvegarde prises par les centres pour démontrer que le programme peut servir de modèle viable à d’autres pays. Ces centres présentent en effet plusieurs caractéristiques reproductibles, comme le fait d’utiliser les ressources locales et le savoir-faire technique et de répondre aux demandes locales, l’accent mis sur le partage du savoir-faire entre les centres et au-delà, l’engagement permanent de la communauté, les mécanismes de transmission, de documentation et de promotion, et le soutien aux différents artisans à travers leurs propres associations. Le programme sensibilise également à la sauvegarde durable de l’artisanat traditionnel et encourage le développement local, en y intégrant des préoccupations culturelles et économiques et en favorisant le respect de la diversité et de la créativité humaine ainsi que l’ouverture d’esprit face aux bienfaits de l’influence étrangère qui ressort des échanges nationaux et internationaux.
P.7 : Le dossier indique que les centres ont déjà mis au point différents modes de partage d’expérience, notamment avec des institutions éducatives locales, nationales et internationales (coopération avec des universités et des écoles et programmes d’apprentissage) et le grand public (plates-formes Internet et visites guidées). Les centres ont exprimé leur volonté de poursuivre ce partage d’expérience et de contribuer à des initiatives similaires.
P.8 : Le dossier fournit des exemples d’évaluations qui sont menées sur les résultats des centres, comme des évaluations internes régulières de l’ensemble des activités, l’utilisation des réseaux sociaux pour recueillir l’avis des visiteurs, le recueil de celui de la communauté au sens large, des mécanismes de suivi externes (dans le cadre des subventions nationales et européennes) et, dans un cas, un label de qualité national remis à des formations. Des réunions mensuelles et des enquêtes permettent aux centres d’obtenir des rapports ainsi que des données chiffrées, qui sont à la base de la planification, du maintien de la qualité et de l’amélioration de la prise de décision.
P.9 : Le dossier montre que les centres s’efforcent de sauvegarder les connaissances de l’artisanat traditionnel et d’améliorer la qualité de vie en zone rurale, deux sujets particulièrement importants pour les pays en développement. Les objectifs du programme pourraient donc s’appliquer à ce type de pays (création d’emplois pour encourager les jeunes à rester, processus de production collaboratifs permettant de réduire les coûts, utilisation durable des ressources locales et renforcement de la fierté et de l’identité locales). Il faut toutefois noter que cette initiative n’a pas été conçue en premier lieu pour les pays en développement. Ainsi, toutes les activités ne sont pas nécessairement applicables et la nécessité d’obtenir un soutien financier extérieur pourrait constituer un obstacle à cet égard.
- Sélectionne les centres régionaux de l’artisanat, stratégie pour sauvegarder le patrimoine culturel de l’artisanat traditionnel comme programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et les objectifs de la Convention et félicite l’État soumissionnaire pour cette proposition bien documentée et bien présentée.