Le Comité
- Prend note que la Roumanie et la République de Moldova ont présenté la candidature de l’artisanat traditionnel du tapis mural en Roumanie et en République de Moldova (no 01167) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Autrefois, les tapis muraux fabriqués par les tisserands de certaines communautés de Roumanie et de République de Moldova servaient non seulement d’objets de décoration et d’isolation mais faisaient aussi partie de la dot des jeunes filles. Différentes techniques étaient utilisées pour produire des pièces aux motifs impressionnants. Certains motifs indiquaient aussi l’origine du tisserand. Les tapis jouaient également d’autres rôles dans les pratiques des communautés, par exemple lors de funérailles, où ils symbolisaient le passage de l’âme dans l’au-delà. Ils étaient également présentés dans des expositions internationales comme symboles de l’identité des communautés. De nos jours, ces tapis muraux sont essentiellement appréciés en tant qu’œuvres d’art dans les espaces publics et privés et ils sont présentés dans les villes à l’occasion de festivals et de cérémonies. Les techniques ont évolué, passant de l’utilisation de métiers verticaux ou horizontaux dans certaines régions à un piquage serré (fil par fil) et à d’autres formes de tissage ; les tisserands peuvent désormais travailler à leur domicile. Dans les villages, les filles apprennent cet art auprès de leur mère ou de leur grand-mère, tandis qu’en ville, des cours sont dispensés dans des centres, des associations, des collèges ou encore des musées. Considéré comme une expression de la créativité et comme un marqueur identitaire, l’artisanat du tapis mural est aussi vu comme un outil permettant de créer des liens entre différents groupes d’âge et catégories sociales.
- Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :
R.1 : Le dossier décrit le savoir-faire et l’art du tissage de tapis muraux en Roumanie et en République de Moldova comme un élément important de la vie des communautés et un symbole de l’identité locale et nationale. Ses modes de transmission sont précisés (dans les familles, des ateliers, des centres d’artisanat et des écoles). L’élément réunit différents segments des communautés concernées (bergers, tisserands et fabricants de métiers à tisser). Il permet également de préserver la mémoire sociale des communautés concernées et a différentes fonctions au sein des communautés et des familles. L’élément est compatible avec les exigences relatives aux droits de l’homme ainsi qu’avec celles du développement durable. Bien que les fonctions utilitaires et symboliques des tapis aient été préservées, les formes et les motifs ancestraux sont réinterprétés et illustrent la vitalité créative ;
R.2 : Le dossier indique que l’inscription de l’élément augmenterait la reconnaissance des savoir-faire et des capacités des communautés rurales en général et des tisserandes en particulier. Elle mettrait en valeur leur patrimoine technique et artistique auprès des jeunes et d’autres communautés, locales et de l’étranger, en favorisant le respect de la diversité culturelle ainsi que la créativité humaine. Étant donné que les détenteurs de l’élément sont des personnes de tout genre, de tout âge et qui exercent différentes professions, l’inscription pourrait encourager le dialogue chez les communautés et les individus concernés. Elle inciterait également ses détenteurs à préserver cette forme d’artisanat artistique expressif à travers une fusion harmonieuse de composants traditionnels et innovants, qui montrerait que la vitalité d’un élément du patrimoine culturel immatériel peut reposer sur un mélange de tendances innovatrices et conservatrices ;
R.3 : Les communautés concernées ont lancé des initiatives dans les deux pays afin de revitaliser l’artisanat du tapis mural, de transmettre les techniques traditionnelles et d’organiser des expositions, des foires et des ateliers. Les mesures de sauvegarde proposées, qui bénéficieront du soutien des deux États soumissionnaires, sont cohérentes. Il s’agit essentiellement de mesures administratives, d’activités d’inventaire et de recherche, d’éducation et de transmission des techniques, ce qui garantit un lien solide entre éducation, culture et commerce. Les communautés, groupes et individus concernés des deux pays ont participé à la planification de ces mesures et prendront part à leur mise en œuvre ;
R.4 : Les informations documentaires fournies par les États soumissionnaires et jointes au dossier démontrent l’inclusion des détenteurs et de la communauté dans le processus de candidature et ne mentionnent aucune pratique coutumière régissant l’accès à l’élément. Le consentement des communautés concernées est attesté par les lettres des maires de différentes municipalités des deux pays et par celles de tisserands et de leurs associations, qui démontrent clairement un important soutien à la candidature ;
R.5 : L’élément est inscrit depuis 2009 sur le répertoire roumain du patrimoine culturel immatériel, établi par la Commission nationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, et depuis 2012 sur l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la République de Moldova, tenu par le Ministère de la culture. Dans les deux pays, ces inscriptions ont fait suite à un travail avec les communautés et les organisations non gouvernementales concernées. Des mécanismes de mise à jour ont été lancés en Roumanie et en République de Moldova, conformément aux prérogatives et missions institutionnelles nationales spécifiques, ainsi qu’aux lois en vigueur dans les deux pays concernant la protection du patrimoine culturel immatériel.
- Inscrit l’artisanat traditionnel du tapis mural en Roumanie et en République de Moldova sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Remercie les délégations de la Roumanie et de la République de Moldova des éclaircissements apportés au Comité sur les informations contenues dans le dossier à propos du critère R.5.