Le Comité
- Prend note que le Tadjikistan a proposé la candidature de l’art de la broderie chakan à Kulob (no01097) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
L’art de la broderie chakan consiste à coudre des ornements, des motifs et des images en fils colorés sur des tissus de coton ou de soie. On la pratique dans la région de Kulob. Les broderies s’inspirent de symboles et d’images mythologiques liées à la nature et au cosmos. Il peut s’agir par exemple d’une fleur de grenade, de rossignols, d’étoiles ou encore du soleil, ces motifs exprimant les souhaits et les espoirs des brodeuses. Les motifs brodés servent à décorer des chemisiers pour femmes, des oreillers, des couvre-lits, des foulards, des serviettes, des rideaux ou encore des couvertures pour les berceaux. Les artisanes chakan se réunissent presque chaque jour pour broder tout en discutant, en racontant des histoires et en entonnant des airs folkloriques. Dans le groupe, chaque membre a une responsabilité particulière : couper le textile, sélectionner les ornements et les couleurs, appliquer les ornements, broder les motifs à l’aiguille et coudre le tissu. Une dirigeante contrôle les opérations, prend les commandes, se procure les matières premières, gère la production et vend les pièces confectionnées au marché. Les connaissances et le savoir-faire de la broderie chakan se transmettent en famille, de mères, grand-mères et sœurs aînées aux plus jeunes, ou encore au sein de groupes, où les couturières les plus expérimentées enseignent aux plus jeunes. Cette pratique est considérée par les Tadjiks comme un marqueur de l’identité nationale : les artisanes et les habitants de la région portent les vêtements brodés avec fierté lors de festivals, de compétitions, de spectacles musicaux, de mariages, de célébrations et de fêtes nationales.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :
R.1 : L’art de la broderie chakan est traditionnellement transmis par les femmes âgées aux plus jeunes dans la sphère familiale ou le voisinage mais également de nos jours au sein de groupes organisés, d’ateliers d’artisanat, d’écoles et d’universités d’art ; il est largement utilisé par la population de Kulob, tandis que pour ses praticiennes, il fonctionne comme un moyen de socialisation et une source de revenus supplémentaires ;
R.4 : Le dossier de candidature est le fruit de multiples consultations entre détenteurs, praticiens, organisations culturelles locales et sociétés de production, experts et responsables gouvernementaux ; un groupe d’artisanes chakan, une entreprise locale et deux musées ont fourni leur consentement libre, préalable et éclairé.
- Décide en outre que les informations figurant dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères suivants sont satisfaits :
R.2 : Au lieu de fournir des informations sur la manière dont l’inscription contribuerait à la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général et à sensibiliser à son importance, tous les efforts se sont concentrés sur la promotion de la broderie chakan, y compris l’encouragement de la diversité et la créativité qu’elle incarne et les perspectives qui découleraient de son inscription ;
R.3 : Les mesures de sauvegarde proposées se concentrent sur une promotion accrue, une organisation plus stricte des détentrices et des modes de transmission, une diffusion de l’élément dans d’autres districts de la région de Khatlon et la multiplication des sociétés de production, en négligeant de traiter des éventuelles conséquences involontaires de l’inscription, telles qu’une commercialisation excessive ou une industrialisation ; en même temps, le rôle des détentrices, des praticiennes et d’autres membres de la communauté de Kulob n’est pas clairement expliqué ou spécifié, pas plus que la manière dont ils pourraient bénéficier des mesures de sauvegarde proposées ;
R.5 : L’élément est inclus dans la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel mais aucune preuve n’a été fournie de la participation des communautés, des groupes et des organisations non gouvernementales pertinentes dans l’identification et la définition de l’élément ; en outre, un complément d’information est nécessaire pour clarifier les divergences des données concernant l’année, le numéro de référence, le nom de l’inventaire, l’entité responsable de sa maintenance et de la fréquence de sa mise à jour, ainsi que la portée de l’élément.
- Décide de renvoyer la candidature de l’art de la broderie chakan à Kulob à l’État partie pour complément d’information et l’invite à resoumettre la candidature au Comité pour examen au cours d’un cycle suivant ;
- Suggère à l’État partie, s’il souhaite resoumettre la candidature, de synchroniser les images avec les sous-titres dans la vidéo.