Décision du Comité intergouvernemental : 10.COM 10.A.6

Le Comité

  1. Prend note que le Portugal a proposé la candidature de la fabrication des sonnailles (nº 01065) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

La sonnaille portugaise est un instrument de percussion (idiophone) muni d’un seul battant interne, généralement suspendu au cou des animaux à l’aide d’une lanière en cuir. Il est traditionnellement utilisé par les bergers pour localiser et diriger leurs troupeaux et crée un paysage sonore caractéristique dans les campagnes. Les sonnailles sont faites de tôle façonnée à froid au marteau, puis pliée sur une enclume pour lui donner une forme concave. La pièce façonnée est ensuite recouverte de petites plaques de cuivre ou d’étain, puis enveloppée d’un mélange d’argile et de paille. Elle est ensuite brasée puis plongée dans de l’eau froide pour qu’elle puisse refroidir rapidement. La pâte brasée est ensuite retirée et la pièce gainée de cuivre ou d’étain polie et accordée au son voulu. Les compétences techniques nécessaires sont transmises de génération en génération au sein des familles, de père en fils. La ville portugaise d’Alcáçovas est le principal centre de fabrication des sonnailles et ses habitants sont fiers de ce patrimoine. Cette pratique devient néanmoins de moins en moins viable en raison de bouleversements socio-économiques récents. Les nouvelles méthodes de pacage nécessitent moins de bergers et de plus en plus de sonnailles sont produites suivant des procédés industriels à bas coût. À ce jour, seuls onze ateliers et treize sonnaillers subsistent, dont neuf ont plus de soixante-dix ans.

  1. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :

U.1 :  La fabrication des sonnailles se transmet traditionnellement de père en fils, bien que les communautés locales tout entières la perçoivent comme un patrimoine culturel collectif leur procurant un sentiment d’identité et de continuité historique ; outre l’usage qu’en font les bergers, les produits des fabricants de sonnailles sont aussi utilisés par des groupes de musiciens et lors de diverses occasions festives, et sont appréciés comme pièces décoratives ;

U.2 :  La fabrication des sonnailles est aujourd’hui limitée à moins de dix emplacements, dont la ville d’Alcáçovar, haut lieu de cette pratique avec quatre fabricants en activité ; l’élément est en danger imminent en raison de la pénurie de garçons dans les familles d’artisans ou de leur choix de poursuivre d’autres vocations, de l’apparition de nouvelles méthodes de pacage nécessitant moins de bergers et de sonnailles, de changements croissants dans la régulation et les pratiques du marché et de l’industrialisation de la fabrication des sonnailles ;

U.3 :  Étant fermement adossé aux efforts conséquents en cours de la communauté d’Alcáçovar, le plan de sauvegarde proposé répond aux menaces identifiées, comprend toutes sortes d’activités concrètes mûrement réfléchies, conçues en collaboration étroite avec les praticiens de l’élément, les communautés et les parties prenantes concernées sur une période de plusieurs années, et s’appuie sur des ressources réalistes, démontrant ainsi un potentiel convaincant d’amélioration de la viabilité de l’élément et de l’intérêt des jeunes pour la fabrication de sonnailles ;

U.4 :  De par le caractère nettement participatif et concerté du processus de candidature, cette dernière peut servir de modèle ; tous les derniers détenteurs de l’élément et les institutions communautaires principales ont fourni un large éventail d’attestations de leur consentement libre, préalable et éclairé à la candidature ;

U.5 :  L’élément est enregistré et décrit en détail dans un catalogue d’inventaire de la municipalité de Viana do Alentejo ; le processus d’inventaire a été conduit conformément aux articles 11 et 12 de la Convention.

  1. Inscrit la fabrication des sonnailles sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Invite l’État partie à attacher un soin particulier afin d’assurer la continuité des significations culturelles de l’élément pour ses détenteurs et pour la communauté au sens large, tout en évitant de possibles conséquences involontaires du plan de sauvegarde telles que la surexploitation ou la décontextualisation de l’élément à des fins touristiques.

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