Jóvenes inuits practicando el canto de garganta
© Art Babych / Shutterstock.com

Le processus créatif de la transmission intergénérationnelle est au cœur de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. C’est un processus dynamique et interactif grâce auquel le patrimoine culturel immatériel est recréé en permanence. C’est une forme d’éducation informelle en soi, qui existait et continue d’exister au sein des communautés. En tant que telle, elle peut fournir aux programmes éducatifs un contenu et une pédagogie propres à chaque contexte et ainsi servir de levier pour améliorer la pertinence de l’éducation et de l’apprentissage.

Les modes et les méthodes de transmission qui sont reconnus par les communautés peuvent être renforcés dans les programmes éducatifs. À cet égard, les établissements éducatifs peuvent encourager le respect vis-à-vis du patrimoine culturel immatériel et proposer de nouveaux espaces pour contribuer à assurer sa transmission aux générations futures.

Étant donné le rôle précieux que l’éducation peut jouer dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, la Convention reconnaît la transmission de ce patrimoine « par l’éducation formelle et non formelle » (article 2.3) comme une mesure fondamentale de sauvegarde.

La Convention appelle les États parties à garantir la reconnaissance, le respect et la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel grâce aux programmes éducatifs. Ceux-ci peuvent inclure : des programmes pour des environnements d’apprentissage formels comme les écoles primaires, secondaires et post-secondaires ainsi que les opportunités non formelles comme les classes courtes, l’apprentissage par la communauté et les activités de renforcement des capacités. Le renforcement de la transmission du patrimoine culturel immatériel grâce aux programmes d’éducation représente une approche ample et sociale de la sauvegarde, porteuse de nombreux impacts et bénéfices mutuels.

Depuis 2017, l’Entité du patrimoine vivant de l’UNESCO travaille avec le Secteur de l’Éducation, les bureaux hors Siège et les instituts éducatifs de l’UNESCO pour mettre en œuvre des projets, des activités et d’autres initiatives dans le cadre du domaine prioritaire de la « Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dans l’éducation formelle et non formelle ».

Promouvoir de nouvelles approches et favoriser des bénéfices mutuels

Les programmes éducatifs peuvent enseignement sur ou avec le patrimoine culturel immatériel.

Dans l’enseignement sur le patrimoine vivant, l’accent est mis sur l’introduction du patrimoine culturel immatériel comme sujet d’enseignement. Le contenu de la leçon est donc le patrimoine culturel immatériel lui-même– les élèves apprenant à respecter et à réfléchir à leur propre patrimoine vivant ainsi qu’à celui des autres.

Également, les programmes éducatifs peuvent enseigner avec le patrimoine culturel immatériel pour atteindre d’autres résultats d’apprentissage. Dans ce cas, l’accent est mis sur les possibilités d’apprentissage offertes par l’intégration du patrimoine culturel vivant dans le processus d’enseignement et d’apprentissage des matières incluses dans le programme scolaire comme les mathématiques, les sciences de la vie, la musique et l’histoire. Cela peut rendre le contenu de l’apprentissage plus pertinent et plus significatif pour les apprenants, car il est lié à leur vision du monde, à leurs systèmes de connaissances et à leur imagination. Ainsi, le patrimoine culturel immatériel offre un large éventail de contenus et de méthodes d’apprentissage dont les enseignants peuvent s’inspirer.

La stratégie de formation des futures générations de marionnettistes du Fujian En savoir plus sur l’élément
© Fujian Provincial Intangible Cultural Heritage Safeguarding Center

Si l’ensemble de ces approches peut potentiellement renforcer la transmission du patrimoine culturel immatériel en général, dans certains cas, l’accent peut être mis explicitement sur la transmission. Toutes ces approches peuvent aider les États à s’acquitter du mandat de la Convention en matière de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel tout en améliorant simultanément la qualité de l’éducation.

Le nouveau cadre d’apprentissage, caractérisé par une interdépendance et une interconnexion croissante au niveau mondial dans un contexte de tensions sociales et d’incertitude économique grandissantes, milite en faveur d’une appréciation renouvelée de la diversité des visions du monde. L’intégration de différents systèmes de connaissances dans l’éducation peut dès lors contribuer à soutenir et à promouvoir la dignité, la créativité et le bien-être des individus partout dans le monde par rapport à la société et à l’environnement. L’intégration du patrimoine culturel immatériel dans l’éducation peut ainsi contribuer à atteindre les objectifs humanistes d’une éducation de qualité au XXIème siècle (voir la publication de l’UNESCO de 2015 Rethinking Education: towards a common goal). Parmi ces objectifs figurent le respect de la vie et de la dignité humaine, l’égalité des droits et la justice sociale, la diversité culturelle et sociale, ainsi qu’à la création d’un sens de solidarité humaine et la responsabilité partagée de notre avenir commun. L’intégration du patrimoine cultural immatériel dans les activités d’apprentissage aide les éducateurs à accroître la pertinence de leur enseignement envers les élèves et l’engagement émotionnel potentiel de ces derniers vis-à-vis des contenus pédagogiques. De plus, lorsque le patrimoine culturel immatériel fait son entrée sur le lieu d’apprentissage, sa valorisation peut renforcer l’estime que les étudiants ont d’eux-mêmes, ainsi que leur fierté et leur sentiment d’appartenance à leur communauté locale tout en soulignant la valeur de la diversité culturelle. Ces acquis peuvent aider les éducateurs à toucher des étudiants issus de populations vulnérables ou marginalisées et aider les élèves à bâtir une résilience sociale face à l’adversité et à mettre en place les bases d’un dialogue pour construire des sociétés plus justes, plus inclusives, plus diversifiées et plus pacifiques.

Outre l’atteinte d’objectifs humanistes sur le plan éducatif, l’intégration du patrimoine culturel immatériel dans l’éducation peut présenter des avantages qui vont au-delà de la salle de classe en renforçant les liens entre écoles et communautés locales. Le patrimoine culturel immatériel est fondé sur les communautés ; ce sont elles, et non des experts extérieurs, qui décident si une expression constitue ou non une partie de leur patrimoine vivant puisque ce sont elles qui sont responsables de sa création, de son maintien et de sa transmission. La volonté et l’engagement de la communauté d’assurer la continuité de son patrimoine vivant sont vitaux pour assurer sa sauvegarde. En fait, la Convention encourage la participation active des communautés aux mesures de sauvegarde.

L’intégration du patrimoine culturel immatériel dans les lieux d’apprentissage peut offrir de nouvelles opportunités d’impliquer les membres des communautés, en particulier les détenteurs du patrimoine culturel immatériel, dans des cadres d’éducation formels et non formels en valorisant les connaissances et les savoir-faire locaux et en augmentant la visibilité du patrimoine culturel immatériel de ces communautés. Cette mise en valeur peut avoir des effets positifs : un renforcement de la fierté des élèves et des membres de la communauté et l’implication renouvelée de ces derniers dans le système éducatif sur une base partagée de confiance et de respect de leur culture.

Pour les éducateurs, les formateurs et les élèves…Pour les professionnels du patrimoine et les détenteurs de la culture…Pour les responsables et les acteurs politiques…
L’intégration du patrimoine vivant dans les activités liées à l’apprentissage accroît leur pertinence sur le plan personnel et l’implication émotionnelle potentielle des élèves, renforce leur confiance en eux-mêmes ainsi que leur sentiment d’appartenance, contribue à des objectifs d’éducation humanistes tels que la mise en valeur de la diversité culturelle et le renforcement de la résilience face à l’adversité et renforce également les liens entre les écoles et leurs communautés locales.Si l’on part du principe que la transmission intergénérationnelle du patrimoine culturel immatériel est une forme d’éducation informelle, la collaboration avec des collègues du secteur de l’éducation s’avère essentielle car les éducateurs sont de plus en plus en situation de jouer un rôle important dans la sauvegarde du patrimoine vivant. Le développement d’initiatives innovantes et de bonnes pratiques peut faciliter la transmission et améliorer tant les mesures de sauvegarde que la qualité de l’éducation.L’intégration du patrimoine culturel immatériel dans la politique nationale d’éducation, dans les programmes et/ou dans la formation des enseignants peut aider les pays à remplir les obligations de la Convention en matière de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel tout en contribuant à atteindre l’Objectif de développement durable n 4 de l’Agenda 2030 des Nations unies visant à « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ».

Atteindre l’Objectif de développement durable n 4 sur l’accès de tous à une éducation de qualité sur un pied d’égalité

  • PHOTO:15284--SML-R-

Parce qu’elle contribue à la sauvegarde aux termes de la Convention, à l’amélioration des acquis de l’éducation au niveau local et au renforcement des liens entre le système éducatif et les communautés, l’intégration du patrimoine culturel immatériel dans l’éducation formelle et non formelle peut aider les États à atteindre l’Objectif de développement durable (ODD) n 4 de l’Agenda 2030 des Nations unies visant à « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ».

En particulier, l’intégration du patrimoine culturel immatériel dans l’éducation peut aider les États à atteindre les cibles suivantes :

  • 4.2. D’ici à 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons aient accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui les préparent à suivre un enseignement primaire. Le patrimoine culturel immatériel peut être intégré à chaque niveau d’éducation, notamment la prime enfance, en fournissant un contenu et une pédagogie appropriés au contexte qui puissent rencontrer un écho auprès des élèves, même à un âge précoce.
  • 4.3 D’ici à 2030, faire en sorte que les femmes et les hommes aient tous accès dans des conditions d’égalité à un enseignement technique, professionnel ou tertiaire, y compris universitaire, de qualité et d’un coût abordable. Le patrimoine culturel immatériel se prête bien à une intégration dans les programmes de l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP), notamment dans les domaines des connaissances concernant la nature et l’univers, les arts du spectacle et l’artisanat traditionnel, qui peuvent potentiellement soutenir les moyens de subsistance et améliorer le bien-être des artisans et des interprètes.
  • 4.4 D’ici à 2030, augmenter considérablement le nombre de jeunes et d’adultes disposant des compétences, notamment techniques et professionnelles, nécessaires à l’emploi, à l’obtention d’un travail décent et à l’entrepreneuriat. L’intégration du patrimoine culturel immatériel dans les programmes de l’EFTP et sur les lieux d’apprentissage non formels comme le lieu de travail, de stage et d’apprentissage peut renforcer les compétences pertinentes, améliorer les opportunités en matière d’emploi et d’entrepreneuriat et mettre plus largement en valeur les professions en lien avec le patrimoine culturel immatériel au sein de la communauté au sens large et chez les consommateurs.
  • 4.5 D’ici à 2030, éliminer les inégalités entre les sexes dans le domaine de l’éducation et assurer l’égalité d’accès des personnes vulnérables, y compris les personnes handicapées, les autochtones et les enfants en situation vulnérable, à tous les niveaux d’enseignement et de formation professionnelle. L’intégration du patrimoine culturel immatériel dans l’éducation peut améliorer la pertinence de ce qui est enseigné sur le plan personnel en permettant aux élèves de s’impliquer émotionnellement dans le sujet, de renforcer leur fierté et leur estime d’eux-mêmes et de conforter leur sentiment d’appartenance à leur communauté. Ces impacts sont particulièrement importants pour les élèves issus de groupes marginalisés, de communautés autochtones et pour ceux qui se trouvent en situation vulnérable. En outre, les écoles qui intègrent le patrimoine culturel immatériel à leurs programmes peuvent renforcer les liens qui les unissent avec ces communautés, ce qui réduit leur marginalisation vis-à-vis de la société.
  • 4.7 D’ici à 2030, faire en sorte que tous les élèves acquièrent les connaissances et compétences nécessaires pour promouvoir le développement durable, notamment par l’éducation en faveur du développement et de modes de vie durables, des droits de l’homme, de l’égalité des sexes, de la promotion d’une culture de paix et de non-violence, de la citoyenneté mondiale et de l’appréciation de la diversité culturelle et de la contribution de la culture au développement durable. Les projets de l’UNESCO tels que la « Promotion du patrimoine culturel immatériel pour les éducateurs en vue de renforcer l’éducation au développement durable dans la région Asie-Pacifique » et les projets Systèmes de savoirs locaux et autochtones (LINKS) sur l’éducation autochtone ont montré par quels moyens le patrimoine culturel immatériel pouvait offrir des points d’entrée dans les programmes existants pour enseigner les valeurs et les compétences relatives au développement durable d’une façon qui met au premier plan la contribution de la culture tout en promouvant la diversité culturelle.
Top