Les arts du spectacle chez les ṭwāyef de Ghbonten
Inscrit en 2024 (19.COM) sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
En Tunisie, les ṭwāyef sont des troupes de poètes-chanteurs affiliées à la tribu des Ghbonten. Les troupes interprètent des cantiques ou des chansons, revêtues de robes blanches et de chéchias (couvre-chef) écarlates. Elles sont accompagnées par le son du chenna, un tambour traditionnel. Composée d’un chef et d’un groupe d’interprètes masculins, chaque troupe s’enorgueillit d’un répertoire unique de chants allant du sacré au profane, mêlant humour et solennité et favorisant une atmosphère de camaraderie et de spontanéité. Cette pratique remonte à la moitié du XIXème siècle et à l’abolition de l’esclavage en Tunisie en 1846. Dans ce contexte de libération, la communauté a créé cette forme d’expression qui combine des influences africaines, berbères et arabes. De plus en plus populaires auprès du public, les spectacles ont dépassé le cadre traditionnel et sont désormais souvent présentés dans le cadre de festivals et d’autres événements. Les femmes aident à préparer les vêtements et à brûler de l’encens avant le spectacle. Les artisans fabriquent les costumes, y compris les robes, les pantalons, les chaussures et les chéchias. La pratique est transmise de manière informelle au sein des familles et des communautés, oralement et par l’observation. Il s’agit d’une pratique festive et intergénérationnelle qui attire et fait participer les enfants grâce à son atmosphère ludique et légère. Pour les communautés pratiquantes, il s’agit d’un facteur d’identification et d’unification, et d’un moyen de transmission des normes sociales.