Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.18

Le Comité

  1. Prend note que l’Italie a proposé la candidature de la recherche et du cavage de truffes en Italie, connaissances et pratiques traditionnelles (nº 01395) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La recherche et le cavage de truffes en Italie constituent un ensemble de connaissances et de pratiques transmises sous forme orale depuis des siècles. De nos jours, elle demeure très importante dans la vie rurale de communautés entières de la péninsule italienne. Les chasseurs de truffes, ou tartufai, vivent généralement dans des zones rurales et petits villages. La recherche de truffes peut se décomposer en deux étapes : la recherche en elle-même, et le cavage. L’étape de recherche nécessite une bonne identification des zones où poussent les plants de truffes, dont les racines permettent la croissance du champignon sous la terre, appelé « truffe ». Cette étape est réalisée à l’aide d’un chien entraîné. Les chasseurs utilisent ensuite une bêche spéciale afin de caver les truffes sans perturber les conditions du sol. La recherche de truffes implique une vaste gamme de compétences et de connaissances (sur le climat, l’environnement et la végétation) liées à la gestion des écosystèmes naturels et à la relation entre le chasseur de truffes et son chien. Cette connaissance est transmise par des traditions orales, notamment des histoires, des fables, des anecdotes et des expressions qui reflètent l’identité culturelle locale ainsi qu’un sentiment de solidarité au sein de la communauté des chasseurs de truffes. La recherche de truffes est souvent liée à des festins populaires marquant le début et la fin de la saison de la truffe. Les pratiques respectent l’équilibre écologique et la biodiversité végétale, afin d’assurer la régénération saisonnière des espèces de truffes.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : Les praticiens et personnes concernées par l’élément sont porteurs de connaissances sur les cycles des plantes, les phases lunaires, le profil des précipitations et l’habitat. La connaissance et les compétences sont transmises sous forme orale des praticiens anciens aux plus jeunes, par observation et imitation. Les associations communautaires et les musées organisent également des sessions de formation à destination des jeunes. La recherche de truffes est une pratique principalement masculine, mais de plus en plus de femmes s’y intéressent. L’élément engage l’être humain dans son environnement naturel, améliore le bien-être physique et mental de ses participants, constitue une source de revenus, et est fortement lié à des festins populaires. L’élément est en harmonie avec les droits de l’homme et les pratiques pour un environnement durable.

R.2 : L’inscription permettrait de sensibiliser davantage aux éléments mettant l’accent sur la relation entre les hommes, les animaux et l’environnement, tout en contribuant à la sauvegarde de traditions locales associées aux communautés rurales. Elle sensibiliserait également à l’importance du patrimoine culturel immatériel en général, et encouragerait l’échange international au sein des communautés impliquées dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en matière de droits humains et environnementaux. Enfin, l’inscription augmenterait la collaboration avec les chaires UNESCO en vue de promouvoir la recherche sur les systèmes de connaissances traditionnelles. Le dialogue serait ainsi encouragé via des plateformes traditionnelles et numériques au sein des communautés, groupes et individus concernés par l’élément.

R.3 : Des mesures de sauvegarde se fondent sur la transmission informelle continue entre générations. Par ailleurs, les organisations et musées ont organisé des cours pour la transmission de l’élément, notamment auprès de personnes à mobilité réduite. Ces organismes ont également programmé la collecte de données orales auprès des praticiens et personnes concernées, ainsi que la cartographie des habitats et espaces naturels liés à l’élément. L’État a adopté des lois en vue d’assurer la protection des pratiques coutumières de la recherche et du cavage de truffes, la formation obligatoire des jeunes et la formation des chiens à la recherche de truffes. Un ensemble de mesures bien planifiées a été proposé, qui inclut notamment le renforcement de la transmission formelle et informelle de l’élément, et l’inclusion des jeunes pratiquants à mobilité réduite. Le dossier évoque des propositions de recherches, de documentation, de promotion et d’amélioration, avec le soutien technique et financier de l’État, ainsi que la participation des associations, musées, universités et praticiens.

R.4 : Les communautés sont impliquées dans la candidature depuis 2012. Le processus inclut diverses activités et a largement impliqué les praticiens et personnes concernées. Les groupes et individus des communautés concernées ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé à la candidature par le biais des associations qui les représentent. La tradition visant à garder secrets les lieux de recherche de truffes a été respectée dans le processus de la candidature et d’élaboration des mesures de sauvegarde.

R.5 : L’élément est inscrit au MEPI (Inventaire des éléments de patrimoine culturel immatériel) depuis mars 2020. Le processus d’inventaire a impliqué la participation de la communauté par le biais d’entretiens ainsi que des efforts de documentation. Des organisations non gouvernementales, universitaires et experts ont également participé. La mise à jour, incluant l’évaluation de la viabilité de l’élément, est réalisée conformément au rapport périodique et dans le cadre d’une approche ascendante.

  1. Décide d’inscrire la recherche et le cavage de truffes en Italie, connaissances et pratiques traditionnelles sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage l’État partie à porter attention au risque potentiel de la commercialisation excessive de l’élément et de veiller à assurer la surveillance et la bonne gestion de tous efforts touristiques ;
  3. Encourage en outre l’État partie à tenir compte du bien-être animal dans le cadre de l’élément, lors de la planification et de la mise en œuvre des mesures de sauvegarde ;
  4. Encourage également l’État partie à partager des expériences de sauvegarde avec d’autres États parties présentant des éléments similaires.

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