Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.b.8

Le Comité

  1. Prend note que la Suisse et la France ont proposé la candidature des savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art (n  01560) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

À la croisée des sciences, des arts et de la technique, les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art permettent de créer des objets d’horlogerie destinés à mesurer et indiquer le temps (montres, pendules, horloges et chronomètres), des automates d’art et des androïdes mécaniques, des sculptures et des tableaux animés, des boîtes à musique et des oiseaux chanteurs. Ces objets techniques et artistiques comportent un dispositif mécanique permettant de générer des mouvements ou d’émettre des sons. Si les mécanismes sont généralement cachés, ils peuvent également être visibles, et cela contribue à la dimension poétique et émotionnelle de ces objets. L’Arc jurassien est une région dans lequel l’artisanat demeure particulièrement vivant, grâce à la présence d’artisans hautement qualifiés et d’entreprises qui contribuent à la valorisation des savoir-faire, ainsi qu’à la mise en place d’une offre de formation complète. Historiquement, des familles entières exerçaient cette pratique, développant des méthodes d’apprentissage mais aussi des alliances professionnelles et familiales. L’apprentissage des savoir-faire débute généralement dans des écoles de formation. Aujourd’hui, des blogs, des forums, des tutoriels en ligne et des projets collaboratifs ouverts permettent à des praticiens de partager leurs savoir-faire. Ces savoir-faire ont une fonction économique, mais ils ont aussi façonné l’architecture, l’urbanisme et la réalité sociale quotidienne des régions concernées. La pratique véhicule de nombreuses valeurs telles que le goût du travail bien fait, la ponctualité, la persévérance, la créativité, la dextérité et la patience. Par ailleurs, la quête infinie de précision et l’aspect intangible de la mesure du temps donnent à cette pratique une forte dimension philosophique.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art sont transmis de génération en génération le long de l’Arc jurassien, en Suisse et en France. L’élément se caractérise par une association de connaissances et de compétences individuelles et collectives, théoriques et pratiques dans le domaine de la mécanique et de la micromécanique. La conception, la réalisation et la restauration d’objets mécaniques impliquent différents métiers liés à la création technique et artistique. Les détenteurs des savoir-faire associés sont multiples et complémentaires. Les savoir-faire liés à l’élément ont façonné l’architecture, l’urbanisme et la réalité sociale quotidienne des régions concernées. Ils véhiculent une symbolique propre, associant des notions de précision, de raffinement et de temporalité qui ont des conséquences notables sur la définition des identités locales et régionales.

R.2 :  L’inscription des savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art permettra d’assurer la visibilité des pratiques culturelles immatérielles dans l’ensemble du patrimoine culturel de la région, notamment grâce à la relation forte entre le patrimoine culturel immatériel et le patrimoine matériel et bâti. L’inscription renforcera la visibilité d’une forme de patrimoine culturel immatériel alliant tradition et innovation, science, artisanat et industrie, art et technique, main et machine dans la création d’objets d’art mécaniques. Cet élément élargit l’étendue et la diversité des domaines couverts par le patrimoine culturel immatériel du vingt-et-unième siècle.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde sont structurées de manière cohérente autour de trois priorités : documentation ; formation et transmission ; et sensibilisation et valorisation. Traduisant un engagement clair et réaliste, elles définissent des rôles distincts et complémentaires pour les différentes parties prenantes, mais aussi le rôle de soutien qui revient aux États parties eux-mêmes. Les mesures proposées ont été élaborées par des représentants des groupes concernés par le biais d’un groupe d’accompagnement transfrontalier. La candidature souligne la nature transfrontalière desdites mesures.

R.4 :  Les deux États parties ont planifié et préparé la candidature en étroite collaboration avec les détenteurs de l’élément, au moyen de réunions rassemblant leurs représentants. Le consentement des communautés concernées dans les deux États parties – plus précisément les hommes et femmes, groupes, associations et institutions actifs dans les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art – a été sollicité par le biais du groupe de rédaction binational et du groupe d’accompagnement. Plusieurs lettres de consentement sont jointes au dossier de candidature. Elles proviennent d’artisans et de praticiens, de collectionneurs, d’institutions de formation et de recherche, de musées et de centres de documentation, d’associations professionnelles, de fondations et de collectivités publiques et territoriales.

R.5 :  En Suisse, l’élément a été inscrit sur la Liste des traditions vivantes en Suisse en 2012, puis mis à jour en 2017. Cette liste, actualisée tous les cinq ans, est tenue par la section Culture et société de l’Office fédéral de la culture. Les informations relatives à chaque élément peuvent être révisées à tout moment si les communautés concernées en font la demande. En France, l’élément est inclus dans l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel depuis 2018. L’institution responsable de la gestion de cet inventaire est le Département du pilotage de la recherche et de la politique scientifique, qui dépend de la Direction générale des patrimoines au sein du Ministère de la culture. Il est enrichi d’une quarantaine de nouveaux éléments chaque année, et les fiches peuvent être révisées et republiées en ligne à tout moment sur demande des communautés concernées.

  1. Décide d’inscrire les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;

  2. Félicite les États parties pour ce dossier bien préparé qui peut servir d’exemple de la façon dont l’inscription d’un élément sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité peut contribuer à assurer la visibilité et la sensibilisation à l’importance du patrimoine culturel immatériel en général, et qui montre que la candidature de cet élément transfrontalier du patrimoine vivant a été rigoureusement menée dans un esprit de coopération, en suivant un processus bien conçu pour favoriser la participation et la collaboration.

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