Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.b.42

Le Comité

  1. Prend note que la Pologne et le Bélarus ont proposé la candidature de la culture apicole dans les arbres (n  01573) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La culture apicole dans les arbres englobe des connaissances, des savoir-faire, des pratiques, des traditions, des rituels et des croyances en lien avec l’élevage d’abeilles sauvages dans des ruches installées dans les troncs d’arbre en hauteur ou au sol dans des zones forestières. Les apiculteurs élèvent les abeilles de façon particulière : ils s’efforcent de recréer leurs conditions de vie primitives dans des ruches installées dans des troncs d’arbres sans nuire à leur cycle biologique naturel. À la différence des autres apiculteurs, ces apiculteurs traditionnels n’ont pas pour objectif la production intensive de miel. La culture apicole dans les arbres exige donc une bonne connaissance des méthodes traditionnelles ainsi que des savoir-faire et des outils spécifiques. Les apiculteurs s’instruisent tout au long de leur vie. Grâce à un contact direct avec les essaims et la nature, ils acquièrent constamment de nouvelles connaissances sur la vie des abeilles et l’écosystème. L’élément est associé à de nombreuses pratiques sociales mais aussi à diverses traditions culinaires et médicinales. Comme par le passé, la transmission de l’élément s’effectue principalement au sein des familles d’apiculteurs et des confréries. Cependant, de nos jours, les ateliers constituent un autre mode de transmission qui permet aux participants d’apprendre les uns des autres dans le cadre d’activités de groupe. La culture apicole dans les arbres éveille un sentiment d’appartenance à une communauté et une conscience collective de la responsabilité à l’égard de l’environnement.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Transmise de génération en génération, la culture apicole dans les arbres est une tradition au sein des familles rurales qui s’occupent des abeilles dans les ruches troncs. La pratique sous-tend un dialogue fondé sur la mémoire collective. Source de fierté pour ses détenteurs, la culture apicole dans les arbres englobe des pratiques culinaires, artisanales et médicinales et entretient aussi des liens avec certaines activités religieuses. Les apiculteurs rassemblent les communautés et les sensibilisent à l’importance de la nature, des interactions à l’écosystème et, par-dessus tout, des liens qui les unissent. Pleinement conforme aux instruments existants relatifs à la protection des droits de l’homme et aux principes de développement durable, l’élément met en avant la nécessité de préserver la biodiversité.

R.2 :  Aux niveaux national et international les États parties ont expliqué que l’inscription de l’élément sensibiliserait aux principes du développement durable et à leurs relations avec le patrimoine culturel immatériel, tout en soulignant l’importance potentielle des pratiques traditionnelles pour la préservation de la biodiversité ou encore pour la sécurité alimentaire. Par ailleurs, l’inscription augmenterait la visibilité d’éléments liées à des traditions médicinales, artisanales et culinaires. L’élément étant présent dans différentes zones de la Pologne et du Bélarus, son inscription renforcerait la coopération entre les différents groupes de détenteurs et favoriserait le dialogue avec des apiculteurs du monde entier. Les États parties ont également décrit l’importance de l’inscription pour le renforcement de la relation entre la Liste représentative, qui dépend de la Convention de 2003, et la Liste du patrimoine mondial, qui dépend de la Convention de 1972 concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, en particulier en ce qui concerne les biens naturels.

R.3 :  En Pologne comme au Bélarus, les familles et les confréries d’apiculteurs jouent un rôle fondamental pour la viabilité de l’élément. Le risque de décontextualisation, en tant que possible effet négatif de l’intérêt croissant de la population suite à l’inscription, serait évité grâce à des activités éducatives, de recherche et de sensibilisation. Les confréries d’apiculteurs, avec le soutien des centres culturels et des musées locaux, prévoient des excursions, des ateliers, des conférences, des publications et des expositions pour diffuser des informations scientifiques fiables sur la culture apicole dans les arbres. Les États parties soutiendront la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées, principalement par le biais de financements dédiés, d’une coopération accrue et d’un dialogue renforcé.

R.4 :  L’initiative de la candidature de la culture apicole dans les arbres pour inscription sur la Liste représentative émane directement des détenteurs de l’élément. La préparation de la candidature a été précédée d’un processus de consultation approfondie avec les détenteurs des deux États, notamment les communautés concernées, les familles d’apiculteurs et les apiculteurs eux-mêmes, ainsi qu’avec les autorités compétentes et les organisations non gouvernementales telles que les confréries d’apiculteurs. Ils ont contribué à la rédaction finale de la candidature et à la définition des mesures de sauvegarde.

R.5 :  En Pologne, l’élément figure sur la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel, gérée par le Conseil du patrimoine national de Pologne, depuis 2016. Au Bélarus, l’élément a été inscrit en 2017 au Registre national des valeurs historiques et culturelles de la République du Bélarus, tenu par le Ministère de la culture de la République du Bélarus, et à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel du Bélarus, tenu par le Département d’information et d’analyse de l’Université d’État de la culture et des arts du Bélarus. Les détenteurs sont directement impliqués dans l’identification des éléments et dans l’élaboration des inventaires. Ils jouent un rôle central dans la recherche, la collecte de données et le suivi assuré après l’inscription. Les deux inventaires sont mis à jour régulièrement.

  1. Décide d’inscrire la culture apicole dans les arbres sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;

  2. Félicite les États parties d’avoir présenté un dossier de candidature qui manifeste une profonde prise de conscience de la nécessité de sauvegarder l’élément pour préserver le développement durable des communautés locales concernées et l’équilibre écologique mais aussi le paysage naturel et culturel ;

  3. Félicite en outre les États parties d’avoir présenté un dossier de candidature qui fait preuve d’une participation exemplaire des communautés concernées, des détenteurs et des représentants des écoles, musées et institutions locales.

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