Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.b.39

Le Comité

  1. Prend note que Malte a proposé la candidature du ftira, art culinaire et culture du pain plat au levain à Malte (n  01580) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le ftira, art culinaire et culture du pain plat au levain à Malte, fait partie intégrante du patrimoine culturel des habitants de l’archipel maltais. Le ftira est un pain à la croûte épaisse et à la texture intérieure légère, caractérisée par de larges alvéoles irrégulières (mie aérée). Il est plus plat que les autres pains maltais et cuit dans un four plus chaud. Le pain coupé en deux est garni d’ingrédients méditerranéens comme l’huile d’olive, la tomate, le thon, les câpres et les olives. Des variantes saisonnières ou inventives peuvent être ajoutées. Son nom étant issu de l’arabe (fatir signifie pain sans levain), la culture du ftira reflète la continuité des échanges interculturels dans l’histoire de Malte. Bien que la fabrication d’autres types de pain maltais puisse être mécanisée, seuls des boulangers compétents peuvent façonner le ftira à la main. Dans les boulangeries, les apprentis apprennent par l’observation et la pratique, et plusieurs programmes de formation existent. Les savoir-faire nécessaires pour choisir les ingrédients compatibles et garnir le ftira sont transmis de façon informelle dans les familles ainsi que par d’autres biais, notamment sur les réseaux sociaux et sur des blogs culinaires. La consommation de ftira, comme en-cas ou en entrée, favorise le sentiment d’identité commune à Malte en réunissant les habitants. Une grande variété de personnes, y compris des groupes marginalisés, peuvent accéder à la profession de boulanger par l’apprentissage. Par ailleurs, les « journées du ftira » organisées dans les écoles informent les élèves sur les bienfaits d’une alimentation saine.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  La candidature affirme que la fabrication et consommation de ftira, comme en-cas ou en entrée, favorise le sentiment d’identité commune à Malte en réunissant les habitants chez eux ou sur leurs lieux de travail. Sous la forme d’un simple en-cas partagé en famille ou découpé en petits morceaux à l’occasion de rassemblements sociaux, la consommation de ftira facilite la prise de contact dans différents contextes sociaux. La culture du ftira renforce le sentiment d’identité commune et le respect mutuel, en rassemblant les habitants indépendamment de leur origine, de leur genre ou de leur âge et en favorisant l’inclusion sociale. L’importance culturelle du pain, notamment du ftira, est également liée à l’histoire de l’indépendance de Malte.

R.2 :  L’État partie a fourni une explication utile de la contribution de cette pratique culinaire à la promotion du patrimoine culturel immatériel en général et au renforcement de sa visibilité. Aux niveaux national et local, l’inscription de l’élément devrait favoriser la reconnaissance des arts culinaires en tant qu’expressions du patrimoine vivant, et encourager l’identification d’autres pratiques quotidiennes en tant qu’éléments du patrimoine culturel immatériel. L’inscription de l’élément pourrait renforcer le sentiment d’identité commune autour de pratiques alimentaires et culinaires de la région méditerranéenne en particulier. Elle pourrait également permettre de mieux comprendre le rôle des échanges interculturels dans la formation de pratiques alimentaires culturellement diversifiées à travers le monde. En outre, compte tenu de sa faculté d’adaptation aux difficultés environnementales, l’élément pourrait stimuler le dialogue relatif à la durabilité des pratiques patrimoniales.

R.3 :  L’élément est d’abord sauvegardé par les actions, adaptations et interventions spontanément mises en œuvre par les praticiens et les parties prenantes. Par exemple, les boulangers adaptent la chaîne de production et de consommation en fonction des évolutions de la société et de la demande. En outre, des mesures ont été soigneusement conçues pour apporter des solutions aux problèmes tels que la pénurie d’apprentis et l’intensification de la concurrence. On peut notamment citer le soutien gouvernemental accordé aux formations dans les écoles et aux programmes d’apprentissage destinés aux prisonniers, l’organisation de festivals et d’activités de promotion ou encore les travaux de recherche, portant entre autres sur les aspects linguistiques de l’élément. Ces mesures de sauvegarde, dont l’objectif est de renforcer la viabilité de la pratique, ont été proposées avec le concours des membres des communautés concernées.

R.4 :  La candidature fournit des informations sur les modalités de participation des communautés aux différentes étapes du processus de candidature, en incluant des références précises aux différentes réunions organisées (date, lieu, nombre et type des participants). Le dossier montre également que la candidature a été soutenue non seulement par les communautés concernées mais aussi par le grand public. Les lettres de consentement jointes témoignent de ce soutien général enthousiaste.

R.5 :  L’élément a été inscrit à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en 2018. La gestion de l’Inventaire national, supervisée par la Direction de la culture du Ministère de la justice, de la culture et des gouvernements locaux avec l’aide du Conseil national du PCI, repose sur un processus dynamique de communication avec les communautés, groupes et individus concernés. Les entrées dans l’inventaire sont mises à jour au moins tous les quatre ans, sur la base d’un rapport périodique au niveau national.

  1. Décide d’inscrire le ftira, art culinaire et culture du pain plat au levain à Malte sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;

  2. Félicite l’État partie pour sa première inscription ;

  3. Invite l’État partie à s’assurer que les mesures de sauvegarde traitent de manière adéquate les impacts négatifs potentiels de commercialisation excessive de l’élément, en gardant à l’esprit que toutes les mesures de sauvegarde devraient viser à améliorer la viabilité de l’élément.

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