Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.b.38

Le Comité

  1. Prend note que le Malawi et le Zimbabwe ont proposé la candidature de l’art de fabriquer et de jouer la mbira/sanza, lamellophone traditionnel au Malawi et au Zimbabwe (n  01541) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

L’art de fabriquer et de jouer la mbira/sanza, lamellophone traditionnel au Malawi et au Zimbabwe, joue un rôle clé dans les communautés concernées. La mbira/sanza de base est un instrument constitué d’une planche en bois sur laquelle sont fixées des lames métalliques. Elle est parfois montée sur une calebasse/caisse de résonance en bois. Les lames métalliques, fabriquées à partir de manches de cuillère, de rayons de roue de vélo ou de fil de ressort, sont pincées à l’aide des pouces seuls ou en combinaison avec d’autres doigts. La mbira/sanza émet un son fluide et percutant jugé mystique, paisible et enchanteur. La musique de la mbira/sanza se caractérise aussi par sa nature cyclique : chaque nouvelle répétition d’un thème varie légèrement par rapport à la précédente et intègre de nombreuses mélodies entrelacées. L’instrument peut être pratiqué seul ou avec d’autres, dans un groupe. Traditionnellement, la transmission s’effectue par l’apprentissage au sein du cercle familial. Mais de nos jours, la pratique est également transmise de façon formelle, et l’art de la fabrication et de la pratique de la mbira/sanza est enseigné dans certaines écoles. Les chants véhiculent d’importants messages. Par exemple, ils mettent les enfants en garde contre les mauvaises conduites ou condamnent les comportements négatifs des membres de la communauté. La musique est également utilisée pour accompagner les récits d’événements passés. Chaque fois qu’elle est pratiquée, la mbira/sanza agit comme une « arme » pour condamner la violence et d’autres problèmes sociaux.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Au Malawi, les détenteurs et les praticiens de la mbira/sanza sont principalement les Chewa et les Mang’anja des régions du centre et du sud. Au Zimbabwe, les détenteurs et les praticiens appartiennent principalement à l’ethnie Shona, mais d’autres groupes ethniques, dont les BaTonga, les Venda et les Kalanga, en jouent également. Le dossier de candidature présente les fonctions sociales et les significations culturelles de l’élément, et explique comment les connaissances et les savoir-faire associés sont transmis de nos jours. Les informations fournies montrent que la pratique est conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme et à l’exigence du respect mutuel entre communautés, mais aussi compatible avec un développement durable.

R.2 :  Les États parties ont montré que l’inscription de l’élément contribuerait à assurer la visibilité et la prise de conscience de l’importance du patrimoine culturel immatériel en général. Selon le dossier, la mise en œuvre des mesures de sauvegarde accroîtrait la visibilité de l’élément et du patrimoine culturel immatériel en général. L’inscription encouragerait le dialogue au sujet des éléments du patrimoine vivant des deux États, et favoriserait l’établissement de réseaux et le partage d’expériences relatives à la sauvegarde de ces éléments et d’autres éléments transfrontaliers. L’inscription de l’élément enrichirait l’éventail de styles et de genres musicaux existant dans le monde entier, créant ainsi un environnement propice à la créativité humaine et au respect de la diversité culturelle.

R.5 :  Au Malawi, l’élément a été inscrit à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel du Malawi en 2011. L’organisation responsable de la tenue de cet inventaire est le Département des musées et des monuments du Malawi. L’inventaire est mis à jour tous les cinq ans par le Comité national pour le patrimoine culturel immatériel, avec la pleine participation des communautés concernées. Au Zimbabwe, la mbira/sanza figure dans le volume 1 de la Liste provisoire du PCI du Zimbabwe depuis 2016. La tenue de cet Liste incombe au Département des arts et de la culture qui dépend du Ministère de la jeunesse, des sports, des arts et des loisirs. C’est le Département des arts et de la culture qui est chargé de mettre à jour cet inventaire. La mise à jour est effectuée tous les cinq ans.

  1. Estime en outre que, sur la base des informations contenues dans le dossier et fournies par les États soumissionnaires dans le cadre du processus de dialogue, les critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivants sont satisfaits :

R.3 :  Les mesures de sauvegarde reflètent la pratique de l’élément en tant que partie intégrante de la culture traditionnelle et contemporaine sur les territoires des deux États. La transmission continuelle est assurée par les détenteurs de la tradition ainsi que dans un environnement semi-formel et académique. Les mesures de sauvegarde visent à améliorer la documentation, promotion et transmission de la musique mbira/sanza. Une attention particulière est accordée à l’amélioration des cadres juridiques pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dans les deux États et les gouvernements des deux États et divers instituts de recherche sont impliqués dans la sauvegarde de l’élément.

R.4 :  Au Malawi et Zimbabwe, des informations sur l’élément ont été recueillies lors de réunions et d’ateliers d’inventaire. Des experts locaux ont participé aux réunions et ont fourni des informations sur l’élément. Les deux États parties ont démontré le processus de développement de la participation et du consentement des communautés dans leurs contextes respectifs où les chefs, en plus d’être les gardiens de la culture, sont également perçus comme les représentants du peuple.

  1. Décide d’inscrire l’art de fabriquer et de jouer la mbira/sanza, lamellophone traditionnel au Malawi et au Zimbabwe sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;

  2. Félicite les États parties pour la soumission d’un dossier amélioré suite à la décision du Comité de renvoyer la candidature en 2018 ;

  3. Encourage les États parties à s’assurer du rôle essentiel des communautés, groupes et individus concernés dans l’ensemble des étapes du processus de candidature et à éviter les approches descendantes à tous les stades de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en s’assurant que toutes les communautés concernées sont au centre de tous les efforts de sauvegarde ;

  4. Invite les États parties à prêter une attention particulière à l’impact d’un tourisme accru et excessif sur la sauvegarde de l’élément afin de prévenir sa décontextualisation potentielle.

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