Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.b.26

Le Comité

  1. Prend note que la République populaire démocratique de Corée a proposé la candidature de la coutume du costume coréen en République populaire démocratique de Corée (n  01299) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

L’élément comprend l’habillement et les pratiques coutumières connexes en lien avec la coutume du costume de la République populaire démocratique de Corée. Confectionné à partir de fibres naturelles comme la ramie et la soie, le costume se compose d’une partie supérieure et d’une partie inférieure. La partie supérieure est une veste unisexe appelée jogori tandis que la partie inférieure correspond à un pantalon appelé paji pour les hommes ou à une jupe appelée chima pour les femmes. Le costume coréen comprend aussi des vêtements saisonniers, et notamment un manteau appelé turumagi et un gilet appelé paeja. Le costume coréen est considéré comme un symbole de l’identité nationale qui remonte à des temps anciens. Autrefois porté au quotidien, le costume traditionnel est aujourd’hui porté pour des occasions spéciales telles que les fêtes traditionnelles, les mariages, les premier et soixantième anniversaire de chaque personne. La coutume est pratiquée dans toutes les régions du pays et Pyongyang est au cœur de la pratique, de la transmission et de la diffusion de l’élément. Les connaissances et savoir-faire liés à l’élément sont principalement transmis dans le cadre familial et par l’intermédiaire de l’éducation formelle. Les femmes jouent un rôle majeur dans la pratique. De nombreux événements culturels, notamment le spectacle annuel consacré au costume coréen et la grande performance gymnastique et artistique de masse intitulée « Notre glorieuse patrie », mettent l’élément en avant.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait au critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivant :

R.5 :  L’élément a été inscrit à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel le 5 décembre 2012. L’Inventaire national est tenu à jour et mis à jour tous les cinq ans par le Département du patrimoine culturel immatériel et l’Agence coréenne pour la préservation du patrimoine national, tous deux rattachés à l’Autorité nationale pour la protection du patrimoine culturel (NAPCH). La candidature indique en outre que la mise à jour est entreprise avec la participation du plus grand nombre possible d’organes, d’organisations, d’entreprises, de groupes et d’individus concernés.

  1. Décide que, sur la base des informations fournies par l’État partie au Comité au cours de sa présente session, le critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivant est satisfait :

R.4 :  La candidature a été préparée avec la participation d’associations représentatives aux niveaux national et local, ainsi que de multiples acteurs et praticiens de l’élément, allant des aînés aux enfants, des personnes de tous horizons, qui ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé. Les consentements ont été recueillis à la fois sous forme collective et individuelle. Comme l’élément est pratiqué à l’échelle nationale, seuls les consentements représentant chacune des parties du pays ont donc été joints. Parmi ceux-ci, on y trouve deux peintures d’enfants montrant leurs sentiments lorsqu’ils sont habillés en costume.

  1. Estime en outre que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivants sont satisfaits :

R.1 :  Selon la candidature, l’ensemble des coréens sont détenteurs et praticiens de la coutume du costume coréen. L’élément est présenté de manière double : à la fois une coutume nationale dirigée de façon descendante et une coutume pratiquée par la population globale dans son ensemble. Suivant la présentation du dossier, le costume semble constituer un élément folklorique qui est maintenu inchangé afin de renforcer l’identité nationale plutôt qu’un élément du patrimoine culturel immatériel qui, selon la Convention, est dynamique par définition. Par ailleurs, la candidature ne fournit pas suffisamment d’informations concernant les aspects sociaux et culturels de l’élément. De plus, la définition de l’élément ne contient aucune information concernant le savoir-faire associé à l’artisanat traditionnel sans lequel la création des costumes est impossible. Enfin, le dossier souligne le rôle de l’élément en tant que moteur de la cohésion et de l’identité de la nation coréenne sans indiquer comment il encourage l’inclusion et l’intégration de façon plus générale.

R.2 :  Le dossier de candidature n’explique pas dans quelle mesure l’inscription de l’élément pourrait contribuer à la visibilité du patrimoine culturel immatériel et à la prise de conscience de son importance en général. Il évoque uniquement la façon dont l’inscription impacterait l’élément lui-même aux niveaux local, national et international. La déclaration concernant la promotion du respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine se limite principalement au costume coréen lui-même et ne représente pas un argument suffisamment convaincant concernant la façon dont l’inscription contribuerait à la créativité humaine et à la diversité à l’échelle mondiale.

  1. Estime également que les informations contenues dans le dossier et fournies par l’État partie au Comité au cours de sa présente session ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si le critère suivant d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité est satisfait :

R.3 :  Les efforts passés, actuels et futurs visant à assurer la transmission intergénérationnelle de l’élément sont décrits. Diverses mesures de sauvegarde sont également élaborées, notamment la mise en place d’un mécanisme de coordination, la réalisation d’enquêtes et de recherches, la création de lieux de travail, l’organisation d’ateliers sur la conception et la confection de costumes avec des jeunes, la production de films documentaires sur la tradition du costume, la publication d’ouvrages et l’organisation de concours de design, entre autres. Des mesures seront prises pour concevoir et diffuser le costume en fonction du genre, de la saison, de l’âge et des occasions traditionnelles. La collaboration de l’Association coréenne du costume et de douze associations locales, des autorités nationales et locales, des communautés et des familles, des travailleurs et des créateurs de la soie, des chercheurs et des étudiants est démontrée, témoignant de l’attention particulière accordée aux matériaux durables et au sens esthétique moderne. Cependant, le dossier ne fournit pas suffisamment d’informations sur la manière dont les communautés seront impliquées dans la mise en œuvre des mesures de sauvegarde.

  1. Décide de renvoyer la candidature de la coutume du costume coréen en République populaire démocratique de Corée à l’État partie soumissionnaire et l’invite à resoumettre la candidature révisée au Comité pour examen au cours d’un cycle ultérieur ;

  2. Encourage l’État partie à s’assurer de la participation des communautés, groupes et individus concernés dans l’ensemble du processus d’inventaire de l’élément ;

  3. Rappelle à l’État partie que les approches descendantes susceptibles d’influer indûment sur l’organisation traditionnelle et spontanée du patrimoine culturel immatériel ne sont pas conformes à l’esprit de la Convention et invite en outre l’État partie à éviter les approches descendantes dans l’ensemble des étapes de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en s’assurant que les communautés soient au centre des efforts de sauvegarde.

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