Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.a.4

Le Comité

  1. Prend note que la Namibie a proposé la candidature des connaissances et des savoir-faire musicaux ancestraux d’Aixan /gâna/ob #ans tsî //khasigu (n  01540) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Les connaissances et savoir-faire musicaux ancestraux d’Aixan /gâna/ob #ans tsî //khasigu, est une musique traditionnelle propre aux Namas, tribu minoritaire de Namibie. Elle est interprétée à l’aide d’instruments traditionnels : un arc musical appelé « khab » et une guitare traditionnelle appelée « !guitsib », généralement joués aussi bien par les hommes que par les femmes, ainsi qu’un harmonica appelé « vlies », habituellement joué par des femmes. La musique de ces instruments s’accompagne de chants, de fredonnements et de hululements. La musique ancestrale des Namas se caractérise par un son, une texture et un rythme spécifiques. La mélodie principale et le rythme sont produits par un arc musical, un accordéon ou une guitare, tandis que d’autres instruments créent les harmonies. Il ne suffit pas de savoir jouer : les musiciens doivent aussi savoir accorder, entretenir et réparer leurs instruments. La musique est associée à des danses communément appelées « Nama-stap », ce qui signifie littéralement « pas de danse du peuple nama ». La musique anime les grands événements sociaux mais elle sert surtout à éduquer et à instruire les membres de la communauté en les sensibilisant, par exemple, à la protection de l’environnement. Autrefois, la musique établissait un lien entre les communautés et les villages, mais de nos jours elle doit faire face à plusieurs menaces et ces dernières années, seuls quelques anciens maîtrisent la tradition et possèdent encore les connaissances et les savoir-faire nécessaires.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.1 :  La musique traditionnelle du peuple nama englobe plusieurs aspects du patrimoine culturel immatériel. La musique et la danse célèbrent la vie et symbolisent différents éléments de l’environnement des détenteurs. La musique anime souvent les célébrations des communautés, les fêtes traditionnelles, les cérémonies rituelles et les activités sociales telles que les mariages, les danses de la pluie, les anniversaires et les rites de passage des jeunes filles. Les rôles spécifiques des membres des communautés sont bien décrits. Par exemple, les hommes et les femmes ne dansent pas de la même façon, et représentent par leurs mouvements, les valeurs et coutumes de leur communauté. L’élément est transmis aux jeunes générations par les anciens de manière non formelle par la transmission orale, mais aussi par l’observation et l’imitation.

U.2 :  Aixan /gâna/ob #ans tsî //khasigu nécessite une sauvegarde urgente car elle est sur le point de disparaître. Autrefois, la musique établissait un lien entre les communautés et les villages. Mais de nos jours seuls quelques anciens possèdent encore les connaissances et les savoir-faire nécessaires pour jouer des instruments traditionnels. Les praticiens de l’élément vieillissent, et dans le même temps la fréquence et l’ampleur des représentations diminuent fortement depuis quelques années. Le manque d’intérêt des jeunes et la faible visibilité de l’élément font qu’il n’est plus possible pour les membres des communautés concernées, en particulier les jeunes, d’observer les praticiens et donc d’apprendre cette musique ancestrale grâce à la transmission des savoir-faire. Pendant les fêtes, les prestations de musiciens ont été remplacées par de la musique enregistrée. Les fêtes traditionnelles sont de moins en moins célébrées, et la musique n’est plus diffusée qu’à l’occasion de festivals culturels.

U.3 :  Les efforts passés et en cours pour sauvegarder l’élément incluent la constitution de groupes culturels et la mise en place de programmes pour la promotion et la documentation de l’élément. Les objectifs sont notamment de renforcer la visibilité de l’élément et la transmission des connaissances, d’accroître les capacités de documentation et de renforcer la coopération régionale. Parmi les activités proposées, on peut citer la production de matériel pédagogique et promotionnel, l’organisation de salons, la réalisation d’une campagne de sensibilisation et la mise en place de programmes de formation et d’un atelier de renforcement des capacités. Afin d’assurer le suivi du projet, des visites sur le terrain sont prévues, ainsi qu’une évaluation à mi-parcours en coopération avec les communautés concernées. La Commission nationale de Namibie pour l’UNESCO a participé à la mise en œuvre et à la gestion des fonds des programmes liés aux activités de promotion du patrimoine culturel immatériel en Namibie. Les capacités seront renforcées car les membres des communautés acquerront les compétences nécessaires pour animer des programmes de sensibilisation, et un cadre stratégique sera fourni pour d’autres activités de renforcement des capacités.

U.4 :  Les membres des communautés ont participé à l’inventaire et à la documentation de l’élément, ainsi qu’à l’élaboration du dossier de candidature. Les autorités traditionnelles concernées ont consenti à la candidature de l’élément en vue de son inscription sur la Liste de sauvegarde urgente. Toutes les parties prenantes ont contribué au processus. En outre, le Ministère de l’égalité des genres et de l’enfance est l’une des parties prenantes et veillera à ce que l’égalité des genres soit assurée dans tous les projets et programmes locaux. Les membres des communautés élaboreront le matériel pédagogique (panneaux pour les expositions, brochures) et feront partie du groupe chargé de mener des actions de sensibilisation pendant des expositions locales. Des individus ayant suivi une formation dans le domaine du patrimoine culturel immatériel participeront à la campagne de sensibilisation, à l’identification des détenteurs, à la planification et au suivi des activités quotidiennes et à d’autres activités de documentation. Les détenteurs seront les principaux présentateurs de l’émission de radio et seront recrutés pour assurer une formation musicale. Ils seront également chargés d’évaluer les activités du projet et de fabriquer des instruments traditionnels. Les formulaires de consentement ont été signés par des chefs des communautés, des détenteurs individuels et les groupes culturels au sein des communautés concernées. La plupart des signataires sont des femmes.

U.5 :  L’élément est inclus dans l’Inventaire indicatif national namibien du PCI depuis septembre 2016. Cet inventaire est administré par la Direction des programmes nationaux pour le patrimoine et la culture (Ministère de l’éducation, des arts et de la culture) en collaboration avec la Commission nationale de Namibie pour l’UNESCO. L’État partie a élaboré et animé des ateliers afin de donner aux représentants des communautés les connaissances et les savoir-faire nécessaires pour sensibiliser au patrimoine culturel immatériel, mais aussi pour identifier, inventorier et documenter les éléments du patrimoine vivant de leurs communautés respectives. La Direction des programmes nationaux pour le patrimoine et la culture met l’inventaire à jour dès qu’elle reçoit de nouvelles informations sur les éléments qui y sont inclus.

  1. Décide d’inscrire les connaissances et les savoir-faire musicaux ancestraux d’Aixan /gâna/ob #ans tsî //khasigu sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Encourage l’État partie à éviter, dans ses prochains dossiers de candidature, les lettres de consentement standardisées;

  3. Rappelle à l’État partie que la mise à jour est un aspect important du processus d’élaboration des inventaires et l’invite à inclure, dans son prochain rapport périodique sur la mise en œuvre de la Convention au niveau national, des informations détaillées sur la périodicité de la mise à jour de l’Inventaire indicatif national du PCI de Namibie, conformément à l’article 12.1 de la Convention ;

  4. Prend note en outre que la Namibie a demandé une assistance internationale du Fonds du patrimoine culturel immatériel, d’un montant de 99 329 dollars des États-Unis, pour mettre en œuvre le plan de sauvegarde des connaissances et des savoir-faire musicaux ancestraux d’Aixan /gâna/ob #ans tsî //khasigu (n 01639) :

Mis en œuvre par la Commission nationale de Namibie pour l’UNESCO, ce projet s’étendant sur 36 mois vise à sauvegarder l’Aixan /gâna/ob #ans tsî //khasigu, car la tradition liée à cette pratique musicale est actuellement confrontée à de nombreuses menaces. Plus précisément, les objectifs du projet sont les suivants : améliorer la visibilité de l’élément et du patrimoine vivant en général ; mettre en valeur, préserver et promouvoir l’élément auprès des jeunes, des membres des communautés concernées et de toute la population namibienne ; accroître la transmission des savoir-faire nécessaires parmi les jeunes en mettant en place un programme de formation non formelle dans cinq localités ciblées au niveau des communautés; soutenir l’artisanat traditionnel en fabriquant les instruments de musique ; accroître les capacités nationales en matière d’élaboration des inventaires et de documentation à l’échelle nationale et dans les communautés concernées ; et renforcer la coopération sous-régionale entre les pays d’Afrique australe dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Entre autres activités, le projet prévoit la réalisation d’une émission de radio et l’organisation de salons et d’expositions afin de sensibiliser le public, l’organisation d’un séminaire de quatre jours pour former des détenteurs et des responsables au travail d’inventaire, de documentation et de sauvegarde et l’identification d’artisans qui apprendront aux jeunes à fabriquer des instruments traditionnels. Ce projet devrait favoriser la création de groupes musicaux et de festivals régionaux dans lesquels ils pourront se produire, inciter les établissements locaux d’enseignement supérieur à créer des départements de recherche axés sur le patrimoine vivant, et encourager les acteurs locaux à soutenir davantage les initiatives de ce type.

  1. Estime en outre que, d’après les informations contenues dans le dossier, la demande satisfait aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :

Critère A.1 : Les membres des communautés et les individus concernés ont participé au processus d’élaboration de l’inventaire et de documentation, ainsi qu’à la préparation de la demande. Ces mêmes personnes joueront un rôle essentiel dans le cadre du projet proposé. Les communautés seront consultées en continu par des responsables de la culture et des membres des communautés ayant bénéficié d’une formation dans le domaine du patrimoine culturel immatériel. Les membres ainsi formés contribueront à la campagne de sensibilisation et à l’identification des détenteurs. Ils continueront également à assister à des ateliers sur l’élaboration des inventaires, la documentation et la sauvegarde avec la participation des communautés, et ils poursuivront leur travail de documentation de l’élément. Le dossier fournit des informations sur les méthodes employées pour garantir l’équilibre des genres dans tous les projets et programmes locaux.

Critère A.2 : Le budget comprend une description détaillée des dépenses. À chaque catégorie de dépenses sont associées une explication et une répartition précise des sommes qui y sont consacrées. La majeure partie de l’assistance financière demandée servira à couvrir le coût des campagnes de sensibilisation, de la production du matériel pédagogique et des activités de formation non formelle. Une autre partie du budget sera allouée au suivi du projet et à la rédaction de rapports. Le montant demandé paraît adapté aux activités proposées et reflète bien les objectifs décrits.

Critère A.3 : L’État partie a proposé un plan de sauvegarde cohérent au regard des problèmes relatifs à la sauvegarde de l’élément. Les activités correspondantes sont définies de manière suffisamment réaliste pour garantir leur bonne tenue et leur suivi. Toutefois, il conviendrait de revoir le calendrier pour que les activités relatives à la transmission de l’élément commencent plus tôt et soient mieux réparties dans le calendrier du projet. En effet, la transmission par le biais de la formation est tout aussi importante que les campagnes de sensibilisation et la production de matériel pédagogique, étant donné que la formation musicale demande une pratique dans la durée.

Critère A.4 : Le projet de sauvegarde repose sur deux grands axes : la sensibilisation et la formation, afin d’attirer l’attention des jeunes sur cette pratique et de former des praticiens à l’échelle locale. L’objectif général du projet est de sauvegarder l’élément pour garantir son développement durable. Ce projet ayant été élaboré à l’initiative des membres des communautés concernées, les autorités traditionnelles seront chargées d’assurer sa pérennité. Avec le concours de l’État partie, elles continueront également à soutenir les membres des communautés pour l’organisation d’activités pédagogiques ciblant les jeunes. Les comités locaux du patrimoine culturel immatériel, dûment formés, continueront à mener des campagnes de sensibilisation et à réaliser un travail de documentation de l’élément, avec l’aide des responsables régionaux de la culture.

Critère A.5 : Selon le budget joint à la demande, l’État partie prendra en charge une partie des frais des activités pour lesquelles l’assistance internationale sera fournie, dans la limite de ses ressources. Le gouvernement namibien couvrira huit pour cent du budget total.

Critère A.6 : Le projet permettra de multiplier les opportunités pour les membres des communautés concernées de partager leurs connaissances traditionnelles, leur expérience et leurs idées sur la manière la plus durable de sauvegarder l’élément. Les membres des communautés qui acquerront des compétences dans le cadre du programme de formation s’emploieront à sensibiliser la population à l’importance de la documentation et de la sauvegarde de l’élément. Le matériel pédagogique produit, comme les panneaux mobiles pour les expositions, continueront à être utilisés lors de salons, dans les écoles et dans les établissements d’enseignement supérieur pour faire découvrir l’élément au grand public et sensibiliser les communautés.

Critère A.7 : La Namibie a bénéficié d’une assistance internationale du Fonds du patrimoine culturel immatériel à deux reprises, pour la préparation de la présente candidature pour inscription sur la Liste de sauvegarde urgente (dossier n  01418, 2017-2019, 10 000 dollars des États-Unis), et pour un projet en cours intitulé « La sauvegarde de l’okuruuo grâce à un renforcement des capacités des communautés, l’établissement d’un inventaire et un travail de documentation en Namibie » (dossier n  01536, 2019-2023, 100 000 dollars des États-Unis). Le travail décrit dans les contrats relatifs à ces projets a jusqu’à présent été effectué conformément aux réglementations de l’UNESCO.

Paragraphe 10(a) : Le projet a une portée nationale. Il sera mené par la Commission nationale de Namibie pour l’UNESCO, fondée en 1992, qui dispose de l’expérience et des capacités nécessaires pour le gérer. Par ailleurs, plusieurs partenariats internes avec des ministères et des institutions sont clairement identifiés dans le dossier, de même que leurs responsabilités respectives dans le cadre du projet. La Commission nationale coopère avec différentes parties prenantes qui seront impliquées dans la mise en œuvre des activités du projet. Leurs responsabilités sont précisément définies.

Paragraphe 10(b) : L’identification des membres des communautés et la mise en place de programmes d’éducation musicale favorisera la création de groupes et augmentera la demande de festivals régionaux mettant cette pratique musicale en valeur. Cette tendance pourrait encourager les acteurs locaux à soutenir les initiatives de ce type dans une perspective de développement durable. En outre, les prestations musicales régulières seront une source de revenus pour les groupes au sein des communautés. Par ailleurs, les expositions et les programmes de sensibilisation de la communauté inciteront les établissements d’enseignement supérieur locaux à créer des départements de recherche axés sur le patrimoine culturel immatériel. Ces campagnes de sensibilisation devraient également susciter l’intérêt d’un plus large public et d’acteurs privés qui pourront investir des ressources dans la sauvegarde de l’élément.

  1. Décide d’approuver la demande d’assistance internationale de la Namibie pour la mise en œuvre du plan de sauvegarde des connaissances et des savoir-faire musicaux ancestraux d’Aixan /gâna/ob #ans tsî //khasigu et accorde à cette fin le montant de 99 329 dollars des États-Unis à l’État partie ;

  2. Invite en outre l’État partie à utiliser le formulaire ICH-04-Rapport pour rendre compte de l’utilisation de l’assistance accordée.

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