Décision du Comité intergouvernemental : 14.COM 10.b.2

Le Comité,

  1. Prend note que l’Autriche, la Grèce et l’Italie ont proposé la candidature de la transhumance, déplacement saisonnier de troupeaux le long des routes migratoires en Méditerranée et dans les Alpes (n  01470) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La transhumance, déplacement saisonnier de bétail le long des routes migratoires en Méditerranée et dans les Alpes, est une forme de pastoralisme. Chaque année au printemps et en automne, des milliers d’animaux sont conduits par des gardiens de troupeaux, accompagnés de leurs chiens et de leurs chevaux, selon des itinéraires fixes, entre deux régions géographiques et climatiques, de l’aube au crépuscule. Dans de nombreux cas, les familles des gardiens de troupeaux se déplacent aussi avec le bétail. On distingue deux grands types de transhumance : la transhumance horizontale, dans les régions de plaines ou de plateaux ; et la transhumance verticale typique des régions montagneuses. La transhumance modèle les relations entre les hommes, les animaux et les écosystèmes. Elle implique des rituels et des pratiques sociales communes en matière de soin et d’élevage des animaux, de gestion des terres, des forêts et des ressources en eau, ainsi que de gestion des risques naturels. Les gardiens de troupeaux transhumants ont une connaissance approfondie de l’environnement, de l’équilibre écologique et du changement climatique, car la transhumance est l’une des méthodes d’élevage les plus efficaces et durables. Ils possèdent également des savoir-faire particuliers liés à toutes sortes d’artisanat et à la production alimentaire. Des festivités au printemps et en automne marquent le début et la fin de la transhumance, lorsque les détenteurs partagent de la nourriture, des rituels et des histoires et initient les jeunes générations à la pratique de l’élément. Des gardiens de troupeaux en chef transmettent leur savoir-faire spécifique aux jeunes générations à travers des activités quotidiennes, assurant la viabilité de la pratique.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 : La transhumance est au cœur de la vie d’un grand nombre de communautés pastorales en Autriche, en Grèce et en Italie. Depuis des siècles, elle façonne le mode de vie des gardiens de troupeaux et de leurs familles, contribuant à la vie sociale et aux festivités des communautés locales associées à cette tradition. L’élément fait partie intégrante des identités culturelles de ses praticiens et détenteurs, créant un lien fort avec leurs ancêtres et avec l’univers. Il renforce les liens entre les familles et les communautés, façonne les paysages et favorise la coopération axée sur l’inclusion sociale et la sécurité alimentaire. La transhumance contribue également à la préservation de la biodiversité et à l’utilisation durable des ressources naturelles.

R.2 : L’inscription de l’élément soulignerait l’importance des valeurs rurales et des expressions culturelles liées au pastoralisme, pratique que l’on retrouve dans toutes les régions du monde. Par conséquent, elle devrait contribuer à élargir la compréhension du patrimoine culturel immatériel dans un contexte rural et à identifier des expressions culturelles de ce type comme une manière durable de relever les défis posés par l’urbanisation rapide et la mondialisation, en établissant un lien important avec le développement durable. L’inscription de l’élément contribuerait également à mettre en lumière les interconnexions entre le patrimoine culturel immatériel et le patrimoine culturel matériel, en particulier celles liées à la terre et au territoire. Enfin, elle marquerait une étape importante en connectant les communautés locales aux niveaux national et transnational, et renforcerait leur travail et leurs efforts pour sauvegarder l’élément, en soulignant l’importance du travail d’équipe et de la collaboration créative.

R.3 : Les détenteurs, les praticiens et les communautés locales des trois États parties ont contribué à la sauvegarde de la transhumance en menant des actions de documentation, de transmission et de promotion aux niveaux local, national et international. En outre, chaque État partie soumissionnaire soutient la pratique par le biais des programmes nationaux de développement rural 2014-2020. Les mesures de sauvegarde proposées incluent, entre autres, la documentation, la recherche, les publications, les projets de transmission, les festivités, les mesures promotionnelles, les partenariats internationaux, les présentations et les expositions.  Celles-ci résultent d’un processus selon lequel, bien que chaque pays ait mis au point ses propres mécanismes de sauvegarde, leurs activités se recoupent et sont orientées vers des objectifs communs.

R.4 : L’initiative de déposer une candidature pour la transhumance a été lancée par des praticiens de l’élément en 2008. Depuis lors, les communautés, les détenteurs, les experts du patrimoine culturel immatériel et les représentants des autorités nationales concernées des trois États parties soumissionnaires ont pris part au processus de candidature en participant à plusieurs réunions. Au cours de ce processus, ils ont défini la portée et la nature de l’élément, et examiné les conséquences possibles de son inscription, afin de garantir le respect futur des coutumes et traditions associées à l’élément. Dans les trois États parties, les communautés locales et les gardiens de troupeaux ont activement participé à la définition des mesures de sauvegarde, assurant la vitalité de la pratique et la continuité des événements organisés périodiquement les années précédentes, ainsi que ceux prévus à l’avenir.

R.5 : L’élément est inclus dans l’Inventaire du patrimoine culturel autrichien en 2011, dans l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel grec en 2017, et sur le Registre des paysages ruraux historiques, des pratiques agricoles et des savoirs traditionnels de l’Italie en 2017. Tous les inventaires sont mis à jour régulièrement et gérés conformément aux exigences de la Convention.

  1. Décide d’inscrire la transhumance, déplacement saisonnier de troupeaux le long des routes migratoires en Méditerranée et dans les Alpes sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les États parties d’avoir préparé un dossier multinational de grande qualité, qui témoigne de la collaboration active entre les communautés pour la préparation de la candidature comme pour la sauvegarde de l’élément ;
  3. Félicite en outre les États parties d’avoir clairement indiqué la périodicité et les modalités de mise à jour de leurs inventaires ;
  4. Prend note du fait que la communauté des porteurs de la tradition en Espagne a demandé de se joindre à la candidature internationale sur la base du principe de coopération internationale, et encourage les États parties soumissionnaires à s’efforcer d’étendre la candidature à l’Espagne et tout autre État intéressé.

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