Décision du Comité intergouvernemental : 14.COM 10.b.16

Le Comité,

  1. Prend note que la République islamique d’Iran a proposé la candidature des savoir-faire traditionnels liés à la fabrication et à la pratique du dotâr (n  01492) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Les savoir-faire traditionnels liés à la fabrication et à la pratique du dotâr sont reconnus comme des composantes socioculturelles fondamentales de la musique populaire au sein des groupes ethniques et des communautés des régions concernées. Les détenteurs et les praticiens sont essentiellement des agriculteurs, les hommes étant artisans et musiciens et les femmes musiciennes. Le dotâr est un instrument de musique traditionnel à cordes pincées composé d’une caisse en forme de poire faite en bois de mûrier séché, d’un manche en bois d’abricotier ou de noyer et de deux cordes. D’après certaines croyances, l’une des cordes est mâle et sert d’accord tandis que l’autre est femelle et est utilisée pour jouer la mélodie principale. Le dotâr est joué lors d’événements socioculturels importants tels que les mariages, les fêtes, les célébrations et les cérémonies rituelles. Depuis quelques dizaines d’années il est aussi joué dans des festivals locaux, régionaux, nationaux et internationaux. Quand ils jouent, les musiciens racontent des récits épiques, historiques, lyriques, moraux et gnostiques qui constituent l’histoire, la fierté et l’identité de leur ethnie. Les savoir-faire traditionnels liés à la fabrication et à la pratique du dotâr sont transmis de manière informelle, de maître à élève. L’élément est aussi représenté dans la littérature orale et écrite qui renvoie à l’histoire et aux origines des détenteurs. Il favorise la coexistence pacifique, le respect mutuel et la compréhension entre les différentes communautés concernées et les pays voisins.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Liés à l’histoire locale, à l’art et à la littérature des régions concernées, les savoir-faire traditionnels liés à la fabrication et à la pratique du dotâr sont reconnus comme l’une des principales composantes de l’identité culturelle et sociale des régions où est joué cet instrument. Référence forte pour la mémoire collective, l’élément remplit des fonctions symboliques importantes dans les communautés concernées. Il est dynamique et inclusif par nature.

R.2 : L’inscription des savoir-faire traditionnels liés à la fabrication et à la pratique du dotâr contribuerait à la visibilité du patrimoine culturel immatériel aux niveaux local et national, et à sensibiliser davantage les groupes ethniques, les communautés et les individus. Elle favoriserait la sensibilisation au sein de la population iranienne, qui serait amenée à mieux apprécier la créativité de ses concitoyens. Ce serait un vecteur d’amitié, d’intimité, de paix, de joie et de dialogue entre les communautés, groupes et individus.

R.3 : La sauvegarde de l’élément est jusqu’à présent assurée principalement grâce à des mesures informelles, mais plusieurs institutions professionnelles ont été créées ces dernières années. Les mesures de sauvegarde proposées sont viables et concrètes. Elles incluent des travaux de documentation et de recherche, mais aussi des actions de promotion par le biais des médias, d’Internet et des festivals de musique. L’État partie soutiendra ces mesures de sauvegarde en mettant à disposition des fonds et des locaux, ainsi qu’en créant des organismes dédiés à la sauvegarde de l’élément.

R.4 : Des fabricants et des joueurs de dotâr, des chercheurs locaux et un grand nombre de détenteurs, praticiens, communautés et groupes ont activement participé aux différentes étapes de la préparation de la candidature. Ils ont fait part de leurs idées, de leurs expériences, de leurs préoccupations et de leurs suggestions, comme en témoignent les mesures de sauvegarde proposées.

R.5 : Les savoir-faire traditionnels liés à la fabrication et à la pratique du dotâr figurent à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la République islamique d’Iran depuis 2017. L’Organisation iranienne pour le tourisme, l’artisanat et le patrimoine est l’organisme responsable de la gestion et de la mise à jour de cet inventaire, avec la participation active des communautés locales, groupes et individus concernés.

  1. Décide d’inscrire les savoir-faire traditionnels liés à la fabrication et à la pratique du dotâr sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie pour son mécanisme de suivi et attend avec intérêt de lire les résultats de ce mécanisme dans son prochain rapport périodique.

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