En avril 2020, l’UNESCO a lancé une enquête en ligne et une plateforme Web pour permettre le partage et l’échange d’expériences sur le patrimoine vivant dans le contexte de la pandémie COVID-19. Cette initiative est en cours dans le cadre de la réponse de l’UNESCO à l’impact de la pandémie sur la culture.
Les intervenants invités ont contribué à l’enquête en partageant des expériences inspirantes sur le patrimoine vivant. Grâce à leurs témoignages, nous pourrons examiner de près les effets de la pandémie dans différents contextes, ainsi que les manières positives dont la nature dynamique et polyvalente du patrimoine vivant a aidé les communautés à répondre à la pandémie. Cette session, qui s’inscrit dans le cadre des débats de ResiliArt, visera également à favoriser un esprit d’échange et de dialogue entre les générations, les communautés et les cultures.
Expérience et intervenants
Aperçu de l’enquête (à fin août 2020): anglais|français|espagnol
Italie
Crémone, qui abrite « le savoir-faire traditionnel du violon à Crémone » (Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, 2012), a été fortement touchée par la pandémie COVID-19. Le confinement imposé par le gouvernement a entraîné la fermeture des ateliers et des laboratoires de luthiers, ainsi que de nombreuses institutions culturelles, et a donc affecté la durabilité sociale et économique de la pratique. En conséquence, la communauté a lancé plusieurs initiatives, qui ont été essentielles pour sensibiliser à l’importance de la lutherie traditionnelle pour l’identité de Crémone et à son rôle irremplaçable dans les pratiques et rituels sociaux et culturels de la ville.
Intervenant
Gianluca Galimberti
Gianluca Galimberti est titulaire d’un diplôme et d’un doctorat en physique. Il est Maire de la ville de Crémone depuis 2014 et a également enseigné la physique et des sujets connexes dans plusieurs universités en Italie.
Pendant son mandat, il s’est régulièrement engagé auprès de la communauté des luthiers de Crémone et a représenté leurs intérêts. Il a notamment participé à l’”Atelier sur les aspects économiques de la protection des indications géographiques au niveau de l’UE pour les produits non agricoles” (Bruxelles, 18 novembre 2019), où il a représenté les expériences et les points de vue de la communauté au niveau européen.
Virginia Villa
Virginia Villa (Côme, 1951) est diplômée en langues et littératures étrangères modernes de la faculté des sciences humaines et de philosophie de l’Università Cattolica del Sacro Cuore de Milan. En 1979, elle a commencé à travailler comme consultante organisationnelle en didactique musicale pour la ville de Milan. Elle a tour à tour organisé des expositions, des orchestres de jeunes, des saisons de concerts au théâtre lyrique de Milan et des saisons musicales au Piccolo Teatro de Milan et au Museo Teatrale alla Scala. De 1980 à 2013, elle a été coordinatrice didactique à la Civica Scuola di Liuteria de Milan. De 2005 à 2013, elle a dirigé la Fondazione Stradivari de Crémone (anciennement Ente Triennale degli Strumenti ad Arco), où elle a coordonné, entre autres, d’importantes expositions sur la lutherie historique et lancé le réseau international des “amis de Stradivari”, qui a permis d’exposer à Crémone dix violons historiques précieux provenant de collections privées qui n’étaient pas destinées auparavant à être exposés au grand public.
- Pour plus d’informations Le savoir-faire traditionnel du violon à Crémone, faire face à la crise
Mali
Au Mali, le patrimoine vivant des maçons qui entretiennent et sauvegardent le patrimoine architectural en terre de la mosquée de Djenné, a gravement été touchée par la pandémie. Les maçons sont réputés pour leurs connaissances et compétences spécialisées dans l’utilisation intensive et notable de la terre pour la construction et l’entretien de la mosquée, un bâtiment d’une valeur monumentale et religieuse pour les habitants de Djenné. En raison de la COVID 19, les maçons ont souffert de l’arrêt des travaux, de la perte des revenus, de l’interruption dans la transmission de leur riche patrimoine vivant aux générations futures. Cette perte ne peut être négligée en raison du rôle important des maçons dans de nombreux édifices monumentaux de Djenné. Un soutien est nécessaire afin de maintenir la confrérie des maçons et relancer leurs activités, qui jouent un rôle crucial dans le tissu social et culturel de Djenné.
Intervenant
Boubacar Kouroumassé
Boubacar Kouroumassé est né à Djenné en 1961 dans une famille de maçons et de tailleurs de pierre. Il a commencé sa carrière de maçon avec son père dès son plus jeune âge. Pour compléter sa formation, il a suivi son oncle dans la construction de mosquées en terre à l’extérieur du Mali. Avec plus de 31 ans d’expérience dans le domaine de la construction en terre, Boubacar est un membre clé de la confrérie des maçons de Djenné, le « Barey Ton », proclamé Trésor humain vivant en 2008.
Accompagné par
Moussa Moriba Diakité, Directeur de la mission culturelle du Cercle de Djenné, Région de Mopti-MALI
- Pour plus d’informations Connaissances et compétences traditionnelles des maçons pour maintenir l’architecture en terre
Palestine
De nombreux aspects du patrimoine vivant palestinien ont été touchés par la pandémie, depuis les mariages et les célébrations folkloriques aux coutumes et rituels associés à la mort, en passant par les célébrations religieuses et les pratiques rituelles collectives. En réponse à cette situation, certaines pratiques sociales et culturelles ont connu un regain d’intérêt, comme celles liées aux connaissances traditionnelles en matière d’agriculture et de soins de santé. Les formes traditionnelles d’entraide, notamment la distribution de nourriture, de légumes et d’assistance à différents niveaux, ont joué un rôle important pour renforcer la résilience et la solidarité des communautés. En outre, les contes traditionnels et les formes d’expression orale, telles que les blagues, les anecdotes et la satire, ont aidé les communautés s’exprimer sur leur situation actuelle et à faire face à la crise.
Intervenant
Hamza Aqrabawi
Hamza Aqrabawi est un chercheur en folklore populaire. Il écrit et publie des livres sur les traditions, les coutumes et les rituels, et dirige plusieurs initiatives axées sur la collecte et l’inventaire du patrimoine vivant. Il a également participé à trois ateliers de l’UNESCO concernant la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Il coordonne également l’équipe Hakaya-Palestine qui organise des événements et des festivals nationaux sur les contes et les histoires populaires ainsi que des ateliers de formation de nouveaux conteurs. Il est membre du conseil d’administration du Centre d’étude du patrimoine en Palestine, et a documenté de nombreux éléments du patrimoine culturel immatériel et des traditions orales pendant la pandémie COVID-19.
Fouad Muaddi
Après avoir obtenu son Master en planification et gestion des sites et zones d’équipements touristiques de l’université Montaigne-Bordeaux3 en France, Fuaad Maadi est aujourd’hui à la tête de la division du centre d’information touristique de la municipalité de Ramallah. La principale passion de Fouad est la collecte de contes populaires et d’histoires orales locales des communautés, ainsi que l’étude de la perception collective des événements historiques. Par son travail en Palestine, Fouad contribue à l’archivage de la tradition orale des
- Pour plus d’informations Impacts sur le patrimoine vivant en Palestine et réponse à la pandémie
Pérou
En réponse à la pandémie, Venuca Evanan, Violeta Quispe Yupari et sa mère Gaudencia Yupari - artistes autochtones de la région d’Ayacucho au Pérou - ont créé des masques constitués de motifs et de dessins traditionnels issus de leur patrimoine vivant. Les motifs, inspirés de l’art traditionnel sarhuino, représentent à la fois un symbole d’espoir et d’optimisme face à la crise et un moyen de promouvoir leur patrimoine et leur culture au Pérou et à l’étranger. Les masques sont également une source de soutien financier aux familles sarhui, et la preuve de leur ingéniosité et de leur résilience face à la pandémie.
Intervenant
Venuca Evanan
Artiste et illustratrice, héritière des expressions artistiques de sa communauté. Au cours des dernières années, elle s’est consacrée à la promotion et à la transmission des connaissances traditionnelles du Sarhua, lors de divers ateliers organisés dans des institutions publiques et privées de Lima et de sa communauté.
Violeta Quispe Yupari
Héritière de l’art de ses parents, les artistes Juan Walberto Quispe Michue et Gaudencia Aquilina Yupari Quispe. Elle a grandi dans un quartier du district de Chorrillos, à Lima, où s’est installée une grande partie des familles de migrants de Sarhua - déplacées du fait des violences politiques - qui se consacrent à l’artisanat. Bien que ses créations, principalement des dessins et des peintures, se nourrissent de l’art traditionnel du Sarhua, elles se développent néanmoins dans son propre style contemporain qui la distingue. Avec sa mère, elles forment un couple qui tiennent chacune un rôle différent dans le processus créatif. Elles sont également les fondatrices du Taller VIGA (2019), pour promouvoir la culture traditionnelle et contemporaine qui va au-delà de l’art de Sarhua.
- Pour plus d’informations Masques intégrant des dessins et des symboles traditionnels pour promouvoir l’art Sarhua dans le contexte de la pandémie
Sri Lanka
Des praticiens du théâtre traditionnel de marionnettes à fils au Sri Lanka ont produit de courts vidéo clips pour sensibiliser le public à un comportement responsable afin de prévenir la propagation de la maladie. Des personnages traditionnels de théâtre de marionnettes et des personnages de la vie contemporaine ont été utilisés pour transmettre des messages sur la pandémie et renforcer les messages de santé publique. Bien que les drames de marionnettes à cordes soient traditionnellement joués dans des espaces sombres en utilisant des scènes spécialement conçues à cet effet, ces éditions se sont déroulés à la lumière du jour, créant ainsi un sentiment de réalisme pour transmettre le message au public.
Intervenants
Premin Gamwari
Premin Gamwari est né en 1946 dans une famille de marionnettistes à Ambalangoda, une ville côtière du sud du Sri Lanka qui abrite le théâtre traditionnel de marionnettes à fil au Sri Lanka. Il a reçu une éducation formelle jusqu’au premier cycle de l’enseignement secondaire et a rejoint son père, un éminent marionnettiste à l’époque, pour maîtriser cet art. Il a succédé à son père et a réorganisé la pratique en une « entreprise familiale » sous le nom de « Saranga Rukada Natya » devenue à présent populaire dans tout le pays. En tant que maître marionnettiste, il a occupé plusieurs postes dans des agences étatiques et provinciales pour promouvoir le théâtre traditionnel de marionnettes et a remporté de nombreux prix pour ses services rendus. En dehors du Sri Lanka, il s’est également produit en France, en Inde et en Thaïlande.
Nalin Gamwari
Nalin Gamwari est né en 1950 dans une famille de marionnettistes à fils traditionnels à Ambalangoda, une ville côtière du sud du Sri Lanka, où l’on pratique le théâtre traditionnel de marionnettes à fils. Après une scolarité de onze ans, il a commencé son apprentissage dans l’art du théâtre traditionnel de marionnettes à fils sous la tutelle de son père, qui était alors maître marionnettiste. Il a depuis repris la compagnie de théâtre de marionnettes de son père, connue sous le nom de « Sri Anura Rukada Sangamaya », qui est devenue très populaire. Nalin a remporté de nombreux prix d’État et autres récompenses pour l’excellence de son art et s’est produit lors de divers événements culturels internationaux organisés en Australie, en Iran, au Japon, au Pakistan, à Singapour, en Espagne, à Taïwan, en Thaïlande et au Royaume-Uni.
Accompagné par
Bilinda Dewage Nandadeva, Facilitateur de l’UNESCO
- Pour plus d’informations Communiquer sur COVID-19 par le biais d’un théâtre de marionnettes à fils traditionnel