Enquête sur les établissements de l’enseignement et la formation techniques et professionnels d’Asie centrale

Dates de mise en œuvre
01/07/2018 - 01/12/2018
Pays
Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan
Contact
UNESCO Almaty Cluster Office to Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan and Uzbekistan

Objectif

Documenter les programmes et les opportunités qui existent en matière de patrimoine culturel immatériel (PCI) dans les établissements de l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) de quatre pays d’Asie centrale.

Description

L’une des priorités dans le domaine du PCI pour 2018-2021 est « La sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dans l’éducation formelle et non formelle ». En réponse à cette priorité, la Région d’Asie centrale a commencé par réaliser une enquête pilote pour identifier les liens qui existent déjà et à quel(s) endroit(s) les opportunités de mise en réseau pourraient être davantage exploitées entre les programmes de l’EFTP, et ce de manière à renforcer la transmission du PCI.

Méthodologie

Un questionnaire a été élaboré sur la base d’une précédente étude réalisée dans la région Asie-Pacifique et envoyé à un échantillon aléatoire de 71 établissements de l’EFTP. Il existe environ 1400 établissements de ce type dans la région, parmi lesquels plus de 500 proposent des programmes qui sont en relation avec le PCI d’une manière ou d’une autre. Les programmes de l’EFTP étant centralisés dans chaque pays, les réponses soumises par les établissements sélectionnés offrent un aperçu de l’état général de l’intégration du PCI dans les programmes de l’EFTP à travers la région. Quarante-neuf enquêtes ont été rendues et analysées avec les résultats d’entretiens qualitatifs et d’une enquête documentaire sur les programmes scolaires nationaux, ainsi que des descriptions de cours en ligne et des rapports de coordinateurs nationaux. Les programmes des établissements ont été évalués en fonction de l’accent qu’ils mettent sur le PCI à l’heure actuelle (à l’aide d’une échelle ordinale classée comme suit : « exclusivement axé sur le PCI », « tout à fait pertinent » et « moyennement pertinent ») ainsi que de leur intérêt pour l’élaboration de futurs programmes relatifs au PCI.

Conclusions

Dans chaque pays, les établissements de l’EFTP proposent une variété de programmes centrés sur des compétences spécifiques du PCI, en particulier dans les domaines des savoirs, de l’artisanat et des arts de la scène traditionnels. En général, les élèves acquièrent une expérience pratique directement auprès des praticiens dans leurs programmes de l’EFTP relatifs au PCI. Toutefois, aucun des programmes de ces établissements ne reflète une conceptualisation du PCI conforme à la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ce qui laisse entrevoir un besoin de renforcer les capacités des responsables de l’élaboration des programmes scolaires et des éducateurs.

De plus, le PCI est intégré dans les établissements de l’EFTP de manières différentes dans les quatre pays participants. À titre d’exemple, tous les élèves des collèges du Kazakhstan étudient « La littérature populaire orale » dans le cadre de leur éducation générale. Une école de l’enseignement secondaire du Kirghizistan propose des cours de réadaptation aux élèves atteints de déficiences visuelles ou auditives, ce qui offre une occasion d’intégrer une éducation inclusive en rapport avec le PCI dans les programmes scolaires. Dans le même temps, les établissements de l’enseignement et la formation techniques et professionnels d’Ouzbékistan ont bénéficié d’une série de subventions de l’État octroyées depuis 2014 pour intégrer la sauvegarde du PCI dans l’éducation. Par exemple, l’Institut national pour la culture de Tachkent propose déjà onze spécialisations en relation avec le PCI et en développe actuellement dix de plus. Les programmes proposés au Tadjikistan comprennent des enseignements de courte durée sur l’artisanat en lien avec le PCI, des formations de longue durée sur des types d’artisanat rares ou très demandés, et même un programme de cordonnerie dans une école accueillant des personnes en situation de handicap.

Les résultats de l’enquête ont façonné un ensemble de recommandations formulées à l’intention des établissements publics, civils et éducatifs. En particulier, les conclusions de l’enquête ont décelé des obstacles tels qu’un déficit de représentation des cultures des minorités ethniques dans les programmes relatifs au PCI, une absence de prise de conscience du discours international et des ressources liées au PCI et la primauté donnée aux compétences assurant une employabilité sur le marché du travail actuel, autant d’éléments qui sont de nature à exacerber les effets néfastes liés à la commercialisation du PCI. Les acteurs directs sont encouragés à tirer profit de l’intérêt unanime que suscite le développement de programmes en relation avec le PCI parmi les établissements de l’EFTP. L’accent est mis sur l’importance de la conception de réseaux nationaux et régionaux de partage des compétences, des expériences et des savoirs en rapport avec le PCI et de soutien à la mise au point d’instruments et de ressources pédagogiques afin que les établissements de l’EFTP de toute la région puissent en bénéficier.

Réalisations

  • Analyse d’une enquête pilote réalisée auprès des établissements de l’EFTP de quatre pays.

Témoignage

Spécialiste : Aijarkyn Kojobekova

Rôle dans le projet

Le Dr Kojobekova est professeure associée à l’Université américaine d’Asie centrale, au sein du département de sociologie, et travaille sur les thèmes du nationalisme et des études de la mémoire, ainsi que sur le PCI et l’éducation. Elle a assumé la fonction de coordinatrice principale de l’enquête sur les établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels en Asie centrale pour l’UNESCO et était chargée d’élaborer le questionnaire du projet, d’analyser les données soumises par les coordinateurs nationaux du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan, et de rédiger le rapport final.

Les éducateurs sont-ils libres d’intégrer le PCI dans les programmes des établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels ?

« En général, toutes les sections et tous les niveaux de l’éducation sont cadrés par des programmes d’enseignement dédiés, et la majorité de ces programmes sont arrêtés et généralement approuvés par le ministre de l’éducation parce qu’ils développent des normes éducatives, et toutes ces choses sont fixes. Mais toute une partie de ce programme est libre et permet aux enseignants et à l’administration de décider de leurs cours ou des sujets à aborder. Il existe donc une certaine forme de liberté pour les enseignants et l’administration. Mais pas autant que ce que nous aimerions. Dans mon idéal, tous les établissements devraient avoir leur autonomie. Ils devraient être en mesure de se faire concurrence librement, en créant leurs propres programmes d’enseignement… Mais ce n’est pas le cas. Donc, les enseignants des écoles primaires, par exemple, peuvent intégrer certains sujets liés au PCI dans un parcours extrascolaire, ou alors ils en parlent dans certaines matières mais cela reste un sujet à part. Certaines écoles essaient de l’intégrer, mais elles restent peu nombreuses, parce qu’elles n’ont pas forcément les ressources financières et techniques. Cela dépend donc de la capacité de l’institution elle-même. Il existe donc une certaine liberté, qui peut être exploitée. »

À partir de ce qui a déjà été fait, quelles étaient les possibilités d’intégrer le PCI dans les établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels ?

« Je pense que pour les établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels, il est plus facile d’intégrer le PCI que pour d’autres établissements d’enseignement formel. Certains de ces établissements le font déjà. Ils proposent quelques spécialités ou des options qui sont dans un certain sens plus ou moins liées au PCI. Nous constatons que certains établissements intègrent purement et simplement le PCI, que certains proposent quelques spécialités aux étudiants, et que d’autres proposent des spécialités qui ne sont pas directement liées au PCI mais qui ont quand même un lien indirect. Nous pouvons donc affirmer qu’en général, les établissements que nous avons interrogés comprennent qu’ils peuvent utiliser ces technologies et compétences issues du patrimoine culturel pour les faire entrer sur le marché du travail, car les établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels sont pleinement intégrés au marché du travail…. Ils comprennent parfaitement qu’ils peuvent tirer parti des connaissances et des compétences dont ils disposent et ils s’efforcent de le faire autant que possible et de manière aussi efficace et efficiente que possible. »

« Certains de ces établissements connaissent plus de réussite parce qu’ils ont de bons liens avec les communautés locales. Par exemple, ils peuvent inviter des praticiens à dispenser des cours ou des formations, et ils proposent des stages pour les étudiants qui peuvent aller sur le terrain et travailler avec ces praticiens. Ce n’est pas une pratique très répandue, mais certains établissement appliquent ce type de méthode. »

Pour en savoir plus, téléchargez le témoignage complet du Dr Aijarkyn Kojobekova:



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